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Get on up : l'exorcisme de Mick Jagger ?

Et si, au-delà de son académisme, Get on Up, le biopic de James Brown, avait fait office d’exorcisme pour Mick Jagger, son producteur ? Explications.Un fin connaisseur de Mick Jagger– était-ce Keith Richards ou Philippe Manœuvre ? – a un jour expliqué que la qualité suprême du chanteur des Rolling Stones était d’aller chercher le public, de chanter pour tous les spectateurs sans exception, y compris pour le péquin assis au fond d’un stade de 80 000 places. Aller chercher le public, c’est exactement ce qu’il a fait en septembre dernier quand il a débarqué en Europe pour assurer la promo de sa production Get on Up, biopic de James Brown qui venait de se planter en salles aux États-Unis. Qu’est-ce qui lui tenait tant à cœur pour qu’il mouille ainsi le maillot comme une starlette débutante sur le tapis rouge du festival de Deauville ou dans des junkets chronométrés ? L’envie dévorante de saluer la mémoire du Godfather of Soul ? La volonté de prouver qu’il a les épaules pour être un grand producteur (il prépare une série télé avec Martin Scorsese), à défaut d’avoir réussi sa carrière d’acteur ? Sans doute un peu de tout ça. Mais l’essentiel pour lui était surtout de revenir à ce jour d’octobre 1964 où il a croisé le fer avec James Brown en personne.Move like JaggerLa scène se passe à Santa Monica, Californie, lors du tournage du T.A.M.I Show, un film musical destiné à la jeunesse américaine. Toutes les stars sont là : les Supremes, Marvin Gaye, les Beach Boys... James Brown, lui, manque de s’étouffer quand il apprend qu’il doit jouer en première partie de ces blancs-becs anglais de Rolling Stones. Vexé, il va livrer la performance la plus époustouflante de sa carrière. Le public devient dingue. En coulisses, Jagger, livide, prend des notes. Les historiens du rock s’accordent aujourd’hui à dire que son jeu de scène ne sera plus jamais le même après ça, le Jag décidant alors de faire sa mue et d’accomplir son destin de performeur extraterrestre. La scène est dans Get on Up, conforme à la légende, comme si le chanteur n’avait accompagné la gestation du film que pour revivre ce moment fondateur. Il en parle d’ailleurs en long, en large et en travers dans Mr. Dynamite – The Rise of James Brown, un documentaire qu’il a produit en 2014 pour HBO en parallèle de Get on Up. Comme quoi, ça l’obsède vraiment. "Ce jour-là, Brown nous a mis une raclée", explique-t-il en substance. Beau joueur avec ça.Frédéric FoubertL'histoire du film de Tate Taylor rediffusé ce lundi soir à 22h20 sur Canal + Cinéma :Né dans une grande pauvreté en Caroline du Sud, au beau milieu de la grande dépression, en 1933, James Brown a survécu à une jeunesse émaillée d’abandon, d’abus sexuel, d’écoles de redressement et de prison. Personne ne lui a jamais appris les règles du jeu. Il était destiné à les briser. De son expérience de boxeur amateur ou de chanteur de rue, il a su canaliser chaque coup dur en un rythme qui se fit l’écho de sa rage de vivre. La bande annonce du film :