Toutes les critiques de Dorothy

Les critiques de Première

  1. Première
    par Veronique Le Bris

    En 1993, avec Le Fils du requin, Agnès Merlet avait fait une fracassante entrée en tant que cinéaste. Dorothy, thriller psychologique mâtiné de surnaturel, signera-t-il sa résurrection ? L’histoire de cette psychiatre, détachée dans une île irlandaise religieuse et hostile à son égard, a certes de quoi envoûter. Pourtant, le traitement choisi, déroutant mais pour finir trop explicatif, convainc difficilement. Cela malgré une interprétation formidable de Carice Van Houten (Black Book) et de la débutante Jenn Murray.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Film d'épouvante intriguant et foisonnant, Dorothy est à la limite de se perdre dans ses excès. Mais en retombant sur ses pieds, Agnès Merlet signe un film baroque comme le cinéma français en produit trop peu. A découvrir... Intriguée par le cas d'une jeune fille qui semble avoir violenté un bébé, une psychiatre débarque dans une île hors du temps placée sous la coupe d'un pasteur inquiétant. Malgré un destin contraire, les deux premiers films d'Agnès Merlet ont suscité l'intérêt. Après le surprenant Le fils du requin (1994), et l'échec d'Artemisia (1997), celle-ci fait à nouveau preuve d'une ambition formelle tout à fait louable dans cet étonnant film, parfois bancal mais souvent efficace. Sans perdre de temps, elle plonge dans l'univers de cette communauté insulaire régie par d'étonnantes croyances. Le jeu sur la lumière (brumes irlandaise, ciel bas et contraste saisissant) contribue à installer une ambiance fantastique qui n'est pas sans rappeler le roman de [people rec="0"]Denis Lehane[/people], Shutter Island. Il s'ajoute à l'hostilité palpable de la population pour accentuer le sentiment d'étouffement d'une héroïne dont la rationalité vacille vite loin de ses repères de praticien. En partant de l'étude d'un cas clinique observé aux Etats-Unis, Agnès Merlet donne une assise assez solide à son scénario pour, ensuite, manier avec dextérité des ficelles cinématographiques (bande-son, montage, jeu sur le temps...) classiques mais pas toujours très fines. La réalisatrice explique avoir découvert au montage la tonalité d'épouvante fantastique du récit, presque surprise de signer un Exorciste à la française saupoudré d'une dimension clinique. Les motifs (codes et coutumes, peur de l'Autre, secret collectif...etc.) susceptibles de faire naître de l'étrange sont effectivement nombreux et mis en scène avec une efficacité toute anglo-saxonne qui étonne. Avec ses dialogues en anglais, on oublie presque qu'il s'agit d'une réalisation française.Ce drôle de mélange crée un ton surprenant, aussi déstabilisant pour l'héroïne que pour le spectateur. Si la jolie poésie, triste et violente, d'une scène festive clé ou la manière d'envisager les rapports hommes / femmes (domination physique) sont très réussis, elle n'évite pas quelques facilités (propres au genre (série B)) propres aux séries B. Imparfait, Dorothy frôle donc souvent la sortie de route mais réussit pourtant à faire peur et à surprendre, ce qui, au-delà du film d'ambiance, est déjà appréciable. Les trognes des insulaires et, surtout, la jeune Jean Murray, participent à cette réussite. Son interprétation très convaincante s'avère inquiétante à souhait dans un rôle de Femme-enfant tout droit sortie du Village des Damnés de [people rec="0"]Wolf Rila[/people]. Mais la force et la faiblesse de ce film bâtard est aussi là : à convoquer de multiples références, il oublie lui-même de faire preuve d'originalité, si ce n'est dans le mélange des genres qui l'amène vers une coloration baroque surprenante. En passant d'un genre à l'autre, (épouvante, psychiatrie, thriller, études de moeurs), Dorothy emprunte à droite et à gauche mais peine à trouver son identité, perdu dans les mensonges d'une mise en scène touffue qui ne s'embarrasse pas de fioriture. Agnès Merlet prend le risque de gonfler artificiellement son film en y mettant beaucoup de choses et en multipliant les rebondissements. Ainsi, sur la fin, l'accumulation des possibles atteint ses limites et menace de porter un préjudice fatal au récit qui, surprise, nous semble pourtant retomber joliment sur ses pieds. Enfin peut-être... parce qu'on n'est pas sûr d'avoir tout suivi... et vous ?DorothyRéalisé par Agnès MerletAvec Carice Van Houten, Jenn Murray, David WilmotDurée : 1h 42minSortie en salles le 6 août   -Exprimez-vous sur le forum cinéma-Lire les fils acteur, réalisateur sur le blog cinéma

  2. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Entre thriller psychologique et fable surnaturelle, cette histoire, qui épingle les pratiques délirantes des communautés religieuses intégristes, étonne par l'étrangeté de son atmosphère et de l'interprétation habituée de la débutante Jenn Murray. Efficace, même si l'on commence à connaître par coeur la mécanique de ce type de récit fantastique à tiroirs.