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Un grand final plein de promesses, mais décevant... à l'instar des 45 épisodes précédents.

Alors que l'Amérique du petit écran avait les yeux rivés sur les Emmy Awards, dimanche soir, The Strain arrivait au bout de son chemin, dans l'anonymat le plus total. Pas de buzz. Pas (ou peu) de théories sur le Net. Et une audience restreinte à quelques super-fans du genre. Oui, The Strain s'est éteinte sans un bruit, après 4 saisons, preuve que la grande série d'action espérée par FX n'a jamais vraiment décollé.

Pourtant, il faut se souvenir qu'en 2013, lorsque la chaîne américaine a lancé The Strain, elle pensait bien tenir sa propre version de The Walking Dead, un show horrifique et apocalyptique, avec pas mal d'ambition. Basé sur les comics de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, qui avaient déjà une belle petite réputation, The Strain s'est largement appuyé sur la "marque Del Toro", pour tenter de se faire une place au soleil. Le réalisateur de Pacific Rim avait même dirigé les deux premiers épisodes. Carlton Cuse, scénariste de Lost, était à l'écriture. Et Corey Stoll, fraîchement salué pour sa performance dans House of Cards, s'imposait comme une excitante tête d'affiche (malgré sa curieuse perruque). Sauf que la machine à monstres de Guillermo ne s'est jamais vraiment mise en route.

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Si le long pilote de 90 minutes - avec son mystérieux avion contaminé, mis en quaranataine sur le tarmac de JFK - avait de quoi nous faire saliver, la suite nous a plutôt fait déchanter. Multipliant les sous-intrigues barbantes et oubliant complètement de nourrir sa mythologie apocalyptique, The Strain a fini par perdre le fil. Les héros de la révolte ont semblé tourner en rond, épisode après épisode, revenant systématiquement à leur point de départ. Ne comptant plus que sur quelques scènes spectaculaires pour briller - grâce à des effets spéciaux très soignés et ses "Strigoï" au dard stylé - la série se dirigeait vers une conclusion inexorable.

Une ultime saison qui allait jouer à fond la carte de l'allégorie humaniste, longtemps suggérée par les précédents flashbacks sur l'Holocauste. Le parallèle entre ces vampires exterminateurs et le Nazisme s'est entièrement concrétisé cette année, avec une "solution finale", des "collabos", et son centre d’expérimentation pour jouer au Dr Mengele. Désormais incarné par Jonathan Hyde, le Master était plus charismatique et effrayant que jamais. Et 9 mois après l'explosion nucléaire qui donna un avantage décisif aux créatures de la nuit (à la fin de la saison 3), The Strain promettait une conclusion épique. Mais à l'image de la série, les promesses n'ont pas été tenues.

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Trop molle, trop inégale, bavarde et bien mal dialoguée, elle a mis un temps fou avant d'intéresser. C'est seulement à partir de l'épisode 7 - quand Fet et Quinlan ont fait leur retour à New York, retrouvant ainsi le reste de la bande - que la saison 4 a commencé à devenir vraiment excitante. Trop peu, trop tard. Malgré quelques moments épiques, comme l'ultime face à face mortel entre Setrakian et Eichhorst, on est resté sur notre faim. Et l'horripilant Zach, ado stéréotypé, tête à claques au possible, et infâme morveux bouffé par son complexe d’œdipe, est devenu le symbole ostensible de notre frustration. 

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Le grand final aura été au niveau des 45 épisodes précédents : nos héros ont tourné en rond pendant 30 minutes, usant des pires banalités au monde pour se dire adieu. Zach nous a gonflé jusqu'à ce que mort s'en suive (la sienne, évidemment). Et si la bataille finale entre le Master et la bande à Eph' a, sans conteste, envoyé du bois, on est resté froidement immunisé face aux derniers assauts de The Strain, virus télévisuel qui ne manquait pas d'arguments, mais qui n'a jamais réussi à muter en une fiévreuse réussite. Adieu le "Master". La série est déjà remisée au fond de l’armoire à pharmacie.

En France, la série The Strain est diffusée sur sur Canal+ Séries.