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A quoi ressemblait une actrice à succès en 1955, en 1965, en 1975, en 1985, en 1995, en 2005 et en 2015 ?

Par le nombre de leurs récompenses, par le montant de leurs cachets, par leurs succès au box-office, par leur présence médiatique, ces actrices ont marqué leurs décennies respectives. Mais qu'est-ce qui fait une star de son époque ? Qu'est-ce qui distingue l'icône des années 60 de la superstar de 2015, la chouchoute des eigthies de l'actrice la plus bankable des années 2000 ?

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Marilyn Monroe, le sex-symbol fragile

Il est logique de commencer cette rétrospective à l'époque de Marilyn Monroe, considérée comme la première vraie star hollywoodienne. Une enfance malheureuse, un cœur d'artichaut, un sourire désarmant et des looks de pin-up blonde aux courbes renversantes : le sex-symbol qui a connu trois mariages, trois divorces et des dizaines de romances médiatisées avec les acteurs, les sportifs et les politiciens les plus en vue de l'époque, possède ce mélange de séduction et de fragilité qui fascine. "Bankable" comme on dit aujourd'hui, l'héroïne de Niagara, Sept ans de réflexion ou Les Hommes Préfèrent les blondes a fait de son image une marque, malgré elle.

Si l'ascension a été fulgurante pour l'icône de la pop culture immortalisée par Andy Warhol, Marilyn Monroe n'a jamais été heureuse et sa fin tragique contribue à faire d'elle une étoile éternelle.

 

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Romy Schneider, l'étoile triste

La plus grande icône des années 60 est allemande. Après des débuts, à peine sortie de l'adolescence, dans la trilogie consacrée à l'Impératrice Sissi qui bat tous les records, Rosemarie Magdalena Albach de son vrai nom délaisse les grandes fresques romantiques pour des rôles plus complexes. Sa rencontre avec Alain Delon est décisive : ils tombent amoureux et le jeune premier français lui conseille d'apprendre l'italien, afin de faire carrière en Europe. Hollywood a l'oeil sur la "petite fiancée du monde" et en 1962 la Columbia lui propose un contrat de 7 ans. Après le succès du Cardinal, d'Otto Perminger, elle est acclamée pour sa performance dans Le Procès d'Orson Welles. Mais Romy Schneider est malheureuse dans la Cité des Anges, loin d'Alain Delon, et ne parvient pas à s'adapter à la méthode Actors Studio. Quittée pour une autre femme, elle revient à Paris, anéantie, et refait sa vie dans l'ombre avec le metteur en scène allemand Harry Meyen. La suite, on la connaît : marquée par les divorces et les décès, malgré un nouvel essor au cinéma dans les années 70 grâce à La Piscine, elle sombre dans la dépression, les excès, l'alcool et les barbituriques.

 

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Faye Dunaway, la légende

Révélée en 1967 par le cultissime Bonnie and Clyde, modèle de sophistication, d'élégance froide et de grâce, Faye Dunaway marque les années 70 grâce à sa participation à un nombre impressionnants de films majeurs comme L'Affaire Thomas Crown, Chinatown, La Tour Infernale, Les trois jours du condor, ou Network, main basse sur la télévision, pour lequel elle est oscarisée. Actrice réputée difficile, souvent en concurrence avec Jane Fonda, qu'on dit plus "malléable", Faye Dunaway gère sa carrière comme elle l'entend, refusant des rôles qui ne l'inspirent pas, ou simplement lorsqu'elle ne ressent pas l'envie de jouer. Si elle se met à dos un bon nombre de réalisateurs et de partenaires – Roman Polanski en tête – tous saluent son professionnalisme et sa rigueur. Pleine de mystère, Faye Dunaway a l'aura d'une grande star, tout en ayant rejeté les codes du star-system.

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Meryl Streep, le talent

Considérée comme une des meilleures actrices de tous les temps, Meryl Streep a failli ne pas être actrice du tout.

Ni très jolie, ni sexy, notamment recalée pour ces raisons du casting de King Kong, la jeune femme passionnée d'art et cultivée qui a fait ses débuts au théâtre rompt avec ces générations d'actrices qui étaient également des icônes glamour. La justesse de son jeu, la subtilité de ses émotions, son intelligence, sa capacité à s'effacer derrière ses personnages, sa délicatesse, en un mot, son talent, voilà ce qui a permis à Meryl Streep de se faire un nom avec Holocauste puis Voyage au bout de l'Enfer. En 1985, elle a déjà deux Oscars - un pour Kramer contre Kramer avec Dustin Hauffman et un pour le drame Le Choix de Sophie - et si elle semble au sommet, la suite de son parcours sera tout aussi glorieux. Le tout sans jamais intéresser les tabloïds.

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Julia Roberts, la petite fiancée de l'Amérique

De la fraîcheur, une cascade de boucles rousses et un sourire irrésistible : quand Julia Roberts, 21 ans, débarque au cinéma dans le film indépendant Mystic Pizza, le public est immédiatement sous le charme.

Le succès ne se fait pas attendre : l'année suivante, elle joue dans le drame Potins de Femmes, qui lui vaut sa première nomination aux Oscars (Meilleure Actrice dans un Second Rôle) et explose en 1990 grâce à Pretty Woman. La comédie romantique culte où elle campe une prostituée au grand cœur fait d'elle une superstar (et lui rapporte une nouvelle nomination aux Oscars). Avec son capital sympathie énorme, Julia Roberts fait carton sur carton au box-office et s'impose comme la première star du registre de la comédie romantique, tout en s'essayant, avec succès, au thriller. Tout semble lui réussir et même ses histoires d'amour aux airs de montagnes russes, dont se régale la presse people, ne parviennent pas à enlever cet immense sourire de son visage. L'air de rien, en 2000, elle devient la première femme à passer la barre des 20 millions de dollars de cachet par film avec Erin Brokovich, qui lui apporte également ce qui lui manquait : l'Oscar.

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Jennifer Aniston, la bonne copine saine et sympa

Jennifer Aniston confirme la tendance amorcée par Julia Roberts : la star doit désormais avoir l'air accessible et gentille. En 2005, le dernier épisode de la série Friends a été diffusé un an plus tôt et tout le monde la connaît en tant que Rachel, personnage auquel les spectateurs ont eu le temps de s'attacher pendant dix ans.

Ni belle, ni moche (mais mince et bien arrangée), des rôles interchangeables dans des romcoms girly qu'on confond entre elles (Polly et moi, La rumeur court, Friends with money...) : l'actrice ne fait pas rêver, et pourtant... Elle squatte les couvertures des magazines, est une icône capillaire et peut se vanter d'être la star féminine la mieux payée du moment. Pas de scandales ni de coups d'éclat, une hygiène de vie irréprochable, comment détester Jennifer Aniston ? Le public s'identifie encore plus à cette bonne copine people lorsque Brad Pitt la quitte pour Angelina Jolie, bien moins lisse, bien moins fréquentable et beaucoup plus sulfureuse.

 

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Jennifer Lawrence, la bonne copine politiquement incorrecte

Dix ans plus tard, c'est encore une Jennifer qui tutoie les sommets hollywoodiens. Comme Aniston, Lawrence est une bonne copine, nature et rigolote, malgré son Oscar obtenu à 23 ans pour Happiness Therapy. Mais alors qu'on aurait plutôt envie de faire du yoga avec la star de Friends, c'est l'héroïne de la saga Hunger Games qu'on appellerait pour aller en soirée.

Jennifer Lawrence adore manger, surtout de la junk food, jure comme un charretier, gaffe, chute sur red carpet et le monde entier l'a vue dans des positions compromettantes lorsque son smartphone a été hacké en septembre 2014. Cool, voire trash, mais talentueuse. 

En réalité, J-Law passe son temps à faire le grand écart : elle alterne blockbusters (Hunger Games, X-Men) et cinéma d'auteur (David O. Russell surtout, dont elle est l'actrice fétiche), tapis rouges glamour et no look au quotidien, dégaine de femme fatale pour les shootings Dior ou d'ado déchaînée sur Instagram, en train de faire la tournée des bars avec Amy Schumer. Résultat, tout le monde l'adore.