DR

Le réalisateur de Looper, récemment récompensé par la DGA (Director’s Guild of America) pour son travail sur Breaking Bad, tourne actuellement son troisième épisode pour le show de Vince Gilligan. Qui sera l’avant-avant-dernier de la série… Nous l’avons joint sur le plateau.

Première : Rian, qu’avez-vous le droit de nous dire sur cet épisode que vous êtes en train de tourner ?Rian Johnson : Croyez-moi, vous ne voulez pas savoir ! Je suis d’ailleurs confronté à un terrible dilemme à l’heure qu’il est. Mon épisode est le sixième sur les huit que compte cette deuxième partie de la saison 5. J’ai donc lu les scripts des cinq précédents, je n’avais pas le choix. Mais là, les scénarios des deux prochains épisodes, les tout derniers de la série, viennent d’arriver dans les bureaux. Et je me retrouve dans une situation impossible : préserver la surprise et attendre de les découvrir à la télé comme tous les fans de Breaking Bad, ou les lire… Vous pensez que je devrais le faire ? J’attendrais, à votre place.Mais vous comprenez la tentation ? C’est insupportable. L’attente va être beaucoup trop longue. Je peux en tous cas vous dire qu’ils sont en train de construire un final absolument dingue. La série va se conclure en apothéose, ils n’y vont pas à moitié.Vous êtes scénariste de tous les films que vous avez réalisé jusqu’à présent. Ici, vous jouez avec le bébé de quelqu’un d’autre, en l’occurrence celui de Vince Gilligan. Y a-t-il une pression supplémentaire ?Dans un sens, oui. Je prends aussi beaucoup de plaisir, car l’écriture est vraiment brillante sur la série. Je ressens une grande responsabilité vis-à-vis du matériau. Écrire est ce qu’il y a de plus dur, de plus contraignant pour moi. C’est à la mise en scène que je m’éclate le plus, et j’ai la chance, ici, de pouvoir me concentrer uniquement là-dessus. J’ai l’impression d’être un gamin lâché dans une fête foraine (Rires.)Vous venez sur le plateau de Breaking Bad avec votre DGA Award à la main pour narguer tout le monde ?Bien sûr ! Je le porte tous les jours autour du cou, et dès que quelqu’un met en doute une de mes décisions, je lui agite à la figure (Rires). Plus sérieusement, ce prix m’a beaucoup touché, même s’il ne faut pas se leurrer : c’est la série qu’il récompensait, pas moi.À propos de télé, Looper ferait une super série… Est-ce que vous considérez le film comme un one-shot, ou est-ce que vous vous voyez explorer un peu plus cet univers à l’avenir ?Vous n’êtes pas le premier à m’en parler, et ça me fait extrêmement plaisir. Je suis flatté que l’univers de Looper ait intéressé les gens au point d’avoir envie de le voir exploré dans d’autres histoires. Mais je ne l’ai pas conçu ainsi. J’ai créé ce monde dans le seul but de servir cette intrigue en particulier. Après, on ne sait jamais… Si ça se trouve, j’aurai un jour envie d’y revenir. Dans l’immédiat, j’ai surtout besoin de m’en échapper, car je viens de passer les quatre dernières années de ma vie sur ce film.Interview Mathieu Carratier