Amour fou mais évoque Gone Girl [critique]
Arte

Ce thriller domestique est porté par Clotilde Hesme et Jérémie Renier.

Ce cinglant thriller matrimonial suit les péripéties d’une héroïne provinciale qui nous emmène dans les obscurs tréfonds de la psychologie criminelle. La série Amour fou démarre ce soir sur Arte, et Première vous la recommande.

Le thriller hexagonal est tant devenu un genre maison d’Arte (dont Il était une seconde fois et Une île ont offert deux variations récentes) qu’Amour fou, "thriller domestique" écrit par la romancière Ingrid Desjours, donne d’emblée la sensation d’évoluer en terrain familier. Les angoisses de Rebecca (Clotilde Hesme), brillante médecin mariée à un homme obsédé à l’idée d’avoir un enfant (Jérémie Renier), s’avèrent ainsi vite palpables, tandis que l’arrivée de son détestable beau-frère – qui s’installe dans la maison d’en face avec sa petite amie – accroît la pression subie par cette héroïne provinciale. Faisant la part belle aux machinations criminelles, aux faux-semblants et aux pièges narratifs, cette minisérie regarde du côté d’Alfred Hitchcock (le prénom Rebecca sonne comme une évidente référence) mais évoque surtout Gone Girl – le thriller conjugal de David Fincher adapté de Gillian Flynn – avec qui elle partage une manière drastique d’ausculter le couple et d’éveiller des soupçons de féminicide pour mieux parler d’aliénation mentale et de manipulation psychologique. La particularité d’Amour fou consiste pourtant à restituer des émotions d’enfance et des images originelles afin d’éclairer tous ses mystères. En cultivant ce parfum de sombre conte enfantin, la mise en scène de Mathias Gokalp (réalisateur du drame social Rien de personnel, découvert à la Semaine de la critique cannoise en 2009) tire parti d’un scénario souvent rocambolesque et transforme les souffrances les plus intimes en saisissant cauchemar à ciel ouvert.