DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR
DR

The Duke of Burgundy, l'Empire des sens, La Secrétaire : 15 films plus BDSM que 50 nuances de Grey

(1972) Les Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder

Ce huis clos psychologique intense enferme une jeune mannequin en devenir dans l'antre d'une styliste réputée et manipulatrice. Au milieu d'un décor baroque et surchargé, ces femmes vont nouer une relation ambiguë et destructrice. Un leg SM plein de froufrous et de symboles luxurieux signé par Rainer Werner Fassbinder, qui adapte ici sa propre pièce de théâtre.

(1974) Portier de nuit de Liliana Cavani

Particulièrement dérangeant, longtemps interdit puis finalement adulé par la critique, ce film clé des années 70 raconte la relation licencieuse d'un nazi et de son amante, une déportée juive. Cette vision sexualisée du nazisme et du syndrome de Stockholm s'incarne à travers plusieurs scènes mythiques notamment celle du cabaret nazi. Si c'est l?occasion de vérifier si les SS aimaient le cuir, c'est aussi un bon moyen d'admirer le talent de Charlotte Rampling dans un de ses grands rôles.

(1975) Histoire d’O de Just Jaeckin

Cette adaptation du roman français érotico-SM du même nom a été réalisée par le responsable d'Emmanuelle. O, une jolie jeune fille va accepter de se laisser réduire petit à petit en esclavage pour satisfaire les goûts les plus inavouables de son amant René et de son club d'amis libertins. Référence du genre, Histoire d'O se plait à exhiber avec délectation coups de fouets, fer rouges et autres formes de domination particulièrement saugrenues. Histoire d'O pourrait passer pour un fantasme misogyne peuplé de nymphettes naïves et soumises, pourtant le roman a été écrit par une femme, Anne Cécile Desclossous le pseudo de Pauline Réage, qui y dressait une parabole de l'amour mais aussi l'occasion d'ouvrir les portes du registre érotique aux plumes féminines. Plus indécents et plus dérangeants, mais aussi peut-être plus féministes que 50 Nuances de Grey, Histoire d'O et son adaptation sont désormais des classiques.

(1976) L’Empire des sens de Nagisa Ōshima

On ne présente plus ce film franco-japonais culte qui suit la décadence extrême d'un couple accroc au sexe trash. Voyeurisme, strangulation, scarification, c'est peut-être le plus large éventail des pratiques SM au sens large qu'on ait eu l'occasion de voir au cinéma, un véritable festival du vice au milieu d'un décor raffiné et voluptueux. Là encore cette histoire d'amour est une réflexion sur le plaisir des sens et ses limites les plus extrêmes.

(1986) Blue Velvet de David Lynch

La curiosité est un vilain défaut et ce n'est pas l'étrange histoire de Jeffrey Beaumont qui prouvera le contraire. Ce jeune homme à la recherche du propriétaire d'une oreille en décomposition qu'il a trouvée dans un champ va descendre en apnée dans un univers de débauche hypocrite, de sadisme presque surréaliste et de voyeurisme morbide. Tout est décadent et torturé dans ce thriller énigmatique de <strong>David Lynch</strong> dont la mise en scène feutrée et malsaine épie les pratiques les plus frivoles de la bourgeoisie. Si bien que les plus SM dans cette histoire ce sont les spectateurs.attribute_separationhr|"> 

(1990) Attache-moi de Pedro Almodóvar

L'esprit retors d'Almodovar s'est illustré à travers la plupart de ses oeuvres (La piel que habito, Tout sur ma mère) mais peut-être qu'Attache-moi est la plus SM. Dans ce film, Ricki (Antonio Banderas), un marginal fraîchement sorti d'un asile psychiatrique séquestre Marina (Victoria Abril) et la ligote pour lui prouver son amour et provoquer le sien. C'est le début d'un cocktail explosif d'amour, de sexualité et de coups vaches qui n'ont rien à envier aux ébats de Christian Grey et Anastasia Steele.

(2001) La Pianiste de Michael Haneke

On connaissait déjà les savoureux penchants psychopathes d'Isabelle Huppert dans La Cérémonie de Claude Chabrol, La Pianiste lui permet de gagner d'autres points "evil". Professeur de piano psychorigide et d'apparence respectable, elle ne prend son pied qu'en épiant les ébats des autres ou en se mutilant. Cette femme morbide va tisser une relation SM psychologique particulièrement cruelle avec son élève, (Benoit Magimel) dans la mise en scène froide et crue qui a fait la renommée du réalisateur de Funny Games.

(1999) Audition de Takashi Miike

Film particulièrement fascinant et pervers, Audition raconte l'histoire d'un célibataire d'âge mur qui tombe passionnément amoureux d'une jeune musicienne fragile au passé trouble. Au fur et à mesure qu'il en devient accroc, sa romance idyllique va se transformer en véritable film d'horreur, jusqu'à ce qu'il devienne la victime d'une impressionnante palette de tortures fétichistes dont nous ne dévoilerons rien ici.

(2002) La Secrétaire de Steven Shainberg

Cette comédie grinçante et un peu provoc' qui donne vie au mythe de la secrétaire masochiste soumise à son patron lubrique a marqué les esprits au fer rouge. A la suite d'une fessée administrée par son patron (James Spader), la timide Lee Holloway (incarnée par la géniale Maggie Gyllenhaal) va prendre goût à la punition et instaurer avec son supérieur, une relation SM aussi cocasse qu'inventive. Un film rafraîchissant aux situations délirantes et dans lequel certains ont vu une habile critique du patriarcat. Le patron dominateur se prénomme Grey et ce n'est pas un hasard, puisque cette histoire aurait inspiré 50 Nuances de Grey.

(2013) R100 de Hitoshi Matsumoto

Cette comédie japonaise déroutante raconte l'histoire d'un vieux garçon en manque de sensation forte qui signe un contrat avec une mystérieuse agence BDSM. Ce contrat d'un an, strictement irrévocable, va lancer à ses trousses une tribu de dominatrices particulièrement inspirées. Tour à tour, elles lui feront subir des humiliations quotidiennes de manière aussi imprévisible qu'intrusive. Crachat, cravache, bondage, gobage... ce pauvre homme n'est pas au bout de ses surprises, et les spectateurs non plus. Un film SM aussi généreux que bordélique.

(2013) La Venus à la fourrure, de Roman Polanski

Tout comme le Marquis de Sade a donné son nom au sadisme (le fait d'aimer faire souffrir), son pendant masochiste (le fait d'aimer souffrir) vient tout droit de Leopold von Sacher-Masoch, auteur de La Vénus à la Fourrure. Ce roman sulfureux, paru en 1870, a inspiré à Roman Polanski cette adaptation très libre où il abandonne Mathieu Amalric dans les griffes d'Emmanuelle Seigner. Peu à peu, son personnage va devenir le joujou soumis de la féline Wanda dans un huis clos théâtral électrique. Cuir, humiliations variées et fourrures voluptueuses ne seront pas en reste. A noter que l'histoire masochiste la plus célèbre a été adaptée de nombreuses fois au cinéma, et d'une manière un peu plus fidèle en 1995 dans Venus in Furs deMaartje Seyferth et Victor Nieuwenhuijs.

(2015) The Duke of Burgundy de Peter Strickland, prochainement au cinéma

Après l'énigmatique Berberian Sound Studio, le réalisateur britannique Peter Strickland propose une histoire malsaine à propos d'une lépidoptériste (spécialiste des papillons) austère qui entretient une relation sadomasochiste avec sa jeune femme de ménage. La mise en scène est vintage et voluptueuse, le script tout à fait malsain. Séduit, notre critique Frédéric Foubert note que "Strickland parvient à dépasser la vignette nostalgique et donne enfin vie à ses fantasmes rétro, il invente un cinéma hors du temps, hors du monde, un monde de cinéma suprêmement voluptueux". En naviguant entre l'hommage aux films saphiques de Jess Franco et l'expérimentation pleine de panache, The Duke of Burgundy est la preuve que le 7 éme art n'est pas prêt de ranger les cravaches au placard. 

(2012) American Mary de Jen Soska et Sylvia Soska

Ce film d'horreur hybride parfumé de bout en bout d'une atmosphère SM raconte les exploits de Mary Mason une brillante étudiante en médecine qui emploie ses talents dans des petits boulots clandestins. Peu à peu, ses exploits chirurgicaux vont lui faire un nom et l'attirer dans l'univers particulièrement excentrique de la modification corporelle. Suspensions, scalpels, aiguilles, opérations douteuses ou échanges de membres, toute forme de torture clinique est ici sexualisée à l'extrême au sein d'une mise en scène ensorcelante. Un film maso original défendu par la fabuleuse Katharine Isabelle sous la coupe de deux soeurs jumelles freaks venues du cinéma indépendant canadien.

(1963) Le Corps et le Fouet de Mario Bava

Toujours en avance pour exploiter les thématiques sordides, le réalisateur du Masque du Démon, signe le plus vieux film SM de ce classement, au titre tout à fait évocateur. Dans Le Corps et le Fouet, le conte  sadique Kurt Menliff (Christopher Lee au sommet de sa forme) a la fâcheuse manie de fouetter et d?infliger toutes sortes de tortures physiques ou mentales à sa demie-s?ur Nevenka qui va en perdre la boule. Leur relation d?amour-haine schizophrénique au sein d'un manoir gothique se poursuivra d'une manière surnaturelle.

(1990) Singapore Sling de Nikos Nikolaïdis

Singapore Sling, un amoureux transit cherche sa femme qu'il a perdue depuis des années et tombe un beau jour entre les mains de deux succubes échevelées qui le séquestrent et lui font subir toute une galerie de sévices sexuels. Déluge d'humour noir et d'excès provocateurs dans un décor complètement fou, ce film grec hésite entre l'expérimental et le surréalisme, véritable concentré de chaîne, de sang, de bondage et d'expériences gustatives malheureuses. Son côté résolument jusqu'au-boutiste lui permet de défendre chèrement sa place dans ce classement. 

Mentions spéciales :

Alors qu'il est impossible de lister tous les grands moments sadomasos du cinéma grand public, nous ne saurions que conseiller aux amateurs du genre d'aller jeter un coup d'oeil au fameux mélodrame érotique Dernier Tango à Paris dans lequel Marlon Brando fait des miracles avec une plaquette de beurre. On n'oubliera pas non plus les nombreux biopic sur le marquis de Sade et ses oeuvres (Quills, la plume et le sang, Salo Les 120 jours de Sodome), les perles du cinéma déviant japonais (Bondage, Tokyo Decadence) et les films d'exploitation érotique du très prolifique Jess Franco (Sadomania,Eugénie de Sade...).
Les plus cinéphiles apprécieront quant à eux toute la dimension sadique et homo-érotique qui se dégage du court-métrage Fireworks de Kenneth Anger ou encore les subtiles pulsions masochistes qui poussent Catherine Deneuve à se prostituer dans Belle de Jour de Luis Bunuel.  Plus récemment, on a aperçu Béatrice Dalle en policière perverse en train de fouetter joyeusement Eric Cantona dans Les Rencontres d'Après Minuit. Enfin, chez Lars Von Trier, <Charlotte Gainsbourg éprouve un plaisir malsain à se faire torturer par un dominateur totalement psychorigide dans Nymphomaniac - volume 2....

Bonus: Pig, de Rozz Williams et Nico B. (1998)

Ce court-métrage très peu recommandable est un film expérimental gothique dans lequel feu Rozz Williams, ancien chanteur décadent et héroïnomane du groupe Christian Death inflige des tortures satanistes et BDSM particulièrement déviantes à son petit ami de l'époque. La légende raconte que ces tortures seraient réelles et consenties. Toujours est-il que la teinte verdâtre maladive, les effusions de sang et l'ambiance muette glauquissime de Pig en font définitivement le film choc du classement. A ne pas mettre sous les yeux de n'importe qui.

Cinquante Nuances de Grey sera à l'honneur ce week-end à la télévision.

Mise à jour du 1er décembre 2017 : Alors que TF1 programme pour la première fois en clair Cinquante nuances de Grey, dimanche soir, retour sur 15 films bien plus sado-masochistes que l'histoire imaginée par E.L. James.

Le Petit Cochon : Dakota Johnson et Jamie Dornan s'aiment et se fouettent dans 50 Nuances de Grey

Diaporama du 22 juin 2015 : A l'occasion de la sortie de The Duke of Burgundy, voici une sélection de 15 long-métrages déviants à souhait, en esprit comme en acte. Résolument moins populaire que Cinquante Nuances de Grey mais beaucoup plus sulfureux, The Duke of Burgundy est un objet étrange, fétichiste et sophistiqué qui hante nos salles obscures depuis mercredi dernier. Réalisé par Peter Strickland, ce film raconte la relation SM entre deux femmes dans un huis clos malsain et voluptueux. L'occasion de rappeler que le Sado-Masochisme au cinéma est une sulfureuse histoire d’amour et de répulsion qui a attiré les grands maîtres comme les outsiders du 7ème art déviant. A grands coups de fouets mais surtout de domination psychologique, certains films ont marqué les esprits au fer rouge (l'Empire des Sens à Histoire d'O), d'autres sont devenus des donjons maudits de l'underground (Singapore Sling, Pig, R100). Voici donc une quinzaine de bobines, parmi tant d'autres, qui développent toute une esthétique SM (Sado, Maso ou les deux). Mais si par malheur cette liste n'est pas à votre goût, vous n’aurez qu’à nous administrer une bonne correction...
Mathias Averty

Cinquante Nuances de Grey : moins cul mais moins con que le livre