Toutes les critiques de Frankie

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sophie Grassin

    Tourné en trois ans et en DV, Frankie, qui flirte avec le documentaire mais aussi le non-jeu, cerne les moeurs barbares de la mode (le corps) et s'interroge sur les divagations de l'esprit: qui, des photographes sadiques ou des pensionnaires de la Chesnaie, est le plus en proie à la folie? Malgré des séquences impressionnistes parfois décousues, Diane Kruger, plus que vaillante, et Fabienne Berthaud, pour qui c'est une première, tirent avec une sensibilité certaine, ce chaos vers la lumière.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Frankie, jeune mannequin allemande émigrée à Paris, en a assez de n'être qu'une image dépouillée de parole. Fragile, la jeune-femme craque. La beauté, la folie, le corps, la tête, l'humanité... Frankie questionne une thématique actuelle en allant au fond de son personnage. Un attachant docu-fiction aux accents poétiques...
    Au centre du cadre, une jeune femme mince, dénudée, posée là comme un objet. Les yeux ourlés de noir, la coiffure sophistiquée, une perruque peut-être, la tenue minimale, nous jettent leur sexytude à la figure. Les flashs se déclenchent, le photographe grogne, fort accent aussi snob qu'allemand. La fille n'existe pas. Vague morceau de chair, à peine humaine, pour tous autour, elle n'est que belle. Au coeur du cadre, la même jeune femme, sans fard, prostrée. Cernes, teint pâle, regard perdu, cheveux battus. Autour, des fous. Sa carrière de mannequin est finie. Sa carrière l'a finie : elle n'est plus que belle, elle n'est plus qu'elle. Frankie.Être ou paraître
    L'apparence contre le reste. C'est un peu ça, Frankie. Un jeu d'oppositions, à l'écran comme dans le thème, jusqu'au fond même du personnage. En forme de docu-fiction, à la lisère du réel, le film est souvent tourné à l'épaule et en numérique, vite, lumière naturelle et équipe réduite. Aux comédiens se mêlent des non-acteurs, le scénario initial s'enrichit d'improvisations dirigées, toute une partie est tournée dans une véritable clinique psychiatrique avec le personnel et les patients du lieu. Mais si cette pâte documentaire est assise solidement, Frankie laisse échapper aussi des scènes peaufinées : séquence de shooting hors du monde, là où les valeurs sont renversées, écrasées même. Passages où les couleurs saturent, où l'image prend du grain, donnant à Paris des airs new-yorkais. Très esthétiques plans de Diane Kruger en habit d'ange rose, qui perd une chaussure, se perd tout court dans une rue gorgée de soleil, perd une plume dans un jardin... La photo est souvent magnifique et la réalité documentaire se paye ainsi le luxe de la poésie, avec en prime une bande originale qui appose sa marque grungy, voix cassée et mélodies douces, rêve, tristesse et espoir mêlés.Cinéma découverte
    L'intime et l'introspection, portés par le personnage de Frankie, s'équilibrent par un propos général plus distancié. C'est la distance documentaire, d'abord, celle de l'auteur aussi. Pensé, écrit, le film porte un regard objectif sur l'histoire qu'il raconte. Le milieu de la mode est montré sans paillettes ni caricature : pas de concession, mais pas de pathos. On voit de l'intérieur que le « mannequinat » peut être précaire et le secteur cruel, sans cliché abusif. Le film, sans doute, gagne à se concentrer sur son personnage sans en dévier. Dans le rôle, Diane Kruger est solide. La jeune actrice, découverte dans Mon Idole (Guillaume Canet, 2002) et montée en flèche depuis, se révèle à fleur de peau. Elle livre ici une interprétation sensible, souvent poignante.Petit budget, petits moyens, petite équipe. Il aura fallu trois années de tournage pour que Frankie voie le jour. Belle persistance ! Et jolie réussite, car cet étalement n'a pas pesé sur la cohérence à l'écran. MK2 ne s'y est pas trompé. Le film sort sous le label « Cinéma Découverte » lancé récemment par le distributeur. Il regroupe une nouvelle collection de films d'auteurs, sélectionnés dans les festivals internationaux, et invite à découvrir des talents encore peu connus. Invitation tenue avec Frankie dont la découverte vaut, vraiment, le détour.P.S. : Le label « cinéma découverte » permettra de voir le film pour 3,00 euros, à toutes les séances, le vendredi 3 mars 2006, histoire de lui donner un coup de pouce.Frankie
    Un film de Fabienne Berthaud
    Durée : 1h30
    Avec : Diane Kruger, Jeannick Gravelines, Brigitte Catillon, Christian Wiggert, Jay Alexander, Gérald Marie, Jean-Louis Place
    Sortie en salles - France : 1er mars 2006[Illustrations : © MK2 Diffusion]
    Sur Fluctuat :
    Pour les fans de Diane Kruger (il commence à y en avoir), notre critique de Troie de Wolfgang Petersen et Benjamin Gates et le trésor des templiers : où la belle fourbissait déjà ses armes.Sur le web :
    - Le site officiel du film