Toutes les critiques de Un secret

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eve Gimenez

    Après la Seconde Guerre mondiale, un enfant unique issu d’une famille juive, découvre un lourd secret sur les évènements qui ont précédé sa naissance. Avec Un Secret, Claude Miller signe une adaptation exceptionnelle du roman éponyme de Philippe Grimbert. Le réalisateur ne commet à aucun moment l’écueil de traiter son sujet avec un pittoresque à outrance. L’originalité est au rendez-vous (scènes du passé en couleur et scènes du présent en noir et blanc) et la mise en scène efficace nous tient en haleine jusqu’au générique de fin. L’excellente performance des acteurs (Ludivine Sagnier, Julie Depardieu…) n’est pas non plus étrangère à la réussite du film. Un secret… poignant.

  2. Première
    par Olivier de Bruyn

    Il faut le reconnaître: le film, classique et rigoureux, paraît parfois manquer d'audace, notamment dans les alternances temporelles matérialisées sur l'écran par les passages du noir et blanc à la couleur. Miller a déjà été esthétiquement plus inventif. Soit. Mais la puissance émotionnelle du film, fruit de son ambition et de son exigence, est si rare dans le cinéma français à vocation populaire qu'il serait injuste de s'arrêter à ces quelques réserves formelles. Dans son genre, Un secret est un denrée rare. Et donc un film précieux.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Pierre Murat

    Claude Miller est un vrai doux, mais un faux tendre. Apparemment sages, ses films dissimulent souvent une insolence ­secrète. Une dérision amusée, à la Tchekhov, devant les étranges comportements humains. L'insolence, on la trouve, ici, dans un épilogue inattendu et féroce. Et la dérision, tout emmêlée de tendresse, dans la scène superbe où le père (au fait, quel est le maquilleur fou qui a ainsi vieilli Patrick Bruel ?), survivant de tant de morts, s'effondre, soudain, à cause de celle qu'il a involontairement provoquée. Les voies de nos chagrins sont impénétrables.

  2. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    (...) c'est là le sujet central d'Un secret, qui revient sur ce moment où, sans être niée, l'histoire de l'extermination des juifs a été refoulée à la périphérie de la mémoire, jusque dans certaines familles juives. Comme s'il redoutait d'être écrasé par la force tragique de cette idée, Claude Miller s'est prémuni contre les accidents en revenant à la fiction, cinématographique ou télévisuelle, que l'on produisait en France sur ce sujet il y a quarante ans. Cette frilosité a fait fuir toute vie de son film.

  3. Le JDD
    par Carlos Gomez

    Patrick Bruel tient son double rôle de mari-amant viril avec détermination. Sans fioritures. Peut-être son meilleur rôle depuis longtemps (...).Il est aussi le témoin privilégié d'un duel de femmes magnifique: Ludivine Sagnier contre Cécile de France. Leurs personnages évoluent et s'étoffent au fil du récit dans la dignité et le silence, atteignant dans certaines scènes des pics d'une intensité rare.

  4. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Au-delà du drame de la Shoah, le cinéaste nous raconte la petite histoire dans la grande, du point de vue de ce petit garçon solitaire qui a grandi juste après la guerre sur un non-dit enfoui au coeur de sa famille. Miller a pris le parti de faire toute la lumière sur l'histoire d'amour et de désir fou entre Tania et Maxime, celle qui va pousser dans l'ombre noire Hannah, troublande Ludivine Sagnier en jeune femme juive trahie.

  5. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Claude Miller adapte le poignant récit autobiographique du psychanalyste Philippe Grimbert (Goncourt des Lycéens 2004) et, fort de la complicité d'acteurs au talent sûr, compose avec soin une oeuvre sensible autour de la mémoire, collective et familiale. L'émotion, proche de celle offerte par le livre, nous étreint.

  6. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Claude Miller nous livre un beau film, pas un « Au revoir les enfants », mais un au revoir à un enfant à jamais perdu, comme onze mille autres. Reconstruire sur une tragédie, sur une mort, avoir une vie devant soi, car la vie comme le dit Chaplin dans « Limelight » est plus forte que la mort. « Un secret » c’est aujourd’hui et hier, l’Occupation et la collaboration, ces années qui donnaient des leçons à l’enfer. C’est aussi une famille et deux manières d’être juif en France. Il faut dire la belle interprétation de Patrick Bruel, qui depuis quelque temps acquiert une présence au cinéma : comme le disait Truffaut de certains comédiens, désormais la caméra l'aime. Il fallait un père pour interpréter cet homme meurtri pour toujours, il est magnifiquement le père de ce petit garçon disparu dans la nuit et le brouillard.

  7. Paris Match
    par Alain Spira

    En adaptant l'excellent roman de Philippe Grimbert, Claude Miller avait de quoi réaliser un de ces beaux films qui, à travers les destins particuliers, nous parlent de grandes tragédies collectives. Hélàs, Miller nous sert un médiocre téléfilm plombé par un casting de vedettes. Le film sonne faux et l'emploi de documents d'archives, insoutenables, accentue parfois l'artificialité.

  8. Fluctuat

    Expliquant quel enfant il a été à travers un long monologue intérieur, François revient sur la manière dont ses parents se sont connus. Juifs, ces derniers se sont rencontrés sous le régime vichyste, sur fond de rafles et de guerre.
    Stéréotypé et flottant, le Secret de Claude Miller passe à côté de son propos et ne parvient pas à imposer son utilité.
    « J'ai senti que l'adaptation du roman de Philippe Grimbert pouvait être l'occasion de rendre un hommage à ma famille », déclare Claude Miller à propos de son film. Assez peu engageante, cette phrase fait écho à l'étrange impression de flottement qu'on peut avoir à la vision de Un secret. Pourquoi un tel film ? On a du mal à trouver une réponse. On pourrait convoquer le fameux « devoir de mémoire » et ses nécessités que quelques actrices avancent pour justifier leur participation à ce projet. Après tout, ce long métrage se passe sur fond de rafle, de guerre et de camps de concentration. Il faut bien dire que cela a existé pourtant, maintenant que 60 ans ont passé, encore faut-il se remémorer l'Histoire et les histoires avec justesse. Car les chromos guettent et la patine menace à tout moment de cacher et d'embellir, de rendre d'emblée un plan trop évidemment cinématographique. D'ailleurs le réalisateur le sait et annonce même sa « peur du pittoresque ». « J'ai peur du maquillage, des accessoires d'époque, des ambiances. Ils ne doivent pas parasiter l'émotion et troubler le spectateur », souligne-t-il encore dans le dossier de presse. La peur n'empêche ni le danger, ni l'accident : la preuve.Les années 1940 ici représentées sont celles des magazines de déco. Les costumes, les accessoires sont trop parfaits pour qu'on y croie, manipulés par des acteurs qui récitent trop bien leurs textes. Trop sage, trop peu vivant, ce monde semble fonctionner en vase clos. Seule l'évocation du port de l'étoile jaune semble suffire à replacer les personnages dans le contexte historique. Ainsi on s'étonne qu'aucune alerte à la bombe, peu de nazis ou de collabos ne menacent réellement la vie des personnages. Sans doute comprendrait-on mieux alors les relations amoureuses au centre de ce film et la manière dont leur incarnation peut conduire au drame. Las, ramené à une simple histoire de couple et de jalousie, Un secret ressemble à une légère tragédie du divorce. Pourtant, derrière l'intrigue amoureuse, il y a une mort atroce. Dès lors, un sentiment de malaise surgit. Celui-ci se voit renforcé par une esthétique de la nostalgie, présente presque à chaque plan. Peut-on vraiment montrer les années 1940, celles de l'enfance du réalisateur, comme étant celles du fameux « c'était mieux avant ? ».
    Car c'est effectivement le sentiment qu'on peut avoir avec cette utilisation un peu lourde de la couleur et du noir et blanc. C'est d'ailleurs le geste de réalisation de ce film : toutes les séquences du temps présent sont en noir et blanc, montrées dans une sorte de gris métallique et froid. Les plans du passé sont colorés, d'une teinte légèrement sépia, douce. Cette idée, pour le moins grandiloquente, qui va à l'inverse d'une convention établie, aurait pu servir le propos mais elle est ici utilisée comme un simple truc, si bien qu'on en vient à interroger l'utilité du bouleversement chronologique de cette histoire.« Je suis né en 1942, poursuit Claude Miller. Il n'y a pas beaucoup de survivants dans ma famille : la plupart de mes oncles, tantes et grands-parents ne sont pas revenus des camps de concentration. Enfant puis adolescent, je fus hanté par cette histoire traumatisante et anxiogène. » Avec de tels propos, le réalisateur gagne par avance une légitimité à traiter du sujet. Sa souffrance semble même le rendre inattaquable et les critiques auraient dès lors mauvaise grâce à dire que son film passe à côté de son propos. Pourtant c'est le cas. Par bien des aspects (on citera notamment la convocation d'images d'archives – sans doute tirées du Shoah de Claude Lanzmann) Un secret donne davantage l'impression de se servir d'un sujet tragique pour tirer la sympathie du spectateur à lui et corser l'aspect dramatique du scénario, plutôt que de servir le sujet. Si certaines grandes questions sont évoquées, le film ne les pose jamais vraiment. Restant en surface, il s'embarrasse ainsi de stéréotypes et d'une emphase que la plupart des comédiens, servent, pour le coup, avec brio.Un Secret
    De Claude Miller
    Avec Cécile de France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier
    Sortie en salles le 3 octobre
    Illus. © Thierry Valletoux / UGC
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