The Dark Knight
Warner Bros

Le blockbuster de Christopher Nolan fête ses dix ans.

En 2008, nous nous demandions sur Première si The Dark Knight était le meilleur film d’été de tous les temps. La question, qui peut faire sourire aujourd’hui, est à replacer dans son contexte : à l’époque de sa sortie, "TDK" n’avait pour seuls véritables concurrents que le passable L’incroyable Hulk et le fun Iron Man- films inaugurant la phase de lancement de l’univers cinématographique Marvel. Avec le recul, on peut affirmer que, oui, en 2008, TDK surclassait les blockbusters (superhéroïques) estivaux passés et présents, y compris Batman Begins, geste inaugural de la franchise sorti quatre ans plus tôt qui avait fait de Christopher Nolan le cinéaste le plus en vue d’Hollywood. 

 

Les films de Christopher Nolan classés du pire au meilleur

Batman Begins avait laissé entrevoir le potentiel de noirceur applicable au film de super-héros en prenant modèle sur les bandes dessinées ultra dark de Frank Miller. Avec TDK, Nolan enfonce le clou. Batman passe presque au second plan de l’intrigue et laisse la vedette à Harvey Dent, alias Double-Face (procureur intègre le jour, criminel impitoyable la nuit) et surtout, au Joker, l’un des plus spectaculaires bad guys de l’histoire de la pop culture. La force de TDK tient pour l’essentiel à la puissance d’incarnation du Joker par Heath Ledger, totalement possédé par son rôle au point de s’être enfermé six semaines dans une chambre d’hôtel pour devenir littéralement ce psychopathe grimé en clown. La légende veut que son travail de composition dingo sur le Joker aurait précipité sa déchéance psychologique et abouti à sa mort par overdose médicamenteuse. Au-delà du tragique fait divers, la performance de Ledger reste à ce jour inégalée et une référence pour toute une génération d’acteurs. Une revanche posthume pour celui dont les fans ne voulaient initialement pas dans la peau du superméchant iconique de DC Comics.

The Dark Knight : la performance inégalée d'Heath Ledger en Joker

Le 20 février 2009, The Dark Knight franchit la barre symbolique du milliard de dollars de recettes monde. Il intègre alors le club très fermé des "quatre", qu’il forme avec Titanic, Le Retour du Roi et Pirates des Caraïbes 2. Désormais 35e (!) de ce classement (derrière sa suite, The Dark Knight Rises, 23e), TDK, film de genre en prise avec son époque (terrorisme, Mal aux contours flous) a profondément marqué l’histoire récente du blockbuster et imposé des normes de récit qui infusent à la fois le film de super-héros, le thriller, voire le film d’action. Pour juger de son influence, il n’y a qu’à lire la réflexion récente de Joss Whedon décrétant que TDK méprisait le genre auquel il était censé appartenir. « C’est autant un film de super-héros que peut l’être Le Parrain ! (…) Je n’étais pas prêt pour voir un traitement post-moderne du sujet. » Son Avengers, fun et décomplexé, sera donc l’anti-TDK et la preuve que tous les blockbusters contemporains se définissent par rapport à l’univers parfaitement codifié de Christopher Nolan.   

Christophe Narbonne