Comment Michael Douglas a créé Gekko, le "méchant particulièrement fascinant" de Wall Street
20th Century Fox/Première

En février 1988, l’acteur était en couverture de Première. Flashback à l'occasion des 35 ans du film d'Oliver Stone.

En ce 10 février 2023, Wall Street, la critique du monde de la Bourse d’Oliver Stone, fête ses 35 ans. A l’époque, Michael Douglas était en couverture de Première et il avait détaillé comment il avait créé ce "méchant particulièrement fascinant" qui est rapidement devenu culte. Best-of.

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Avant de revenir sur cette interview collector, arrêtons-nous un instant sur la critique de Michèle Halberstadt. Une pleine page soulignant les qualités et les défauts de ce film sur "la Bourse, son univers impitoyable. (..) Comme dans Platoon, l’homme qu’on corrompt est incarné par Charlie Sheen, mais à la différence de Platoon, ici, le héros ne subit pas la corruption : bien au contraire, il ne demande que ça. (…) Au centre du film, donc, Bud Fox, mais en réalité, le véritable héros de Wall Street, c’est celui par qui la corruption arrive. L’ange damné de Bud, son mentor Gekko (Michael Douglas) est un ‘méchant’ particulièrement fascinant, rusé, instinctif. Gekko est un tueur : entre ses mains, une simple opération boursière se transforme en arme fatale. Gekko a du charme, du culot, du charisme. (…) C’est d’ailleurs bien là le travers de Wall Street : la corruption du héros fascine bien plus que sa rédemption. Comme Bud Fox, Oliver Stone n’a pas su résister au charme du Diable, probablement…"

Quelques pages plus loin, après avoir récapitulé sa carrière (déjà longue, puisque Michael Douglas avait une quarantaine d’années quand il a accepté joué dans Wall Street), Jean-Paul Chaillet demandait au comédien ce qui l’avait attiré dans ce rôle. "C’est toujours amusant de jouer un salaud", répondait-il avant de reconnaître que "les rôles de méchants ont parfois fait beaucoup dans la carrière de certains acteurs. Apparemment, cela reste vrai..."
Douglas expliquait ensuite avoir rencontré de vrais traders pour s’inspirer de leur personnalité : "une flamboyance, une suffisance, un sens guerrier, un instinct de tueur, toujours avec, également, un sens aigu de la séduction.… Autres éléments importants, trouver la voix et la bonne garde-robe du personnage. "Gekko parle beaucoup, très vite, j’avais de longs monologues dans le film. C’est quelque chose que je n’étais absolument pas habitué à faire. (…) Trouver le look du personnage, c’était la clé qui permettrait de le comprendre. Son bronzage, ses boutons de manchettes etc., c’était autant de détails, d’accessoires qui m’ont beaucoup aidé à entrer dans la peau du personnage. Il est un peu voyant, d’ailleurs, mais cela vient de son côté ‘nouveau riche’."

Une fois sur le plateau, Douglas s’est aussi servi de ses conflits avec le réalisateur pour enrichir sa prestation. "Au début, on s’est assez mal entendus. C’est quelqu’un de très intransigeant et de très talentueux. Tout le monde à Hollywood lui avait dit que j’allais passer mon temps dans ma caravane, à lire d’autres scénarios, à m’occuper de divers projets. Alors, il a été très dur avec moi.  C’était parfois assez pénible à vivre, même si, aujourd’hui, je pense qu’il a eu raison. Cela m’a permis d’être sans cesse en situation de défi vis-à-vis de moi-même, et, du coup, de trouver cette dureté impitoyable qui était celle du personnage. (…) En définitive, ça a été une expérience enrichissante, plutôt dénuée de diplomatie, parfois éprouvante d’honnêteté, mais qui a conduit à une grande estime réciproque."

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Extrait de Wall Street :

 

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