Toutes les critiques de L'Appel de la forêt

Les critiques de Première

  1. Première
    par Julia Mothu

    Avec L’Appel de la forêt, Chris Sanders ne s’est pas juste attaqué à un emblème de la littérature américaine. Le génie de l’animation, à qui on doit notamment les sublimes Dragons et Lilo & Stitch, a délaissé les planches à dessin pour passer derrière la caméra. Le tout premier film en live action du réalisateur et illustrateur, qui propose ici et pour la première fois, une lecture intégrale de l’œuvre de Jack London (1903) sur grand écran. L’histoire de Buck, un tendre molosse né du croisement d’un « gigantesque saint-bernard » et « d’une chienne colley de pure race écossaise », arraché brusquement de son foyer californien pour servir de chien de traineau sur les plateaux enneigés du Yukon, au Canada. Le début d’une épopée à la fois merveilleuse et cruelle pour l’énorme chien, trimballé d’un bout à l’autre du territoire par des maîtres tendres et tyranniques, en pleine époque de ruée vers l’or.

    Raconté comme un conte, le film réussit l’exploit de mêler prises de vues réelles et numériques pour un résultat bluffant : les paysages hauts en couleur dépeints par Jack London - des lacs blancs gelés aux plaines luxuriantes du Grand Nord – prennent vie dans un réalisme saisissant de beauté. Dommage que le héros à poils longs et ses congénères ne soient de leur côté pas aussi réussis. Buck n’en demeure pas moins attachant, mais il est clair dès les premières minutes du film qu’il s’agit d’une image de synthèse. Un détail qu’on oublie vite, tant l’interaction des acteurs avec l’animal virtuel donne de la couleur et du réalisme au célèbre toutou. Mais la réelle force du film réside dans ses acteurs. Harrison Ford, dont la voix-off structure le récit, succède avec justesse à Clark Gabe et Charlton Heston dans la peau d’un John Thornton désenchanté, fidèle au roman. Le chercheur d’or apporte une touche philosophique au récit, en encourageant le héros à suivre ses instincts et à n’obéir qu’à lui-même. On retiendra d’ailleurs quelques scènes épiques entre Buck et l’interprète d’Indiana Jones, ici affublé d’une barbe blanche revêche, comme une furieuse descente en canoë dans les rapides rocheux d’Alaska. Omar Sy est lui-aussi convaincant en Perrault, un aimable et sage conducteur de traîneau. Chris Sanders signe à l’arrivée un sympathique film d’aventures à voir en famille où il est question de nature sauvage et de retour aux origines.