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Manu
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César 2013 : nos pronostics

César 2013 : nos pronostics

Le hold-up de Michael Haneke aura-t-il lieu ? <em>Camille redouble</em> sera-t-il récompensé à hauteur de ses nominations ? Audiard et Carax seront-ils les grands oubliés ? Dernières spéculations avant la 38e cérémonie des César.

Meilleur film

<strong>Qui l?aura ?</strong> AmourAvec ce récit terminal d?une lutte pour la dignité de deux vieux amants, Michael Haneke a terrassé la Croisette et remporté la Palme d?or de Cannes 2012, puis s?est fait une place parmi la très short list des nommés à l?Oscar du meilleur film. Les César devraient logiquement abondé en ce sens, d?autant que <strong>le cinéaste autrichien a su courtiser l?Académie</strong>.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> De Rouille et d?osOutre pour la beauté insensée de son mélo, on aurait bien offert à Jacques Audiard sa revanche sur Haneke, <strong>qui lui « vole » toujours les prix</strong>.

Meilleure adaptation

<strong>Qui l'aura ?</strong> Jacques AudiardIl devrait se faire griller par Haneke dans les deux catégories reines, mais Audiard ne peut pas décemment repartir les mains vides. Son adaptation de la nouvelle de Craig Davidson est magistrale et il maîtrise d'ailleurs largement cette catégorie : deux fois lauréat du César du meilleur scénario (<em>Sur mes lèvres</em> et <em>Un Prophète</em>), il a aussi déjà remporté la meilleure adaptation (<em>De battre mon coeur s'est arrêté)</em>.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Jacques Audiard, du coup.

Meilleur film d'animation

<strong>Qui l'aura ?</strong> Ernest et CélestineLe film pour enfants est la phobie des parents. Mais celui-ci est aussi pour adultes. Pour son premier scénario de dessin animé, Daniel Pennac a enrobé l?univers acidulé et pelucheux de Gabrielle Vincent d'un joli message politique. Les amitiés contrariées de l?ours Ernest et de la souris Célestine fonctionnent comme une métaphore sociale (police partout et justice nulle part, la différence comme force motrice) qui confine à la satire contemporaine. Esthétique pastel, qualité made in France et message gentiment séditieux : le César est déjà dans la poche.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Même si on aime beaucoup le dernier Kirikou, Ernest, éloge de la fainéantise et de la misanthropie voleuse, et Célestine, enfant bannie, ont notre soutien total. Que ces deux marginaux remportent un César serait un joli symbole.

Meilleur acteur dans un second rôle

<strong>Qui l?aura ?</strong> Guillaume de TonquédecSi <em>Amour</em> rafle tout dans les catégories principales, les votants miseront peut-être sur la légèreté pour les comédiens dans un second rôle. Guillaume de Tonquédec est paradoxalement très à l?aise en tromboniste coincé dans Le Prénom. Même quand il est en arrière plan, il capte le regard avec ses mimiques, ses réactions spontanées et il parvient peu à peu à dessiner un personnage plus captivant que prévu. Il faut dire qu?il a eu le temps de potasser le rôle, au fil des représentations de la pièce éponyme : il connait sa partition jusqu?au bout des doigts.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Guillaume de Tonquédec doncMaintenant qu?il a connu la consécration à la télévision grâce à son rôle dans <em>Fais pas ci fais pas ça</em>, on ne peut que lui souhaiter de percer pour de bon au cinéma. S?il tourne régulièrement depuis près de 30 ans pour le grand écran il se retrouve (trop) souvent dans la peau de personnages secondaires. Un César pourrait changer la donne.

Meilleur réalisateur

<strong>Qui l?aura ?</strong> Michael HanekeSi <em>Amour</em> a autant touché, c?est aussi parce que le cinéaste filme ces deux icônes vieillissantes avec un style (enfin) apaisé et regarde non seulement ses personnages tomber, mais surtout les écoute.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Leos CaraxL?ex enfant maudit du cinéma français mériterait d?être reconnu par ses pairs. Si <em>Holy Motors</em> est reparti bredouille du dernier Festival de Cannes, beaucoup considèrent ce trip visuel et narratif comme le meilleur film de la sélection 2012, et sans aucun doute le plus original.

Meilleur documentaire

<strong>Qui l'aura ?</strong> Journal de FrancePlus qu'un documentaire, Journal de France est la somme d'une vie et le portrait d'un pays. <strong>Raymond Depardon</strong> arpente une France silencieuse pour capter l'« infra-ordinaire » : enseignes, peintures effritées. Un cadre banal, insignifiant pour tous les regards, sauf celui du photographe. Mais avec <strong>Claudine Nougaret</strong>, sa complice et collaboratrice, Depardon organise surtout la somme de ses expériences et façonne le best of d'une vie de photographe. Un César serait amplement mérité et récompenserait finalement l'oeuvre d'une vie.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Les InvisiblesUn incroyable documentaire qui raconte comment des hommes, des femmes ont choisi dans les années 50 de vivre au grand jour leur homosexualité. Drôle, touchant, provocant, le documentaire de Sébastien Lifschitz est une leçon de courage et de tolérance qui mériterait de triompher ce soir.

Meilleur espoir féminin

<strong>Qui l'aura ?</strong> India Hair ou Julia FaureQuand Noémie Lvovsky est projetée dans le passé dans Camille redouble, elle retrouve ses trois copines de lycée. Les trois actrices qui les interprètent sont nommées, deux d'entre elles dans la catégorie meilleur espoir. Entre la timide et lunaire India Hair et la bigleuse optimiste Julia Faure, le coeur des votants devrait balancer.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> India Hair et Julia FaureLes deux actrices sont d'une fraîcheur égale et leurs rôles indissociables dans le film de Lvovsky. On aimerait que l'Académie opte, comme l'année dernière (Naidra Ayadi pour <em>Polisse</em> et Clothilde Hesme pour <em>Angèle et Tony</em>), pour un prix ex-aequo.

Meilleur film étranger

<strong>Qui l'aura ?</strong> Laurence Anyways<strong>Xavier Dolan</strong>, l'enfant terrible du cinéma québécois, signe son film le plus abouti, le plus dense. Une variation transgenre sur le désir et la fatalité du couple à l'ambition démesurée (une passion amoureuse dont l'action se déroule sur une dizaine d'années, de la fin des années 1980 à l'aube du XXIe siècle). C'est beau, provocant, prétentieux et déchirant, porté par un flot musical monstrueux... Bref du cinéma total et délirant au romantisme juvénil bluffant, qui mérite évidemment un prix ce soir. S'il est reparti bredouille de Cannes, il tient sa revanche au César. <strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> ArgoOn aime beaucoup le Dolan, mais le film cool de <strong>Ben Affleck</strong> emporte nos suffrages. Parce que le sujet est moins le coup fourré de la CIA qu'une belle réfléxion sur la force du cinéma hollywoodien - étonnant moteur de suspense. Ce César aurait surtout permis une fois pour toute d'en finir avec la question du comeback de Ben. Affleck a redoré son blason en devenant réalisateur et <em>Argo</em> affronte intelligemment cette question de la crédibilité puisqu'il s'y donne le rôle du professionnel de l'exfiltration sur qui pèse le soupçon de n'être qu'un rigolo. Comme son personnage, l'acteur-réalisateur se met en position de devoir faire ses preuves, de convaincre les incrédules. Et il y parvient. Mais que fait l'Académie ?

Meilleur espoir masculin

<strong>Qui l'aura ?</strong> Matthias SchoenaertsIl crève l'écran en boxeur taciturne, père en apprentissage et amant sans complexe dans <em>De rouille et d'os,</em> et parvient à s'imposer face à l'impressionnante Cotillard. Si bien que Matthias Schoenaerts n'aurait pas détonner dans la catégorie meilleur acteur. Il devrait logiquement mettre tous les autres espoirs K.O.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Matthias Schoenaerts. K.O. on vous dit.

Meilleur premier film

<strong>Qui l'aura ?</strong> Rengaine.Zéro star, aucun soutien des institutions, pas de plan de tournage, et le Dogme de <strong>Von Trier</strong> en ligne de mire? Après Donoma l?an dernier, au tour de <em>Rengaine</em> d?incarner les vertus du "cinéma guérilla". Et cette fois-ci, c?est sûr, le message va passer. En cette période où les stars françaises sont accusées de se goinfrer sur le dos du petit peuple et où l?industrie s?interroge sur le bien-fondé de son système de financement, quoi de mieux qu?un long-métrage « RSA » (« réalisé sans argent ») pour incarner la relève du ciné tricolore ? <strong>Pour qui on aurait voté :</strong> Louise Wimmer L?un des « films de crise » les plus forts qu?on ait vus ces dernières années. Le portrait d?une femme seule (<strong>Corinne Masiero</strong>, géniale) qui dort dans sa bagnole et se lave dans les toilettes publiques. Du cinoche social comme on l?aime, qui sent les pissotières et la frite tiède, mais jamais la complaisance.

Meilleure actrice

<strong>Qui l?aura ?</strong> Emmanuelle RivaAu même titre que son partenaire, Emmanuelle Riva a renversé les spectateurs avec sa performance agonisante dans Amour. L?actrice de 86 ans a d?ailleurs déjà raflé des prix outre-Atlantique et une nomination à l?Oscar de la meilleure actrice. La France peut difficilement faire autrement que prendre les devants en lui rendant hommage vendredi soir.<strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Marion CotillardMalgré ses César et son Oscar (pour <em>La Môme</em>), Marion Cotillard fait encore l?objet de critiques, moqueries ou parodies et son succès reste parfois incompris. <em>De rouille et d?os</em> clôt définitivement le débat : devant la caméra d?Audiard, la lutte de Cotillard cul-de-jatte pour revenir à la vie est d?une force et d?une justesse insensées et rappelle humblement qu?elle mérite sa renommée.

Meilleur acteur

<strong>Qui l?aura ?</strong> Jean-Louis TrintignantIl n?a pas eu le Prix à Cannes, mais Trintignant a été salué par le jury comme l?un des principaux artisans de la Palme avec sa partenaire Emmanuelle Riva. Dans <em>Amour</em>, Haneke offre à l?un des monstres du cinéma français un dernier tour de piste déchirant, qui ne peut être ignoré par l'Académie. <strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Jean-Louis Trintignant. Ca tombe bien.

Meilleure actrice dans un second rôle

<strong>Qui l?aura ?</strong> Valérie BenguiguiSi Guillaume de Tonquédec est récompensé pour <em>Le Prénom</em>, Valérie Benguigui a toutes ses chances aussi, et pour les mêmes raisons. D?abord effacé, son personnage finit par s?imposer par un énorme coup de gueule que l?actrice maîtrise parfaitement. Il faut dire qu?elle est rodée à la comédie et sait toujours se faire remarquer, même au second plan. Un César dans cette catégorie serait du coup amplement mérité. <strong>Pour qui on aurait voté ?</strong> Edith ScobParce que ce César lui est déjà passé sous le nez il y a quatre ans pour <em>L?heure d?été</em> et que même si on la voit peu à l?écran, son rôle est crucial dans <em>Holy Motors</em>, puisque c?est elle qui conduit Denis Lavant de « rendez-vous » en « rendez-vous ». Leos Carax voulait-il se faire pardonner de l?avoir en grande partie coupée au montage des Amants du Pont-Neuf en lui proposant ici un personnage aussi énigmatique et marquant ?

Le hold-up de Michael Haneke aura-t-il lieu ? Camille redouble sera-t-il récompensé à hauteur de ses nominations ? Audiard et Carax seront-ils les grands oubliés ? Dernières spéculations avant la 38e cérémonie des César.