Date de sortie 3 avril 2019
Durée 76 mn
Réalisé par François Ruffin, Gilles Perret
Avec Jean-Michel Aphatie , Christophe Barbier , Yves Calvi
Année de production 2019
Pays de production France
Genre Film documentaire
Couleur Couleur

Synopsis

Documentaire consacré aux Gilets Jaunes.

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Critiques de J'veux du soleil

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Quatre ans après le carton Merci patron ! son réalisateur François Ruffin a littéralement crevé l’écran. L’homme de 43 ans est devenu une figure médiatique et politique adepte du coup d’éclat. On se souvient peut-être de son maillot de foot porté à l’Assemblée Nationale. Devenu député rattaché à la France insoumise, il mène une croisade sans relâche contre le pouvoir en place. Cela ne l’a pas empêché de s’être laissé surprendre par le mouvement dit des gilets jaunes. Un mouvement disparate, peu hiérarchisé, dont la liberté d’action l’a pour l’heure empêché d’être récupéré par un quelconque parti politique. Les médias traditionnels débordés par l’ampleur et la violence qui éclatent lors de certains rassemblements, brandissent toutefois le spectre du fascisme et utilisent à l’envi le mot « casseur » tel un mantra.

    Monstres sanguinaires
    François Ruffin a voulu aller voir de plus près. Qui sont ces femmes et ces hommes qui se rassemblent tous les samedis sur les ronds-points ? Le geste a le mérite de la clarté et de la simplicité. Le dispositif l’est aussi : une petite caméra, une voiture, une carte de France, et Ruffin qui s’approche lentement de ces monstres sanguinaires pour entendre leur rage. Dire que ces « monstres » sont loin d’en être et s’avèrent même d’une humanité incroyable - chacune et chacun ayant ses propres douleurs à partager sans jamais tirer la couverture à soi -, n’est pas vraiment un spoiler. Aux séquences agitées de BFMTV ou Cnews, J’veux du soleil répond par des portraits doux où s’instaurent un vrai dialogue voire des moments d’’intimité puisque François Ruffin et son co-réalisateur Gilles Perret s’invitent quasi systématiquement chez les personnes qu’ils interrogent. Une façon un peu puérile mais efficace de prouver que ces femmes et ces hommes ne vivent pas dans des 400 m2 entourés d’écrans plasma ni qu’ils se reposent entre deux actions dans des jacuzzis remplis de champagne. La misère est là et n’a pas trop besoin de mise en scène pour exister.  

    Récupération ?
    Ruffin se rêverait peut-être en Raymond Depardon mais n’a ni le temps de « l’approche » ni cette faculté de transcender le regard pour donner à voir au-delà de l’objet représenté. Ce film à la valeur cinématographique très relative a été fait, on l’imagine dans l’urgence et donne l’impression d’accumuler les séquences plutôt que de réfléchir à une vraie logique dramatique ou narrative. Ce qui surprend toutefois ici est la présence même de François Ruffin dont la légitimité n’est jamais questionnée, ni par le film, ni par celles et ceux qu’ils rencontrent, comme si le fait qu’un député de la France Insoumise fasse de tels déplacements ne pouvait pas ressembler à une tentative de récupération politique.