SONY
Sony
DR
DR
DR
DR

En novembre 2013, Tom Hanks revenait sur sa carrière dans les pages de Première, détaillant notamment pourquoi il aime tant jouer des hommes ordinaires, professionnels, solitaires... et parfois orgueilleux.

Le professionnel

"Que ce soit Phillips, Lovell, le capitaine Miller ou Chuck Nolan, mes personnages sont rarement là par hasard. On ne part pas dans l'espace sur un coup de tête. Tu ne deviens pas marine ou ranger comme ça. Ces mecs ont bossé, connaissement leur métier, suivent des règles. L'histoire d'Apollo 13 est fascinante pour cette raison-là. Une fois que l'équipage est parti, tout est allé de travers, plus rien n'a fonctionné comme prévu. Et l'acte d'héroïsme de cette histoire, au fond, c'est que l'équipage ait continué de croire à la procédure. Lovell m'avait expliqué que, coincé là-haut, il avait eu l'impression de jouer une partie de solitaire : 'le seul truc qu'on pouvait faire c'était de retourner les cartes, espérer trouver une nouvelle combinaison et prier pour avoir une bonne main à l'étape suivante'. Ils trichent avec la mort, mais pas avec le système. Leur seul atout, au fond, c'est l'expérience et ce qu'ils affrontent peut être vu à chaque fois comme un test de leur expertise et de leur compétence. Phillips avant l'assaut des pirates est un peu dur, énervé contre son équipe et très à cheval sur la sécurité et les entorses aux règles, le je m'en foutisme des marins. Mais une fois dans la tourmente, il n'a plus qu'un but : sauver ses hommes et, si possible, sauver sa peau".

Le solitaire

"Beaucoup de mes personnages sont finalement confrontés à la solitude. Face à soi-même, isolé, on est nu. La forteresse de la solitude permet de se confronter à ses responsabilités. Evidemment, rentre dans le choix de ces rôles une part de plaisir pour l'acteur. Etre seul en scène est un bonheur égocentrique, mais sur Seul au monde, je me suis quand même rendu compte que tu étais privé de l'inspiration qu'apporte un partenaire. Il y a une solitude qui rend presque fou ; tu n'as plus conscience de la caméra, et ton rôle n'a plus de début, plus de fin.
Au fond, cette solitude me ramène à autre chose. Il y a très longtemps, quand j'étais encore à la fac et que je commençais à m'intéresser au théâtre, un comédien à qui je dois beaucoup, Vincent Dowling, m'avait fait remarquer que toutes les plus grandes pièces du répertoire parlent de solitude. Ce fut une illumination. Prends les plus grands textes de Eugene O'Neill, les pièces de Shakespeare, Richard III, Hamlet... ce sont des portraits d'hommes seuls contre le système ou leurs familles. Idem pour les textes sublimes de Thornton Wilder. C'étaient les textes qui m'attiraient à l'époque et ce sont ceux que j'aime encore aujourd'hui. Quand Nolan ou Rich Phillips sont confrontés à la solitude ils font face à leur responsabilité. Et là, on peut s'identifier. Il n'y a pas qu'un seul élément ou qu'une seule caractéristique qui puisse définir les grands drames (de la littérature ou du cinéma). Mais à bien y regarder, le pouvoir de la fiction est de nous faire réaliser qu'on ne veut pas être seul. On veut être en connexion avec les autres, on veut partager nos expériences, nos peines, nos bonheurs. La solitude, au fond, c'est le désespoir. Et c'est peut-être à ce moment-là qu'on mesure l'humain".

L'orgueilleux

« J?ai l?impression qu?il y a toujours une part d?hybris dans mes personnages. Ils suivent les règles, mais à un moment donné, ils doivent prendre une décision et c?est là qu?on mesure leur courage ou leur folie. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, en faisant mes recherches pour <em>Apollo 13</em>, je me suis rendu compte que les astronautes étaient des gens très rigoureux, obsédés par les règlements, mais que c?étaient aussi d?incroyables compétiteurs. Lovell n?allait sûrement pas rater sa chance de fouler la lune. Quand il décide d?y aller malgré l?absence de Ken Mattingly <em>(le personnage de Gary Sinise)</em>, on peut voir ça comme un acte égoïste, mais à mon avis, c?est le moment où il joue avec le sort. Il le sait, mais c?est à ce prix là qu?il sort du lot. C?est comme dans <em>Rush</em>, le nouveau film de Ron Howard. Quand Lauda dit <em>« A 20% de chance de mourir je fais la course, à 21% je reste au stand »</em>, c?est ce qui anime parfois les gens. Mes personnages font leur job, savent prendre des risques, mais jamais à n?importe quel prix. C?est Lauda contre Hunt, et je suis du côté de Lauda. Hunt me paraît un peu trop inconscient ».

L'homme de la rue

"James Stewart disait : 'les gens peuvent s'identifier à moi alors qu'ils rêvent d'être John Wayne'. Ca me parle. Si je regarde ma filmographie de manière lucide, je vois bien que j'ai toujours tendance à ramener les éléments mythologiques des histoires à leur dimension humaine. J'ai joué beaucoup de personnages réels et ordinaires qui n'ont rien de spécial. Sans doute parce que je ne suis pas spécial, j'aime incarner des gens dont je sais que j'aurais pu agir comme eux. Du coup, quand on me dit que je joue toujours des héros, j'ai du mal à comprendre. Avant de tourner le film, j'avais vu une interview de Richard Phillips à qui l'on demandait précisément ce que ça faisait d'être un héros. Sa réponse m'avait plu : 'les héros, moi, je les attendais ; je me suis contenté de faire mon job. Protéger le bateau et la cargaison, tenter de faire partir les pirates sans que personne ne soit blessé ou tué.' Ce sont ces personnages qui m'intéressent. Des types qui font ce qu'on attend d'eux à un moment donné. On m'a souvent demandé pourquoi dans Ryan, les mains de mon personnage tremblaient. C'est ce qu'il avait vu en Afrique du Nord, les combats et les massacres auxquels il avait assisté qui l'avaient traumatisé. Qu'il doive contrôler ces spasmes : c'était ça pour moi, son véritable héroïsme. Je ne me vois pas incarner des super héros ou des personnages de film d'action. Je suis plus à l'aise dans les baskets de types comme toi, comme moi ou comme ce type (il désigne un serviteur de l'hôtel). Tu as vu à quoi ressemble le vrai Phillips ? On a le même âge, la même silhouette, il est bon dans son métier comme je pense être bon dans le mien. Quand j'ai lu le script et que j'ai vu la tête de Rich, je me suis dit :' ça, ce type-là, je peux le faire'."

Tom Hanks reviendra dimanche soir dans Capitaine Phillips.

Pour définir Capitaine Phillips, autant demander à Tom Hanks. C'est ce que Première a fait à la sortie du film de Paul Greengrass, fin 2013. A l'occasion de sa rediffusion dimanche soir sur France 2, nous republions ses propos.

"C’est simple : c’est Apollo 13 qui rencontre Seul au monde avec un peu de Il faut sauver le soldat Ryan". Soit, un film d’équipe menacée, un survival, et un classique hyperréaliste et spectaculaire. Un chef d’œuvre ? Pas loin. Mais Capitaine Phillips marque surtout le vrai retour de Tom Hanks. Acteur de comédies gentilles devenu héros de mélo oscarisés, depuis 10 ans (Le Terminal exactement), on avait oublié que ce comédien surdoué est réellement génial lorsqu’il incarne des types ordinaires plongés dans des situations démentes. Son Richard Phillips, capitaine de marine marchande qui sauve son équipage de pirates somaliens est d’ores et déjà l’un des sommets de sa filmo. Il suffit de voir son regard plein de pitié lorsqu’il explique à ses ravisseurs qu’ils n’ont aucune chance de s’en sortir pour comprendre l’horreur de la situation ; ou de le mater face à l’infirmière qui panse ses plaies et lui demande si tout va bien. En un plan, un tremblement, une fêlure dans la voix, Hanks fait passer toute la détresse de son personnage. Les critiques américaines parlent de Phillips comme d’un nouveau sésame pour les Oscars. Ils ont raison. Mais ce personnage est d’abord le cousin de Chuck Nolan (le héros de Seul au monde), de Jim Lovell (son personnage d’Apollo 13) ou du capitaine Miller (Il faut sauver le soldat Ryan), un capitaine (encore un) qui vient nourrir une filmo de mecs ordinaires pas si communs. C’est la raison pour laquelle on a demandé à l’acteur de définir les qualités de ses personnages en quête de hauteur. Voici à quoi ressemble un héros hanksien.
Gaël Golhen

Tom Hanks était un grand fan de Johnny Hallyday

Bande-annonce de Capitaine Phillips :