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"China Girl" arrive ce soir, sur Arte.

Jane Campion a pris son temps, avant d'écrire la suite de Top of the Lake. Il aura fallu attendre quatre ans pour que la saison 2 voit le jour. Le résultat donne raison à la réalisatrice néo-zélandaise : la nouvelle enquête de Robin Griffin est presque aussi ensorcelante que la première. Elle sera à découvrir dès ce jeudi 7 décembre, sur Arte. Attention spoilers !

"China Girl", c'est l'histoire d'une valise jetée à la mer, en pleine nuit, au large de Sidney. Une valise qui contient le corps inerte d'une pauvre jeune fille asiatique. Alors que la valise remonte à la surface et s'échoue sur la plage, Robin Griffin tente de se reconstruire, en revenant vivre dans la métropole australienne, après les terribles événements de la saison 1. Encore traumatisée, elle va essayer de tourner la page avec cette nouvelle enquête... et en reprenant contact avec sa fille, qu'elle a donnée à l'adoption, 17 ans plus tôt.


Si Top of the Lake a gardé son nom, la série a bel et bien changé de décor. Fini Laketop, sa scène montagneuse, sa petite communauté et cette ville de bord de lac, qui était un personnage à part entière, dans la première saison. Jane Campion a relocalisé Robin en Australie, dans une grosse métropole, et forcément, l'ambiance est différente. Moins moite, plus rêche, moins brute mais plus déconcertante, cette saison 2 reste une fiction incroyablement ambitieuse, portée par une écriture au-dessus du lot, une réalisation minutieuse - qui soigne chaque mouvement de caméra - et surtout un casting phénoménal.

Top of the Lake, c'est d'abord un terrain de jeu extraordinaire, pour permettre à Elisabeth Moss d'exprimer tout son talent. Déjà brillante dans The Handsmaid'Tale, l'ancienne de Mad Men compose une nouvelle performance à fleur de peau. Hypersensible, sans être névrosée. Forte, tout en restant fragile. Son personnage, entièrement pensé au premier degré, est parfaitement équilibré par des seconds rôles nettement plus légers, à commencer par la géante Gwendoline Christie (oui, celle de Game of Thrones), qui s'éclate en enquêtrice en herbe d'1,90 m ! Et si Nicole Kidman, grimée en vieille bobo dépassée, ne fait que de la figuration, elle incarne à la perfection cette mère adoptive en pleine crise de la cinquantaine.

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Car oui, encore une fois, Jane Campion fait la part belle aux personnages féminins, dans cette série qui reprend les thèmes chers à son oeuvre. Des femmes blessées, de toutes générations, et mises à nue au propre comme au figuré. La saison 2 et l'enquête de Robin sont, en fait, un moyen pour la réalisatrice d'explorer la maternité sous tous les angles, ce que ça veut dire d'être mère, ce que ça signifie de disposer librement de son corps. Elle signe au passage un plaidoyer sans appel contre les maisons closes (la prostitution est légale à Sidney et dans certaines parties de l'Australie, dans un cadre établi par la loi) et le commerce du sexe en général.

Même sans son lac, Top of the Lake reste une série policière unique. Un drama fascinant. Et bien que certaines coïncidences un peu grossières (qui pouvaient passer dans un petit village néo-zélandais, moins dans la ville géante qu'est Sidney) égratignent le récit, on reste envoûté, comme la première fois.