Toutes les critiques de Naissance des pieuvres

Les critiques de Première

  1. Première
    par Stéphanie Lamôme

    Ni film générationnel ni fantasme teinté de mélancolie avec son cortège de petites culottes en coton, Naissance des pieuvres nous fait pénétrer brutalement dans la chambre des filles. Et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ce n'est pas rien.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Naissance des pieuvres aligne sèchement des gestes qui n'autorisent aucun sentimentalisme, aucun jugement. On y enterre son soutien-gorge dans le jardin, on y expédie un crachat dans une bouche, on s'y conduit en sorcière ou en petit soldat discipliné pour la compétition. Mais les ballets nautiques sont un leurre, car l'essentiel est d'apprendre à tomber amoureuse d'une fille.

  2. Elle
    par Anne Diatkine

    Céline Sciamma filme l'adolescence dans son intemporalité: les instants de fusion, l'insatisfaction, les menues étrangetés et l'angoisse de la norme. Les plans sont fixes, l'image stylisée est souvent étonnante, les dialogues laconiques, mais Naissance des pieuvres est autant un film d'action que Rio Bravo. Les cow-boys sont les jeunes filles, sommées d'affronter une nouvelle tribu.

  3. Paris Match
    par Christine Haas

    A contre-pied des parcours traditionnels sur l'âge ingrat, le récit joue avec les codes tout en explorant la sexualité avec une franchise plutôt rare dans le cinéma français. A travers les pulsions mal contrôlées de ses héroïnes, la cinéaste ausculte le territoire des désirs inassouvis, capture les moments de désarroi, sonde la douleurs et restitue, avec justesse, les sensations épidermiques du sentiment amoureux.

  4. Le JDD
    par Barbara Théate

    En racontant l'histoire du point de vue unique de ses héroïnes, Naissance des pieuvres envoie par le fond tous les clichés éculés des teen movies, s'approche au plus juste du mal-être qui habite ces pieuvres prêtes à cracher leur encre. La sexualité naissante déploie ses tentacules d'ambiguïté avec crudité et sans tabous. Si la caméra organique s'attarde un peu trop sur les visages et les silences, ce film marque la naissance d'une réalisatrice qui a l'air de savoir bien nager.

  5. Télérama
    par Jacques Morice

    Et toi, t’es sur qui ?, le mois dernier, abordait un sujet proche en le clarifiant par la tchatche. Les situations ici sont plus opaques et l’accès au film plus rude – surtout au début, où la réalisatrice se retranche un peu trop derrière sa mise en scène d’école. Autant les mots ont ici du mal à sortir, autant le corps – nu ou habillé, affirmé ou complexé – ne cesse de s’exprimer et d’être exposé. A l’extérieur du bassin, la réalisatrice filme un autre ballet fait d’élans brisés et d’allersretours incessants.

  6. Fluctuat

    Réaliste, parfois cru, ce premier film sur l'éveil de la sexualité adolescente va à l'essentiel pour porter un regard sensible et juste sur un âge délicat. L'écriture frontale (scénario et dialogues) n'empêche pourtant pas l'émergence d'une poésie inattendue. Original et prometteur.
    - Exprimez-vous sur le forum Naissance des pieuvresDans une ville de banlieue anonyme, Marie s'inscrit à la piscine. A 15 ans, l'ennui programmé de son été est bouleversé par la découverte des corps dénudés, l'intimité oppressante des vestiaires et une étrange fascination pour la jolie Floriane. Plus curieuse qu'effrayée, elle observe et tente d'apprivoiser ses nouveaux élans. S'il en partage le thème, Naissance des pieuvres est, dans sa forme, à l'opposé des fantasmes vaporeux du Virgin suicides de Sofia Coppola. Celui-ci était l'interprétation, fantasmée par un oeil masculin, de la sexualité de jeunes filles. Céline Sciamma opte au contraire pour une vision féminine et un réalisme sans fard.Partant délibérément de stéréotypes (la bouboule, la jolie, etc.) auxquels elle accole des fonctions attendues, elle sème de petits cailloux rassurants. Trompeurs, ils facilitent la découverte d'un univers plus original qu'annoncé où les ados sont traités sans la condescendance et les tics agaçants du genre. Les doutes et peurs d'un âge tâtonnant y sont traqués avec une grande justesse de ton. Qu'est ce que la norme ? Quelles sont les limites ? Hétéro ou homosexualité ? Comment perdre sa virginité, etc. La tchatche caricaturale de la jeunesse de banlieue en est exclue. Les actrices parlent peu. Elles sont dans la rétention, la difficulté à exprimer un ressenti parfois effrayant. Quand elles brisent le silence, c'est par nécessité. Malgré son hermétisme assumé, ce procédé dynamise le récit car la parole implique alors une décision et devient moteur.Joli et saisissant raccourci de la condition féminine, la natation synchronisée est un mélange de beauté et de souffrance cachée. Elle implique aussi, pour les trois héroïnes, la confrontation et l'évaluation des corps. Observatrice un peu froide au-dessus de son bocal, la réalisatrice/scénariste se concentre sur son thème et ses trois sirènes, occultant tout élément parasite. Les garçons existent, mais ce ne sont que des images insaisissables, sans réalité. Leur point de vue n'est jamais abordé. De même, l'absence des adultes, donc de parents, évite les explications psychologiques et les jugements, et permet de renforcer la solitude des interrogations muettes. En enfermant chacun dans sa tour d'ivoire, l'écriture, fine et précise, traduit parfaitement ce temps du silence où, par manque de repère et d'expérience, l'Autre est un mystère… Ou un stéréotype.La mise en scène, un peu timide, se contente parfois d'illustrer un scénario brillant. Sa neutralité épouse pourtant, assez bien l'architecture froide et abstraite d'une ville nouvelle (Cergy) dépourvue de ciel. Au final, ces choix radicaux permettent de se concentrer sur le sujet tout en donnant un air intemporel, voire universel, à ce premier film très maîtrisé. Et c'est avec une impression de flottement, en apesanteur, qu'une judicieuse musique électronique (Para One), nous fait dériver à la lisière de deux mondes. Dans la piscine, la ligne de flottaison devient alors une frontière mouvante dont l'un des versants, s'il donne de la grâce au mouvement, prive aussi d'oxygène. Naissance des pieuvres
    Un film de Céline Sciamma
    Avec Pauline Acquart, Louise Blachère et Adèle Haenel
    Sortie en salles le 15 août 2007[Illustrations : © Haut et Court]