L'ordre des médecins illustration
Pyramide Films

Pour son premier long, David Roux signe un récit intime bouleversant sans jamais verser dans le chantage affectif. Une réussite.

Thomas Lilti n’a donc pas préempté toutes les explorations du monde de la médecine au cinéma. C’est aussi ce terrain qu’a choisi David Roux pour son premier long. Un sujet qu’il connaît lui aussi très bien, non comme docteur mais parce qu’il vient d’une famille de médecins, entre des parents chefs de service et un frère pneumologue. Cet Ordre des médecins est un peu le leur puisqu’inspiré de ce que la famille a vécu lors de la mort de la mère du réalisateur. Il y explore la frontière plus ténue que jamais entre le professionnel et l’intime pour un praticien dès lors qu’un proche vit ses dernières heures. Comment garder la distance indispensable pour annoncer des nouvelles tragiques à ses patients ? Comment répondre aux attentes de sa famille qui voit en vous l’homme par qui le miracle est possible ? Cette dualité professionnel/intime constitue le cœur de cette première réalisation où David Roux a conscience que toute histoire vécue, aussi bouleversante soit-elle, ne suffit pas à faire un film ; que raconter l’histoire de ce pneumologue voyant ses certitudes voler en éclat par l’arrivée de sa mère quasi condamnée dans un service voisin ne va pas forcément toucher les autres. Son talent consiste à ne jamais prendre le spectateur en otage de ses propres émotions avec une dignité que l’on retrouve dans l’interprétation de ceux qu’il a réunis devant sa caméra, du premier rôle (Jérémie Renier) aux seconds (Zita Hanrot, Maud Wyler, Marthe Keller...). Leur puissance tranquille symbolise la maîtrise du cinéaste dans cette première œuvre éloignée de tout chantage affectif.

L'ordre des médecins, en salles le 23 janvier 2019


A lire aussi sur Première