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"Le film a probablement perdu des millions de dollars le premier week-end d'exploitation."

Une Vie Entre Deux Océans, le quatrième long-métrage de Derek Cianfrance, a obtenu des critiques mitigées.

Avec 60% de critiques positives sur Metacritic et une note de 7,3/10 sur IMDB, le mélodrame qui unit Michael Fassbender et Alicia Vikander joue la carte de l’émotion ; et si certains ont été transportés, d’autres sont restés à quai.

Shannon Plumb, la femme de Derek Cianfrance, a rédigé une longue tribune dans laquelle elle fustige les journalistes qui ont brisé l’embargo, responsables selon elle d’un manque-à-gagner de plusieurs millions de dollars au box-office.

Après avoir planté le décor - leur voyage à Venise pour la Mostra, où Une Vie Entre Deux Océans était en compétition, les dégustations de melon et prosciutto, les promenades de palazzo en palazzo - elle s’attaque à ceux qui ont eu l’outrecuidance de publier leurs critiques (négatives) avant la levée de l’embargo.

"Derek va sur le site Rotten Tomatoes (…) Il dit qu’il y a des mauvaises critiques pour Une Vie Entre Deux Océans. Il y avait un embargo sur les critiques du film. Personne n’était censé publier sa critique jusqu’à quelques heures avant la première. Mais il y avait cinq critiques, dont une de Variety, et la première n’était que dans deux jours. Les journalistes avaient brisé l’embargo."

Shannon Plumb n’a pas peur des mots : "Ils testaient leurs phrases comme la Corée du Nord teste la bombe atomique."

"Les critiques ne sont pas la voix du peuple", rappelle la femme du réalisateur de Blue Valentine et The Place Beyond The Pines : "Mais elles peuvent affecter la réputation et le succès du film. En écrivant en amont et avec véhémence contre Une Vie Entre Deux Océans, il y a probablement eu un manque-à-gagner de plusieurs millions de dollars le premier week-end d’exploitation."

"Derek ne dort plus la nuit. Il me dit qu’il a l’impression que quelqu’un a piétiné son cerveau", appuie-t-elle. 

La réalisatrice de courts-métrages se livre ensuite à une théorie surprenante : si les premières critiques d’Une Vie Entre Deux Océans étaient mauvaises, c’est parce que "78% d’entre elles ont été écrites par des hommes" qui sont manifestement "allergiques à la vulnérabilité". Mettant à la fois en cause la sensibilité du public masculin et la capacité de discernement du public féminin, elle affirme "Les femmes qui voient le film l’adorent"."Si un film romantique comme celui-ci ne marche pas, les chances de faire d’autres films comme celui-là vont mourir. Les critiques tuent les genres comme les chasseurs ont tué le dodo. Et beaucoup d’entre nous aiment les dodos", implore celle qui ose une comparaison avec Autant en Emporte le Vent.

Le billet de la femme de Derek Cianfrance s’achève sur une note positive : la standing ovation qu’a finalement reçu le film à Venise, "tous les gentils mots que reçoit Derek et le public qui sanglote un peu partout en Amérique", depuis que le film est sorti outre-Atlantique.

La tribune de la Shannon Plumb en intégralité ici

En France, Une Vie Entre Deux Océans sort le 5 octobre et voici la critique de Première : "Il y a comme une évidence à voir Derek Cianfrance adapter le best-seller de M.L. Stedman. Lui qui avait autopsié la fin d’une passion (Blue Valentine) et embrassé une tragique saga familiale (The Place Beyond the Pines) était tout désigné pour raconter le destin contrarié de Tom et Alice Sherbourne, ces amants magnifiques sur lequel le sort finit par s’acharner. Cianfrance le maniériste pousse tous les curseurs du mélo à fond et accouche d’une œuvre où la flamboyance de la forme n’a d’égale que la désespérance des personnages, prisonniers d’un funeste mensonge qui les ronge de l’intérieur. Après Ryan Gosling, au tour de Michael Fassbender d’incarner la virilité fragile et fétichisée par le regard sensible du réalisateur."

La bande-annonce d'Une Vie Entre Deux Océans :