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PHOTOS EXCLUS - Dans les coulisses de La Belle et la Bête de Christophe Gans

Dans les coulisses de La Belle et la Bête

Des castings aux storyboards en passant par la confection des costumes et la réalisation des effets spéciaux, <em>Dans les coulisses de La Belle et le Bête</em>, en librairies le 28 février, plonge dans l'univers féérique de Christophe Gans.En voici un aperçu en exclusivité.© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

Avatar : la figure tutélaire

« Avatar est le film qui m?a le plus marqué ces dernières années. J?ai une admiration totale pour James Cameron. Il a un pied dans le passé, et un pied dans le futur. En termes de narration, de structure, de construction des personnages, il fait du cinéma des années 50. Il réalise des films comme les grands artisans du cinéma américain d'autrefois : très robustes, très précis, très haletants, parfaitement emballés. En même temps, c?est un cinéma du futur de par son défi technologique. Il touche le public le plus large possible parce qu?il mélange trois recettes : des histoires universelles que tout le monde connaît, avec au centre une grande love story, le tout enrobé d?un défi technologique. Chaque fois, il nous fait le coup. Chaque fois, ça marche. Je me demande toujours pourquoi le cinéma américain ne se pose pas plus la question de cette recette. Eux qui sont à la recherche de formules à succès, pourquoi ne réalisent-ils pas que ce mec décroche la timbale à chaque coup ? Il n?y a pas de mystère : si Cameron met dans le mille, c?est parce qu?il se met au niveau du public. Et chaque fois, il semble nous dire : vous ne pourrez pas vous passer de voir mon film parce qu?il contient le nec plus ultra de la technologie d'aujourd?hui. D?une certaine manière, modestement, c?est ce que j?ai cherché à accomplir avec <em>La Belle et la Bête</em>. Ce métissage du cinéma d?hier et d?avant-garde me convient, j?y trouve une légitimité commerciale, et un certain confort pour communiquer mes émotions vis-à-vis de cette histoire. Je fais partie des gens qui pensent qu?il n?y a pas tant d?histoires originales que cela. Il n'existe qu'un certain nombre de schémas sur lesquels construire des infinités de variations? C?est triste à dire, mais le cinéma, aujourd?hui, est un art qui commence à être un peu âgé. Contrairement au jeu vidéo, qui est un art neuf, il n?a plus trop le temps de se poser des questions. Dans le découpage, dans l?écriture, le cinéma porte le poids de sa tradition. Son apogée est derrière lui (dans les années 1940). Mais j?aime me dire qu?il est éternel dans sa façon de se renouveler, de réinventer ses formes, et de rester au fond une machine émotionnelle pour faire rêver les gens. »<strong>Christophe Gans</strong>

Voyage dans un film-monde

« Il y a encore quelques années, on allait au cinéma pour voir des endroits qu?on ne pouvait pas se payer. On y allait pour visiter les Galápagos ou le désert du Yémen. Aujourd?hui, j?ai l?impression que les gens vont au cinéma pour explorer des paysages issus de l?imagination des réalisateurs. La dernière frontière n?est plus réelle ; elle est virtuelle. J?établis un rapport très profond entre <em>Titanic</em> et <em>Avatar</em> : le premier referme consciemment le cinéma du XXe siècle ? celui de Griffith, Cecil B. DeMille et David Lean ? et <em>Avatar</em> ouvre très clairement celui du XXIe siècle, un cinéma de l?épopée intérieure. À tous les sens du terme : les paysages dans <em>Avatar</em> sont issus de l?imagination de James Cameron. Il s'agit bel et bien de l?histoire d?un homme paralysé qui utilise un corps virtuel pour pouvoir à nouveau marcher ? et bander. Le sujet d?<em>Avatar</em> contient le projet du film, littéralement. Et le public, qui aujourd?hui passe pas mal de temps assis devant son ordinateur à voyager à travers des fenêtres et des arborescences s?y est reconnu? Sur <em>Silent Hill</em>, j?ai eu le sentiment de réaliser un film sur un lieu que je connaissais intimement. Parce que j?avais joué au jeu, j?avais un souvenir « physique », sensoriel, d?une ville qui pourtant n?existe pas. Sur <em>La Belle et la Bête</em>, à partir d?une histoire que tout le monde connaît, je voulais proposer un univers qui m?appartient totalement. Un univers-somme tissé des émotions que j?ai pu connaître notamment à travers le jeu vidéo ou le dessin animé japonais. Une vision en diagonale des mondes que j?aime traverser dans mes occupations parallèles au cinéma? Par exemple, <em>Shadow of the Colossus</em>, le jeu de Fumito Ueda. On y incarne un petit personnage qui grimpe sur des entités immenses dont on peine à deviner la forme ou l?échelle exactes parce qu?on n?a pas le recul nécessaire. C?est un concept dont j?ai essayé de me souvenir pour <em>La Belle et la Bête</em>, notamment pour la scène des géants? »<strong>Christophe Gans</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

La conception des décors

« J?ai rencontré Christophe sur <em>Fantômas</em>, un très beau projet qui malheureusement ne s?est pas concrétisé. Lorsqu?il ma recontacté pour <em>La Belle et la Bête</em>, j?avais travaillé entre-temps sur les environnements du jeu vidéo <em>Heavy Rain</em>, un jeu éminemment cinématographique. J?ai eu l?impression, en écoutant Christophe, que je devais mon embauche à mon travail sur <em>Heavy Rain</em> ; il trouvait intéressant d?avoir quelqu?un qui puisse faire du décor construit aussi bien que virtuel? Paradoxalement, il y a très peu de virtuel dans ma partie sur le film.On a essayé d?aller au maximum vers ce qu?on appelle le « bio » (quand l?acteur est directement en contact avec les éléments), c?est-à-dire le contraire du virtuel? On a construit en bio toute la salle à manger - à l?exception des voûtes du plafond -, la chambre de Belle, la tour où vit la Bête, le cottage intérieur/extérieur (à l?exception de la toiture), la taverne, 80 % du hall d?entrée, les deux premières volées de l?escalier monumental ainsi que les murs qui le bordent, le couloir aux trophées et la promenade extérieure qui y mène, et enfin l?intérieur du rosier. Tout ce qui est virtuel concerne les extensions du cottage (le paysage tout autour) et la salle de bal (en fait deux colonnes et un sol, tout le reste est dupliqué numériquement)?L?environnement du château (parc, château, jardins), tout ça est tourné sur fond vert avec des appuis bio concernant le pont et le grand escalier du jardin. Il y a une scène où Belle monte sur un arbre géant pour contempler l?étendue du domaine : on a construit l?arbre pour qu?elle s?y déplace, le reste n?était qu?un immense fond bleu. »<strong>Thierry Flamand</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

L'influence de Magnetic Rose, le segment de Kôji Morimoto pour l’anthologie Memories

« Peut-être l?un de mes quatre ou cinq films de japanime favoris. Spécifiquement ce sketch-là, à l?intérieur de Memories. Où se pose la question d?une mise en scène opératique autour des costumes d?époque, des roses, etc. Bien sûr, chez Morimoto, on est dans le vide interstellaire, à l?intérieur d?un vaisseau, avec des fantômes qui se manifestent devant des cosmonautes? Pour autant, j?ai imaginé le domaine de la Bête de la même manière, comme une enclave. Un monde perdu, une oasis de printemps cernée par des murailles de glace, avec l?hiver qui gronde de l?autre côté? Dans cette poche en dehors du temps, Belle se retrouve habillée comme on l?était trois siècles auparavant ? je ne sais pas si les gens s?en apercevront, mais elle ne porte pas des robes du Premier Empire chez la Bête !<em>Magnetic Rose</em> réussit parfaitement, sur un mode tendu (25 minutes), à saisir ce décalage onirique, poétique, d?un univers incorporé dans une biosphère qui n?est pas la sienne. Quand j?étais petit, j?adorais les films avec des dinosaures. Pas à cause des dinosaures, mais parce qu?ils se déroulaient dans des petites oasis, sur une plage paumée ou dans le cratère d?un volcan. Génial ! C?est très enfantin d?imaginer qu?il existe des micro-mondes à l?intérieur du monde ? qui lui est encore trop grand pour un enfant. On se souvient tous que le château de la Bête est perdu, quelque part au-delà de la forêt ? mais moi, j?ai visualisé tout de suite ces murailles de glace et ce printemps perpétuel qu?elles protègent. Vous savez, je crois qu?il y a deux types d?influences qui interviennent au cours de la fabrication d?un film. Celles qu?on a en tête, dont on est 100 % conscient : <em>Legend</em>, Miyazaki, <em>Mon voisin Totoro</em>? Et celles qu?on découvre pendant le tournage ou en postproduction. Il y a ce plan de <em>Crying Freeman</em> où Tcheky Karyo marche dans la forêt la nuit, avec cette femme yakuza en trench-coat blanc qui est là, en train de fumer contre un arbre? Quand je l?ai tourné, je me suis dit : « Cool. C?est comme les films noirs d?autrefois. » En fait, c?est un plan de <em>Sueurs froides</em> : celui où James Stewart rattrape Kim Novak dans la forêt de séquoias. Il la retrouve, elle a un trench-coat blanc, elle s?adosse à un arbre... Ce que je veux dire, c?est qu?il y a des influences dont on a perdu le fil et qui ressurgissent après coup. <em>Magnetic Rose</em>, quand vous me le dites, ça me semble totalement évident. Mais je n?y pensais pas? Pareil : pour la séquence des géants, je n?ai pas songé spontanément à Majin (Kimiyoshi Yasuda, 1966) en la tournant, mais quand je vois aujourd?hui mes géants déambulant au milieu de la brume et des grandes herbes dans mon film, oui, c?est évident. »<strong>Christophe Gans</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

Le naufrage

« J?ai choisi Scanline pour réaliser les plans du naufrage parce qu?ils avaient signé l?image que je garde de <em>300</em> de Zack Snyder : le naufrage de la flotte perse au bas des falaises. Leonidas regarde les bateaux se briser sur le récif, tout en se percutant violemment? Un plan hallucinant. Au départ, je voulais une séquence similaire, avec des bateaux rossés sur les rochers par une lame de fond énorme, qui les fracasse. Et puis la réalité des chiffres nous a rattrapés : trop cher ! Là, je me suis dit : ce n?est pas la vision réaliste qui va dominer, mais la vision symbolique. Comment inscrire les images d?un naufrage comme prologue de ce qui va suivre ? Et j?ai pensé à cette falaise sous-marine avec des anémones de mer qui se rétractent lorsqu?elles sont frôlées par les pièces d?or en train de couler. Cette image annonce le jardin de la Bête, les roses, les richesses que les brigands vont essayer de piller? Une sorte de transposition poétique de ce qui va suivre. C?est donc un plan sous-marin sur un naufrage, quelque chose qu'on n'a peut-être jamais vu. La caméra circule à travers des bancs de poissons, et remonte le long de la falaise pour arriver sur les bateaux encastrés sur les rochers.On dit souvent que les effets spéciaux nous empêchent de raconter les histoires ? c'est parfois vrai. Beaucoup de films sont constamment obscurcis, opacifiés, par la cadence de plans d?effets spéciaux qui nous tombent dessus? À l?inverse, je pense qu?on peut utiliser les SFX pour réaliser des « plans-séquences », littéralement ? qu?ils soient en mouvement ou fixes. Des plans qui contiennent tellement de détails qu?ils synthétisent une séquence en entier. Le plan sous-marin du naufrage est un bon exemple, tout comme celui de l'épave ramenée au port et que des dockers sont en train de vider. Là aussi on peut parler d'une séquence résumée, capturée, en un seul plan ! C'est une façon comme une autre de retourner à la qualité primordiale du cinéma américain des années 40. Quand on regarde un film de John Ford, en général il ne lui faut pas plus d?un plan pour saisir l'essence d'une scène ! Là où d'autres cinéastes en auraient eu besoin de 5-6, il trouve le moyen de le faire en un seul. Pour moi, réduire le nombre de plans, ce n?était pas réduire le récit, mais au contraire le déployer. »<strong>Christophe Gans</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

Design creatures

<strong>Votre participation sur le film concerne essentiellement le creature design ?</strong>Essentiellement, oui. Le design de la Bête et des Tadums, plus deux ou trois autres projets comme des statues de pierre? Je travaillais sur le reboot de <em>Total Recall</em> lorsque Christophe m?a contacté.<strong>Comment vous a-t-il présenté sa version du conte ?</strong>Je croyais qu?il voulait faire une version moderne de <em>La Belle et la Bête</em> comme <em>Le Chaperon rouge</em> ou <em>Blanche-Neige et le chasseur</em>, ces films qui ont récemment remis au goût du jour d?anciens contes très connus. Il m?a dit tout de suite : « Je veux rester très classique, je veux que le film soit ce qu?il doit être : un conte intemporel pour toute la famille. » Ça m?a immédiatement séduit.<strong>Une démarche classique qui s?étendait à la Bête ?</strong>Une démarche qui s?étendait à tout ce monde qu?il créait. Il était évident que je n?allais pas approcher la Bête sous l?angle du super-héros un peu bizarre. Il m?a montré des images, les concept arts de François Baranger, qui m?ont encore plus aiguillé que le script (dans mon métier, les images parlent plus que les mots)? Christophe m?a dit un peu plus tard que j?avais tendance à créer des graphismes au contenu mythologique. En matière d'horreur, je ne suis pas fasciné par les créatures hideuses, j?aime dessiner des monstres élégants. J?ai donc compris assez vite ce qu?il voulait, et je me suis mis à dessiner. <strong>Patrick Tatopoulos</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

Le storyboard

« Ça remonte à loin, Christophe et moi. Sur <em>Crying Freeman</em>, son premier film, il me faisait des petits croquis en « bonshommes patates » qui me permettaient de placer les choses? Heureusement, par souci de rentabilité et parce qu?on se connaît mieux aujourd?hui, on a développé une technique. Il fait une liste des scènes du film, qui sert de premier guide, et au fur et à mesure on monte le chantier. C?est là où c?est intéressant parce que c?est déjà de la mise en scène : il y a de la BD, de la narration, de la dramaturgie, tout ce langage commun qui commence à s?agréger. En même temps le storyboard a vocation à anticiper la réalité du tournage et de ses contraintes. C?est le moment où tout se met en place, on est au c?ur de la mise en scène du projet.Le dessin valide une scène mais il peut aussi l'invalider et provoquer sa réécriture complète. Cela arrive souvent avec Christophe. La traduction française de storyboard, c?est « scénarimage ». C?est vraiment ça : de l?écriture graphique. Pour un réalisateur très visuel comme Christophe, c?est une forme optimale de mise en images de ses intentions. Ce que j?ai découvert sur <em>Silent Hill</em>, c?est que sur le plateau il y a un grand tableau avec l?ordre du jour, affiché page par page. Et dès qu?un plan du storyboard est tourné, on met un gros coup de marqueur rouge dessus. C?est valorisant de voir que tu as une utilité concrète sur le tournage? »<strong>Thierry Ségur</strong>© 2014 ESKWAD ? PATHÉ PRODUCTION ? TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH ? 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon Licensing

Des castings aux storyboards en passant par la confection des costumes et la réalisation des effets spéciaux, Dans les coulisses de La Belle et le Bête, en librairies le 28 février, plonge dans l'univers féérique de Christophe Gans.En voici un aperçu en exclusivité.© 2014 ESKWAD – PATHÉ PRODUCTION – TF1 FILMS PRODUCTION - ACHTE / NEUNTE / ZWÖLFTE / ACHTZEHNTE BABELSBERG FILM GMBH – 120 FILMS© Huginn&Muninn / Mediatoon LicensingVoir aussi :Notre review de La Belle et la BêteChristophe Gans sur ses acteursEntretien croisé Vincent Cassel et Léa Seydoux