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 àPeter Devereaux (aucun lien de parenté avec le héros de Welcome to New York, malheureusement) est un agent de la CIA, c’est à dire : un espion dont on connaît le nom et le grade, comme James Bond. Le début de The November Man nous présente une mission qui tourne mal, malgré ses efforts il ne peut empêcher une bourde monumentale de son équipier, Mason. Si ça vous rappelle le début de Goldeneye c’est normal.Cela ne s'arrête pas là puisque le personnage a exactement la même trajectoire. En effet, quelques années après, Mason devient son adversaire. Les « retrouvailles » des désormais ennemis arrivent plus tôt que dans le James Bond de 1995 mais le schéma est précisément le même. Chacun se retrouve face à l'autre (mais ici, les deux sont à égalité niveau surprise). Rappelons que dans Goldeneye, son ex-coéquipier Alec Trevelyan (Sean Bean) feignait sa mort pour mieux revenir et en faire baver à l'espion. Pour couronner le tout, Mason est joué par Luke Bracey. Blond, air renfrogné, athlétique : le petit cousin de Sean Bean, c’est lui.La Mission (attention spoilers)La « mission » du héros de The November Man est de déjouer un complot qui implique la CIA et le futur chef d'état de la Russie. Sauf qu'il est isolé et doit se débrouiller par ses propres moyens, tout en échappant aux différents ennemis qui le recherchent activement. La routine chez 007, vous l'aurez compris. Mais, et c'est là que l’utilisation de Brosnan devient machiavélique, le film récupère aussi des éléments des James Bond de Daniel Craig, notamment Casino Royale et Quantum of Solace. Dans ces films, 007 était à la fois motivé par la mission mais aussi (surtout ?) un désir de vengeance suite à l'assassinat de « la seule femme qu'il ait jamais aimée ». Banco, c'est aussi ce qui arrive au personnage de The November Man qui voit un de ses amours passés se prendre une balle en pleine tête sous ses yeux. C’est à partir de là qu’il décide de s’activer alors qu’il était à la retraite, comme Bond-Craig après la mort de Vesper.Olga en James Bond GirlLa jeune fille en détresse, c'est Alice Fournier. Sauf que comme toute James Bond Girl qui se respecte, elle n'a rien d'une damsel in distress qui attend qu'on vienne la délivrer. En réalité, c'est elle-même une ancienne victime de tortionnaires qui s'est fait passer pour morte (grand thème de l'espionnage au cinéma depuis toujours) avant d'usurper une autre identité histoire qu'on la laisse tranquille. La jeune femme est jouée par Olga Kurylenko. C'était déjà elle qui jouait la James Bond girl dans le navrant Quantum of Solace. Sauf que bien sûr, la ressemblance ne s'arrête pas qu'au physique de l'actrice. Les deux personnages ont plusieurs points communs. Dans Quantum of Solace, le personnage d’Olga avait également usurpé une identité pour accomplir sa vengeance. Plus précisément exécuter l'homme qui avait tué ses parents et violé sa mère. Il s'agissait d'un général devenu dictateur. Ici, la jeune femme veut... exécuter le général devenu homme d'état qui a tué ses parents avant de la violer elle-même sur une longue période lorsqu'elle était sa prisonnière. Pire : dans les deux cas, les retrouvailles du personnage avec son agresseur commencent par une nouvelle tentative de viol. On notera que la version The November Man est plus civilisée puisque la jeune femme préfère la justice à la vengeance pure et dure. De la même façon, James Bond-Brosnan a mûri, et préfère convaincre Mason-Valentin de l'aider plutôt que de le tuer en souvenir du bon vieux temps.Last but not least : lorsque le boss de fin lui explique qu'il a fait tout ça pour avoir un moyen de pression sur les Russes et que ça pourrait amener un nouvel équilibre niveau géopolitique, l'Homme de Novembre a une réplique plutôt drôle : « moi je préférais comme c'était avant ». Double sens amusant puisque 1) avant, niveau carrière, Pierce Brosnan était une vraie tête d'affiche 2) avant, niveau James Bond, la période guerre froide correspond à des grands crus. La boucle est bouclée.Yérim SarThe November Man de Roger Donaldson avec Pierce Brosnan, Olga Kurylenko, Luke Bracey sort aujourd'hui dans les salles