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Rencontre express avec l'une des plus grandes stars asiatiques.

Le plus demandé des acteurs japonais (il a travaillé pour Miike, Kitano, Tsukamoto, Kyoshi Kurosawa, Kore eda, Aoyama et bientôt Scorsese) Tadanobu Asano est à l'affiche d'Harmonium de Koji Fukada, une fable étrange sur la solitude, présenté à un certain regard. Il incarne un homme fraichement sorti de prison qui débarque chez un ami pour lui demander du travail et un toit. Sa présence mystérieuse va faire éclater la vie d'une famille et réveiller un passé enfoui.  

 

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Votre personnage dans Harmonium est difficile à juger, il n'est ni bon ni mauvais. Comment l'avez-vous appréhendé ?
Tadanobu Asano : Généralement, la première lecture du scénario laisse une impression assez précise, mais j'ai voulu aborder le personnage sous plusieurs facettes différentes, et je n'ai pu le construire qu'en relisant le script à répétition. Je connaissais autour de moi des personnes qui lui ressemblent sur certains aspects, alors je m'en suis inspiré. Pour le reste, il s'agissait de le rendre difficile à appréhender tout en alignant ces scènes qui individuellement peuvent passer pour banales.

A un moment, vous laissez tomber l'habit blanc pour révéler un T-shirt rouge, symboliquement très chargé. C'était dans le script ?
Ca fait partie des idées que j'ai proposées. Je voulais que le changement d'humeur soit visible sur le personnage, et que sa tenue se distingue de celle qu'il porte dans la première partie.

La famille que vous visitez est chrétienne, ce qui est peu commun au Japon. C'est intéressant parce que dans Silence de Martin Scorsese, vous jouez un Japonais qui s'oppose aux missionaires catholiques.
Une des répliques récurrentes dans le film de Scorsese, c'est que la religion catholique ne pourra pas s'enraciner au Japon. Malgré une apparence de grande ouverture, il y a chez nous un état d'esprit très singulier qu'il faut probablement ne pas changer et qui nous pousse à ne pas accepter totalement à ce qui vient de l'extérieur.

En occident , on vous connaît comme acteur, moins comme musicien. Quelle part accordez-vous à chacune de ces activités ?
J'ai commencé la musique en même temps que le cinéma, et ce sont deux activités indissociables qui m'ont permis de trouver un équilibre. Ma pratique de la musique m'a aidé à me structurer en tant qu'acteur, et quand je joue de la musique, je me nourris de mon expérience au cinéma. Cette symbiose m'épanouit beaucoup. En tant que musicien, je suis très prolifique après avoir commencé dans le punk rock. N'hésitez pas à écouter.