Toutes les critiques de A bord du Darjeeling Limited

Les critiques de Première

  1. Première
    par Stéphanie Lamôme

    Avec A bord du Darjeeling Limited, son film le plus cohérent, le plus drôle, le plus chaleureux et le plus cruel à ce jour, Anderson nous embarque dans le voyage initiatique indien de trois frères immédiatement émouvants. En mettant ses héros sous cloche dans des plans fixes surcadrés, le réalisateur les transforme en Cocottes-Minutes affectives pour mieux faire exploser le cadre.

Les critiques de la Presse

  1. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Même si ce film ne se passe pas au fond d'une tasse de thé, c'est une véritable infusion d'images délirantes et parfumées à voir sans aucune modération. Les aventures imprévues se multiplient avec une idée par image ou presque, les gags rebondissent d'une façon atypique les uns sur les autres.

  2. Avec Darjeeling Limited, Wes Anderson nous propose un nouveau voyage dans son univers acidulé. Retour à la problématique de la famille avec ces trois frères qui essayent de renouer avec leur passé pour affronter le futur. Anderson transporte ses 3 acteurs dans un voyage initiatique à travers l’Inde. On retrouve avec plaisir la même nostalgie, la même douceur que dans ses films précédents. Et si A bord du Darjeeling Limited se veut plus sérieux que le loufoque La Vie Aquatique, cette tragi-comédie reste en tout point parfaite : scénario, photo, musique, casting. Pas besoin de dépenser une fortune pour voyager, Wes Anderson vous entraîne de Paris (avec le court-métrage présenté avant le film, Hotel Chevalier) en Inde en 1h50 et on en redemande. Alors asseyez-vous confortablement dans votre fauteuil, ouvrez les yeux et laissez vous allez.

  3. Fluctuat

    Malgré son allure bancale, A bord du Darjeeling Limited réussit à greffer l'univers de Wes Anderson sur ce paysage indien qui lui sert de nouveau territoire à fiction. Sans le vouloir le cinéaste fait bouger ses fondations au risque qu'elles s'effondrent, c'est beau.
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    - Lire le portrait de Wes AndersonA bord du Darjeeling Limited, qu'on préfère appeler par son titre original, The Darjeeling Limited, risque de dérouter ceux qui croyaient avoir trouvé en Wes Anderson leur nouvelle idole. Pourquoi ? Parce que The Darjeeling Limited n'est pas un film parfait, qu'il n'a pas, en apparence, la maîtrise de Rushmore ou La Famille Tenenbaum. Pourtant, s'il prend le risque de décevoir en s'aventurant vers de nouvelles contrées, le film est une réussite. Mineure peut-être, moins évidente que les précédentes car moins bien équilibrée, mais une réussite néanmoins parce que Wes Anderson met en péril la perfection de ses habiles châteaux de cartes sans pourtant complètement y renoncer. Comment ? En faisant le pari difficile de greffer son univers à un road movie initiatique en Inde. Sur le principe, le sujet est le même (la reconstruction d'un collectif), cette fois à travers l'histoire de trois frères (Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman) qui se réunissent pour traverser le pays afin de resserrer leurs liens après le décès de leur père, et surtout retrouver leur mère, exilée dans un monastère.Hotel Chevalier, en préludeIl faut préciser, les premières images de The Darjeeling Limited n'appartiennent pas au film du même nom, mais à Hotel Chevalier, le court-métrage qui le précède et que Wes Anderson a conçu comme un prélude. Son principe est simple, le personnage de Jason Schwartzman, dandy romantique et blasé, noie sa solitude et son désespoir amoureux dans le chic d'un hôtel parisien. Il est en exil, de chez lui, de lui-même. Puis débarque Natalie Portman - plus sublime que jamais. Les deux amants font l'amour, discutent un peu, elle doit partir, musique (Where do you go to de Peter Sarstedt). Fin, début de The Darjeeling Limited, qui commence comme un film d'espionnage avec Bill Murray dans un taxi indien, à cent à l'heure. Il tentait d'attraper son train. Arrivé à la gare il court, puis alors que surgit soudain un ralenti accompagné de l'inoubliable morceau des the kinks, This time tomorrow, Adrien Brody entre dans le cadre, le dépasse et réussit à se hisser sur le wagon, laissant Bill Murray exténué sur le quai. Un film en a rattrapé un autre, qui lui-même succède à un autre. La scène est une des plus belles du cinéma d'Anderson.Un nouvel espace de jeuHotel Chevalier pourra sembler anecdotique et ne servir que de raccord un peu paresseux avec The Darjeeling Limited. Pourtant son écho, tout au long du voyage, restera comme un point d'ancrage extérieur à un film qui dans sa trajectoire ne cesse de renvoyer à un ailleurs ou au passé. Mais attention, inutile d'espérer que ce périple indien se transforme en profonde quête spirituelle. Wes Anderson, quoique par quelques écarts de conduite, évite toute tentation documentaire et filme le pays dans sa dimension exotique (donc dans une certaine idée de l'altérité absolue). Il ne fait que déplacer son monde dans un autre, et il est davantage attiré par les couleurs ou la lumière, le folklore, qu'une rencontre authentique avec l'Inde et son peuple qui bouleverseraient ses personnages, même si c'est l'idée et qu'elle fonctionne - mais pas comme on l'attend. Aucune incidence donc, Anderson ne fait pas jouer les touristes à sa fratrie, ils sont dans un autre monde, factice, mais inspiré de l'Inde. L'essentiel c'est d'être dans un nouvel espace de jeu suscitant d'autres possibilités, d'autres processus pour faire évoluer l'histoire et les personnages tout en variant les motifs ou les rencontres.Un film qui déraillePourquoi alors le film a l'air moins efficace ? Parce qu'il avance sur un terrain bancal. Entre un scénario pas toujours abouti et une mise en scène qui peut sembler rater des moments cruciaux (la scène de l'enfant dans la rivière), The Darjeeling Limited parait montrer les limites du cinéma d'Anderson (esprit de système, monde clos, vision bourgeoise). Mais ce serait lui faire un mauvais procès. L'ébranlement des fondations architecturales du cinéma d'Anderson trouve ici une logique dans son imperfection. The Darjeeling Limited est un film qui déraille de la ligne qu'il se donne (au propre et au figuré) et cherche son chemin (Owen Wilson ressortant sans cesse sa feuille de route). C'est un film perdu, un peu étranger, pour des personnages égarés mais qui tentent de se donner une direction, un équilibre. Pour ça, Anderson essaie de renouer avec ses réflexes hérités du burlesque et le spleen cool, mais ça ne marche plus beaucoup. Peut-être parce que The Darjeeling Limited n'est pas une comédie, mais un vrai film sur le deuil (matérialisé dans ce set de voyage Vuitton qui appartenait au père et que se trimballent les personnages) et trois frères paumés tentant de retrouver un peu d'amour maternel.On peut se féliciter que Wes Anderson ne réponde pas aux attentes, qu'il rompe la géométrie parfaite de son cinéma par un climat plus dépressif, malgré les apparences. Il continue d'avoir une pudeur, de raconter l'histoire d'enfants égarés (gâtés ?) dans des corps adultes, une quête moins spirituelle qu'affective mais dans un nouveau territoire où, tout en étant obsédés par l'extérieur, les personnages vont progressivement se souder les uns aux autres sans s'en apercevoir et jouir du monde dans lequel ils sont. C'est dans ses ratés et ses creux que le film prend discrètement de l'ampleur, qu'il déroule son projet sentimental et mélancolique sans trahir ses ambitions. Il y a ici comme un renouvellement fragile de ce petit théâtre cartoonesque, une manière de rompre lentement avec la douleur en s'inventant une nouvelle géographie et le principe de défilement qui l'observe (le train). Avec l'Inde comme nouveau décor, Anderson s'est trouvé un autre paysage fictionnel où faire migrer ses obsessions. Toujours avec la plus grande élégance et un certain raffinement qui ne trahit en rien la beauté du pays et ses habitants dont l'étrangéité va libérer les personnages. A bord du Darjeeling Limited / Hotel Chevalier
    De Wes Anderson
    Avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman et Natalie Portman
    Sortie en salles le 19 mars 2008Illus. © Twentieth Century Fox France
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  4. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Ce « Darjeeling Limited » mène grand train en bonnes et mauvaises surprises; un désert dans lequel notre joyeuse petite bande se perd, d’encombrantes et nombreuses valises à ne plus savoir qu’en faire et une machine à plastifier. Sans oublier une inoubliable séquence dans laquelle nos grands dadais immatures rencontrent leur maman, interprétée avec malice par Anjelica Huston, disparue depuis longtemps et devenue gourou : un grand moment ! On vous souhaite vivement de monter à bord du « Darjeeling Limited » et de partager avec ces trois pieds nickelés bien déjantés, l’art du décalage et leur belle euphorie. Une sympathique comédie pour fêter l’arrivée du printemps.

  5. Le JDD
    par Barbara Théate

    Après nous avoir menés en bateau dans La vie aquatique, Wes Anderson nous embarque avec, A bord du Darjeeling Limited, dans une comédie burlesque qui prend plaisir à dérailler, emmenée par un wagon de personnages aussi mal assortis que déglingués et attachants, semblant tout droit sortis d'un cartoon de Tex Avery.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    Ecrite à six mains et à pas mal de neurones, cette comédie burlesque à la tendre mélancolie enchaîne les gags et les idées loufoques comme autant de perles multicolores placées autour du cou de la magnifique Inde. Malheureusement, la locomotive de Wes est un peu comme celle de Michel Gondry, elle manque de souffler et peine dans les montées scénaristiques.

  7. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Une fois encore, le réalisateur décalé de La Vie Aquatique creuse son singulier sillon avec cette tragi-comédie familiale qui convoque conjoitement la figure de Freud et le burlesque visuel du cinéma muet. Si le dépaysement est garanti, l'ennui s'invite parfois à bord malgré une troupe premium.