Toutes les critiques de Mon voisin Totoro

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    A mille lieues de la guerre acharnée que se livrent les studios d'animation américains, un offensive tranquille, venue du Japon s'aventure sur nos écrans. Hayao Miyazaki impose sa vision d'une campagne japonaise idéale où le bien-être côtoie un fantastique délicieux.
    Au milieu des années 80, écoeuré par le manque d'ambition de l'animation japonaise, Miyazaki fuit les studios commerciaux pour consacrer son art à la production indépendante. Le succès de ses dessins animés est foudroyant et propulse Miyazaki au sommet du box office nippon, laissant loin derrière lui ses pauvres suiveurs. Starifié et adulé, Miyazaki devient un véritable demi-dieu que les Japonais n'hésitent pas à comparer au grand maître Kurosawa. Sans être aussi dithyrambique, on peut, en effet, rapprocher le travail de Miyazaki à celui d'un réel metteur en scène de cinéma. La mise en scène est effectivement la plus grande force des oeuvres de Miyazaki, et c'est d'autant plus vrai dans Mon voisin Totoro.Bien sûr, on s'émerveille avant tout de la qualité graphique du film : une animation vive et fluide, des décors champêtres réalistes jusque dans les moindres détails, des couleurs délicates. Evidemment, on est charmé par la joie de vivre des deux petites soeurs et de leur père, on est touché de leur dévouement pour cette mère malade. C'est vrai, on ne peut que sourire aux facéties de ce bon génie, de cette grosse boule de poil qu'est Totoro. Mais l'ambition du cinéaste est plus profonde. Ce qui impressionne, ce qui fait l'essence du film c'est bel et bien la mise en scène. C'est ce brio avec lequel le cinéaste alterne des scènes de la vie quotidienne et des scènes merveilleuses ; cette  délicatesse avec laquelle, par la seule force du montage, il plonge progressivement un univers très réaliste dans un fantastique féerique proche de Lewis Caroll. A des plans quasi naturalistes, parfois purement contemplatifs, succèdent des bouffées de magie douce, folles, mais probables.Le cinéaste parvient à créer un monde plausible dans lequel de jeunes pousses d'arbre peuvent s'avérer être une brèche merveilleuse, une ouverture sur un univers des possibles ; un univers qui ravira les petits, et qui plongera les adultes dans des abîmes de nostalgie...Julien PauriolMon voisin Totoro
    De Hayao Miyazaki
    Avec Hitoshi Takagi, Noriko Hidaka, Chika Sakamoto
    Japon, 1988, 1h26.
    - Lire la chronique de Le château ambulant (2004).
    - Lire la chronique de Le voyage de Chihiro (2001).
    - Lire la chronique de Princesse Mononoké (1997).
    - Lire la chronique de Kiki la petite sorcière (1989).
    - Lire la chronique de Le château dans le ciel (1986).
    - Lire l'entretien avec Hayao Miyazaki (rencontre au Forum des images, décembre 2001).