Toutes les critiques de Watchmen, les gardiens

Les critiques de Première

  1. Première
    par Julien Welter

    Malgré tout le mal qu’on va finir par en dire, Watchmen est un long-métrage passionnant. L’enquête d’un groupe de super-héros sur l’assassinat de l’un d’entre eux charrie une violence, une réflexion sur le monde et des personnages rarement vus au cinéma. Normal, Zack Snyder a su conserver l’essentiel de la bédé d’Alan Moore tout en trouvant un style moins toc que dans 300. Le résultat est une grosse claque. Maintenant, « le mal qu’on va finir par en dire » : Peut-on vraiment se vanter d’une adaptation fidèle lorsqu’on subvertit la vision d’un anarchiste par ses obsessions religieuses de républicain catholique ? En changeant la fin, Snyder perverti le message de Moore, joue encore avec le feu de ses opinions politiques et fait comme si de rien n’était. C’est enrageant mais en ces temps de politiquement correct écoeurant, c’est plutôt sain.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Une Amérique réac voire facho ? Zack Snyder y va fort. Le provocateur prend le risque d'employer les arguments de ceux qu'il tend à dénoncer. Mais sa critique de l'establishment n'en demeure que plus éclairée et virulente. Fidèle à l'oeuvre visionnaire de Gibbons et Moore, le metteur en scène lui rend justice grâce au charisme des acteurs principaux, à l'incroyable fluidité de la narration, à un humour très noir et à une bande originale perpétuellement en décalage. Passionnant.

  2. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    La réussite du film tient en grande partie à son extrême fidélité à une bande dessinée qui ne cadre pas avec les canons hollywoodiens. Les deux exemples les plus flagrants tiennent à la déroutante complexité narrative et à l'ambiguïté morale de cet univers.

  3. Télérama
    par Aurélien Ferenczi

    Quasiment construit comme un film à sketchs, le récit passe d'un personnage à l'autre, et certains intéressent plus que d'autres (...). Les superhéros sont-ils des bons coups ? Sont-ils de droite ou de gauche ? Réduisant les scènes d'action au minimum, ce drôle de blockbuster syncrétique ne manque pas d'étrangeté.

  4. Télé 7 jours
    par Uriell Ceillier

    Conservant le côté subversif de la BD, il [Snyder] dézingue le mythe du superhéros à l'heure où ces messieurs caracolent au box-office.

  5. Fluctuat

    Attendu au tournant ou comme le messie, Watchmen débarque. Que reste-t-il de l'oeuvre culte d'Alan Moore et David Gibbons selon Zack Snyder ? Des compromis, quelques visions sidérantes, et globalement un relatif sentiment d'échec. Tristesse.L'exercice relevait du défi : adapter Watchmen, chef d'oeuvre d'Alan Moore et David Gibbons, pierre angulaire du roman graphique. La tâche était ardue, les risques nombreux. Réputé inadaptable, Watchmen a d'ailleurs longtemps dormi dans les tiroirs d'Hollywood. Pourquoi ? A ceux qui n'ont pas eu entre les mains cette oeuvre monstre, il faut rappeler sa forme et son contenu. Construit comme un grand puzzle post-moderne, Watchmen impressionne par sa densité, sa richesse et son ambition. En plein milieu des années 80, quand la Russie entre en Afghanistan, lorsque le spectre de la guerre froide ressurgit de plus belle, et que Reagan dévoile son projet Star Wars, Moore réveille alors la paranoïa apocalyptique, l'avènement probable d'une guerre atomique. Le contexte est délétère, phobique, angoissant, on peut craindre encore la fin du monde. Dans ce climat politique explosif où se (re)-joue la survie de l'humanité, Watchmen introduit une relecture de l'Histoire du XXe siècle corrigée par l'apparition des super héros. Que Moore déconstruit en ajoutant une dimension réflexive autour des principes et valeurs qui d'habitude les définissent : il donne une réalité aux héros masqués en interrogeant leur place dans la société et par rapport à l'histoire de la BD. Lire aussi Le dossier Alan MooreA ces questionnements politiques, mythologiques, culturels, théoriques, Watchmen ajoute une dimension philosophique, articulée autour d'un groupe de super héros dont Moore explore la psychologie, le passé, l'histoire, et autres liens qui les unissent ou désunissent au moment où ils sont victimes d'un mystérieux complot. Afin de donner une cohérence chaotique à cet ensemble, l'auteur optait pour un récit éclaté où les temporalités se croisent, se chevauchent, se mélangent, avec un procédé d'énonciation multiple à la fois complexe et limpide allant jusqu'à insérer une fiction parallèle. Au scénario et aux planches de Gibbons s'additionnaient des pavés de texte : faux extraits de journaux creusant l'histoire des personnages, faux rapports, tout un assortiment donnant d'amples détails sur le contexte ou pour prolonger la réflexion globale. L'ensemble constituant un objet vertigineux, chargé, non sans faiblesses ni prétentions, mais excusé par l'ampleur sidérante du projet. La dernière page tournée, à l'idée d'un film, on est alors aussi excité que craintif, découragé. Mais pas Zack Snyder, qui après s'être attaqué à l'autre légende du roman graphique, Frank Miller pour 300, a relevé ses manches et s'est lancé dans cette aventure périlleuse : adapter Watchmen au cinéma. Soit. Pour arriver au film, il fallait repasser par son matériau d'origine, évoquer sur quoi il repose et à quel moment il se situait. La raison est simple : Watchmen le film est un abrégé, une découpe à la tranche de Moore et Gibbons. Snyder était forcé d'abandonner des descriptions, des personnages, des situations, rendre ce qui était dense encore plus compact, donner du sens avec le minimum, fluidifier. Et inutile d'envisager une réactualisation de l'intrigue, elle suit les événements du roman graphique : même époque, mêmes problèmes. Pas forcément une bonne idée car on a désormais du mal à craindre, et à croire, cette apocalypse old school. Snyder, en lecteur fidèle, opère donc moins un travail d'adaptation que de transposition. Se contentant de retirer ce qui ne serait pas nécessaire au nerf de l'intrigue, tout en conservant des pans entiers de dialogue, voire des cases cadrées à l'identique. Ce qui dérangera le non lecteur et perturbera les autres, sceptiques devant un tel remontage, tient alors à l'absence de vision d'ensemble, d'unité. Le scénario avance heurté, limite confus par trop de passages décisifs mis à la trappe ou d'ellipses. Etrange sensation pourtant d'avoir sous les yeux l'essentiel (les bases sont là), mais que l'assemblage tourne avec difficulté : les personnages sembleront bizarrement survolés et l'articulation du récit laborieuse, malgré la volonté de rendre plus lisible la structure du roman graphique dont le film reste proche.On regrette alors qu'après un générique bluffant et admirablement synthétique, Watchmen s'enlise un peu dans un grand cut-up fidèle, mais sans distance ni consistance. Snyder a raison de couper, ramasser, évacuer. La gêne vient de cette crainte à récrire plus profondément le script de Moore : garder son univers, ses idées, mais en les adaptant au cinéma, donc en opérant une trahison pour mieux les révéler. Car la pertinence politique et la dimension philosophique en prennent un coup, tandis que la vision dépressive, apocalyptique, cette violence contaminant progressivement le récit, disparaissent dangereusement hors champ - jusque dans un final un brin torpillé et remanié. Il faut pourtant reconnaître que Snyder démontre une maîtrise exemplaire du cadre et des effets. Esthétiquement son Watchmen est parfois soufflant : ralentis troués d'accélération, multiple plasticité des corps, magie digitale de voir s'animer certaines cases de la BD, le travail de composition est solide, sans l'exubérance décomplexée et intrigante de 300. Mais si le style séduit encore, demeure ce problème de rythme, de construction, de regard : Snyder est à la fois trop proche et éloigné de Moore et Gibbons, son film est un compromis. Il veut compenser l'amaigrissement littéraire en misant sur le spectaculaire, mais cela ne suffit pas à créer l'illusion d'un monde au bord de l'abîme. Ce qui est peut-être aussi, et avant tout, une faiblesse de mise en scène.Watchmen - Les gardiensDe Zack SnyderAvec : Malin Akerman, Patrick Wilson, Jackie Earl HaleySortie en salles le 04 mars 2009Illus. © Paramount Pictures France - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils adaptation, super héros, blockbuster sur le blog cinéma - Zack Snyder sur Flu : lire les critiques de L'Armée des morts (2004), 300 (2007)- Le dossier Alan Moore- Les super héros au cinéma- Archives : un dossier Comics au cinéma