Ecoute le temps

Légèrement teinté de surnaturel et filmé en lumière très crue, Ecoute le temps insuffle un certain malaise. Très dérangeante, cette maison presque vivante qui livre ses secrets souffre et se noue de plus en plus autour de l'héroïne. Effet réussi. En revanche, très vite, les fils de l'histoire s'emmêlent et les acteurs caricaturent leurs rôles tant dans a béatitude que dans le désespoir. Idem pour la galerie de personnages du village, pourtant inquiétants, mais qui sombrent eux aussi dans l'excès. A part Emilie Dequenne, qui, elle, irradie.

Drôle de premier film au scénario de polar fantastique, signé d’une réalisatrice d’origine lituanienne. Mise en scène inventive, avec une caméra très mobile. L’entêtée Charlotte, habitée avec force par Emilie Dequenne, tend des cordes à travers la maison pour dater les scènes qu’elle entend, et mener ainsi son enquête : on la voit dans cet écheveau, à la fois tisseuse de toile et animal pris au piège. Curieusement, ça marche. Le côté mystico-surnaturel, qui laisse d’abord sceptique, est finalement rendu crédible par une atmosphère originale et une intrigue prenante.

Une fois que l'on a accepté que les murs n'ont pas seulement des oreilles, mais aussi des bouches pour parler aux instruments électroniques, on se laisse séduire par ce thriller fantastique et intimiste qui explore, à travers le deuil, les relations mère/fille. "Ecoute le temps" est un joli petit film à voir tout ouïe.

On se trouve quelque part dans une province indéterminée, et quelque chose de chabrolien émane de cette entrée en matière.
Il n'en sera rien cependant. Bifurquant vers le fantastique, le film confie au personnage de Charlotte le soin de mener l'enquête par des voies étranges, son appareil de prise de son enregistrant, dans la maison du meurtre, des dialogues venus du passé qui lui permettent de reconstituer l'assassinat. Cette trouvaille, tout de même un peu mince, justifie une tranquille série de retours en arrière qui livreront la clé du mystère.