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Green Room est une sorte de survival anxiogène dans lequel une bande de punks inoffensifs tentent d’échapper aux griffes de dangereux néo-nazis au fin-fond d’un rade paumée. Une bagarre vieille comme les Sex Pistols et peut-être aussi LE film punk destroy et décomplexé qu’on n’attendait plus. Voici une sélection de 5 films pour survivre à la bagarre orchestrée par Jeremy Saulnier.

Sous ses airs de thriller clostro, Green Room est également un Rock Movie non-avoué et un rendez-vous manqué avec la contre-culture. Moins décalé que Spinal Tap ou Wayne’s World, Green Room prend le temps de mettre en scène avec amour le quotidien d’un groupe de punk-rock plus vrai que nature, entre concerts foireux et interviews de fans. Ça sent le vécu, la loose, et c’est normal puisque Jeremy Saulnier a lui-même officié dans un groupe punk avant de toucher une caméra. En fait, on n’avait pas partagé un tel degré d’intimité avec un groupe depuis Control d’Anton Corbijn :oeuvre froide et mélancolique qui retraçait les grandes heures de Joy Division et la vie privée de son leader, Ian Curtis.

C’est vrai, la figure du Skinhead violent a été maintes fois exploitée au cinéma. De Romper Stomper et Un Français, on finirait par se persuader que les boneheads sont partout autour de nous. Mais parce qu’il n’y a pas qu’American History X dans la vie, les amateurs de sensations fortes devraient se jeter sans hésiter sur Made in Britain, le bourre-pif keupon signé Alan Clarke. Le réalisateur britannique grand amateur de sujets trashs qui a signé Elephant et Scum.
Dans Made in Britain, donc, on suit le parcours de Trevor, un skinhead de 16 ans tellement hargneux qu’il s’est fait tatouer une croix gammée sur le front. Tim Roth, tout jeunot, tout facho, y est méconnaissable tandis qu'Alan Clarke semble avoir capté toute l’agressivité british des années 80 avec sa mise en scène crue et radicale, aussi simple et efficace qu’un bon riff des Sex Pistols. Si American History X et Un Français lui doivent beaucoup, nul doute que Green Room lui a également emprunté un peu de son énergie.

Ce n’est pas parce qu’on a des bretelles et le crâne rasé qu’on est forcément néo-nazi. Le film This is England en témoigne et rend hommage au versant tolérant plus méconnu du mouvement Skinhead. On y suit la rencontre de Shaun (un petit anglais rejeté par ses camarades) avec une bande de skins amateurs de Reggea et de Doc Martens. Mais si ces gentils voyoux à bretelles vont l’initier aux musiques jamaïquaines dans la plus la franche camaraderie, l’arrivée d’un charismatique néo-nazi au sein de la bande va faire trotter d’étranges idées dans la tête du jeune garçon.
Plus keupon que Skin, Jeremy Saulnier a lui-même croisé des nazis pendant sa carrière musicale, il semble d'ailleurs avoir un compte à régler avec eux : «Quand je jouais du rock punk dans les années 90, on voyait des quantités de nazis. J’étais très étonné de la tolérance dont ils bénéficiaient quand ils se promenaient dans la rue avec leurs croix gammées et leurs tatouages.»

Rejeton d’un cinéma sauvage et mal-élevé, Jeremy Saulnier a puisé son inspiration dans bon nombre de films cultes des années 70. Plus clostro que Délivrance, moins délirant qu’Orange Mécanique et surtout plus implacable qu’une meute de cabots enragés, les Chiens de Paille est le modèle absolu de Green Room.
Dans ce proto survival-movie qu’on ne présente plus, on suit le calvaire de Dustin Hoffman et Susan Georges, assiégés dans leurs propre maison par une bande d’anglais fous-furieux. Non-violents de nature, le couple va devoir jouer le jeu de ses agresseurs pour survivre. L’ambiance pesante, la situation désespérée et les aboiements traumatisants des Chiens de Paille entrent en résonance directe avec les larsens de Green Room, de l’aveu même de Jeremy Saulnier  "Les chiens de paille était une influence bien plus que n’importe quel film d’horreur. Il est ancré dans la réalité. Une réalité crue et brutale."

Deuxième film de Jeremy Saulnier, c’est Blue Ruin qui a lancé la carrière du jeune cinéaste et qui en a fait le chouchou des critiques. Projeté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2013, cette histoire de vengeance hirsute et arty partage avec Green Room son mélange d’humour très macabre et sa violence implacable. On regrette jusque que Jeremy Saulnier ait davantage soigné la forme et la photographie de ce thriller que son scénario (sans grandes surprises). Qu’importe, le réalisateur a montré ce dont il était capable avec une caméra. Fargo et No Country For Old Men ont tracé le chemin de sa route sanglante. "J'aspire à être à moitié aussi bon que les frères Coen. Ou peut-être aussi bon que l'un d'eux ? Je ne sais pas si je veux être Joel ou Ethan ceci dit." A déclaré le réalisateur à nos confrères d’Allociné.

Pour la sortie de Green Room, voici une petite sélection de films avec des punks, des néo-nazis et du suspens.

Jeremy Saulnier, réalisateur de Green Room : "Je veux voir des gens réalistes au cinéma"