Nom de naissance L'abbé Pierre
Avis

Biographie

Etre nommé à 18 reprises personnalité préférée des français, c'est un record que l'Abbé n'est pas prêt de perdre. L'estime qu'il a conquis dans les foyers, c'est plus qu'une réminiscence d'esprit catholique incarnée par ce proche des pauvres, car son combat, avant d'être religieux, était social et humaniste.C'est le cinquième de huit enfants chéris d'une famille bourgeoise de négociants en soie lyonnais. Gamin déjà il accompagnait son père à la confrérie séculaire des hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se changent en barbiers pour pauvres.Pourtant, son coup de foudre avec Dieu a lieu quelques années plus tard.Après cette décharge, il faut illico rentrer chez les franciscains : "on me disait beau gosse, peut-être même un peu mondain, pourtant le lendemain je serais moine". L'Abbé Pierre résistant7 années de retraite spirituelle au couvent de Crest, c'est le prix à payer pour devenir prêtre. Henri Griest devient frère Philippe et est ordonné diacre en 1937. C'est en des temps obscurs qu'il entre dans les ordres. Prêtre le 24 août 1938, il devient vicaire en avril 1939, 5 mois avant l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne nazie.La guerre accouche d'un résistant. Mobilisé sous-officier dans le régiment du train des équipages, il accueille après l'armistice les enfants juifs dont les familles ont été arrêtées lors des rafles en août 1942. Puis il entre au maquis et devient un des leaders dans le massif du Vercors. Frère Philippe devient Abbé Pierre, le clandestin. Arrêté puis relâché par l'armée allemande, il fuit en puis rejoint le Général de Gaulle à Alger. Pour ses actes de résistance, il est décoré de la Croix de guerre avec palme à la Libération. L'Abbé Pierre députéIncontournable depuis son action clandestine dans les maquis, il devient député de Meurthe et Moselle et siège à l'Assemblée Nationale de 1946 à 1951 au sein du Mouvement Républicain Populaire (démocrate chrétien). Il se désolidarise du mouvement en 1950 pour des divergences de vue sur ses positions politiques. Après un bref passage à la Ligue de la jeune République, sa carrière politique s'achève, du moins au sein de l'hémicycle. Emmaüs : "Une espèce de carburant social à base de récupération d'hommes broyés" En 1949, le prêtre député fonde le mouvement Emmaüs pour venir en aide aux déshérités et aux mal-logés. Les communautés (la première est à Neuilly-plaisance) se financent par la vente d'objets de récupération et la construction de logements.Le froid. La souffrance. Les résistants l'ont vécu au maquis. Les mal-logés le subissent en pays libre. S'en est trop pour l'Abbé qui fait un appel au don le 1er février 1954 sur les antennes de Radio Luxembourg.Les français financent "l'insurrection de la bonté" à hauteur de 500 millions de francs. Le succès est tel qu'il crée les compagnons d'Emmaüs le 23 mars pour organiser la masse des bénévoles et la construction de logements. Par ce combat, l'Abbé Pierre et ses compagnons sortent beaucoup de gens des rues, et font même interdire l'expulsion de locataires pendant la saison hivernale. L'Abbé provoqueL'image médiatique, l'Abbé en a fait une force, « à la fois une arme et une croix » dira-t-il de sa trop grande popularité, après son élection à 10 reprises consécutives comme personnalité préférée des français. Mais à plusieurs reprises, sa parole médiatisée fait polémique. Contre la Licra, la Ligue contre le racisme et l'anti-sémitisme, il dénonce le manque de disposition au dialogue dans l'Humanité, leur préférant le négationniste Roger Garaudy.Il soutien les Brigades Rouges réfugiés à Paris en 1980. Il faut dire que Vanni Munilaris, leur chef, est le mari de sa nièce. "L'homme de coeur et d'engagement" Lorsqu'il s'éteint le 22 janvier 2007, les éloges ne tarissent pas pour saluer le parcours de l'homme à la barbe et à la canne de prêcheur : "l'abbé Pierre a été, toute sa vie durant, une force d'indignation capable de faire bouger les coeurs et les consciences" dira le premier ministre Dominique de VillepinToutes les associations (sauf la Licra) publient un communiqué ému en l'honneur du prêtre engagé. Les obsèques se sont déroulées le vendredi 26 janvier dans la cathédrale de Notre Dame de Paris.Son cercueil a ensuite été transféré vers sa communauté d'Esteville en Seine-Maritime, où l'Abbé Pierre a été inhumé dans la plus stricte intimité.