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La soeur transgenre de Patricia, Rosanna et David Arquette a succombé au SIDA.

Dans la famille Arquette, il n'y a que des acteurs.

Patricia, oscarisée grâce à Boyhood ; Rosanna, qu'on a vue dans Le Grand Bleu ; David, la star de la saga Scream ; et Richmond, moins connu que ses frères et soeurs mais abonné aux petits rôles chez David Fincher. Il y avait aussi Alexis, née Robert, qui a perdu sa bataille contre le SIDA le 11 septembre 2016. Elle avait 47 ans.

Sur Facebook, son frère Richmond a annoncé la triste nouvelle et résumé en quelques mots le destin hors-norme d'Alexis Arquette : "Notre frère Robert, qui est devenu notre frère Alexis, qui est devenu notre sœur Alexis, qui est devenue notre frère Alexis, est décédé. Il était entouré par tous ses frères et sœurs, une de ses nièces et beaucoup de proches. Nous avons mis de la musique pour lui et il est mort pendant que 'Starman' de David Bowie passait. Conformément à ses dernières volontés, nous avons célébré le moment où il a changé de dimension".

Egalement actrice, Alexis laisse derrière elle des scènes marquantes dans Last Exit to Brooklyn, Of Mice and Men, Pulp Fiction et La Fiancée de Chucky, ainsi que dans un bon nombre de productions indé queer. Mais sa carrière n’a pas décollé et elle a vécu ses derniers mois dans un foyer pour personnes séropositives en grande difficulté financière.

Toute sa vie, Alexis a jonglé entre les genres et si elle demandait à ce qu’on parle d’elle au féminin, elle est morte en homme.

Retour sur son destin tragique.

En 1989, après avoir tapé dans l’œil des producteurs de Last Exit to Brooklyn, qui auditionnaient à l’origine sa sœur Patricia, Alexis décroche son tout premier rôle, celui d'un travesti. Il n’a que 17 ans mais déjà, se sent plus femme qu’homme et a laissé tomber le prénom Robert pour se produire en tant que drag-queen sous le pseudonyme Alexis, féminin dans le monde anglo-saxon.

Son meilleur ami Sham Ibrahim, lui-aussi adepte des spectacles transformistes, se souvient de la frustration d’Alexis dans un entretien accordé au Hollywood Reporter : "Les réalisateurs et les producteurs l’évitaient. Avec le talent qu’elle avait et étant née dans une famille aux nombreuses opportunités, elle était légitimement en colère de ne pas avoir le succès et la notoriété espérés. Partout où nous allions, et surtout dans les clubs rock hétéros de Hollywood Boulevard, les types ne pouvaient juste pas supporter ça. Les gens lui jetaient carrément des objets à la figure, la traitaient de monstre".

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"Sa carrière a été abrégée non pas par sa mort, mais par la décision qu’elle a prise de vivre sa vérité et sa vie de femme transgenre. Malgré le fait qu’il y ait peu de rôles pour les personnes transgenres, elle a refusé de jouer ceux qui étaient avilissants ou stéréotypés. Elle a été avant-gardiste dans la lutte pour la compréhension et l’acceptation des personnes transgenres (…) Alexis a toujours fait les choses avant les autres. Elle est partie avant que nous soyez prêts à la laisser partir", confirme Patricia Arquette dans un bel hommage publié le lendemain de sa mort.

Malgré le manque de reconnaissance du grand public, Alexis célèbre toute sa vie son indentité et ses ambiguités avec fierté, ce qui lui vaut d’être considérée comme une des pionnières transgenres. Charismatique et extravertie, elle collectionne les amants dans la scène LGBT, mais pas seulement. "Les hommes l’adoraient, les femmes l’adoraient. Elle a eu plein d’amants, un vrai harem. Même des stars du cinéma étaient attirés par elle - des mecs hétérosexuels - grâce à son look androgyne", confirme Sham Ibrahim.

En 2007, elle décide de devenir officiellement une femme et de filmer son changement de sexe dans le documentaire Alexis Arquette: She's My Brother présenté à TribeCa. Mais les producteurs ne s’intéressent qu’aux détails croustillants et le tournage est une catastrophe. "Elle se demandait pourquoi les gens se préoccupaient autant de ce qu’elle avait dans le slip. Et si vous voulez des détails explicites, elle était très bien dotée et je ne pense pas qu’elle voulait se couper le truc. Je ne crois pas qu’elle en avait la moindre intention", affirme Sham Ibrahim. En 2013, alors qu’elle est très affaiblie par le HIV, qu’elle a contracté il y a une vingtaine d’années, Alexis confie ses doutes à son ami de toujours, et commence à se présenter à nouveau comme un homme : "Le genre c’est des conneries, c'est ce qu'elle disait. Elle disait qu’enfiler une robe ne changerait jamais rien d’un point de vue biologique. Pas plus qu’un changement chirurgical de sexe. Elle disait qu’une réattribution de son sexe de naissance était physiquement impossible. Tout ce que vous pouvez faire c’est adopter des attributs superficiels mais la biologie ne changera jamais."

Lors de sa dernière apparition publique en avril dernier à la convention annuelle organisée par la célèbre drag-queen Ru Paul, c’est amaigrie mais vêtue d’habits masculins, ses longs cheveux rasés, qu’Alexis Arquette a tiré sa révérence.