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Goût de la fugue, amour des acteurs et humour loufoque : un condensé du cinéaste-acteur dans un buddy movie en forme d’autoportrait.

Un théâtre parisien. « Monsieur Galabru, faites-en moins s’il vous plaît ! », répète le metteur en scène japonais au (regretté) Michel, qui n’a pourtant pas bougé d’un sourcil. Agacé, l’acteur finit par quitter la scène en lâchant : « Quitte à ne rien faire, autant le faire chez moi ! » La séquence est très drôle, et résume par l’absurde la vision du cinéma portée par Édouard Baer : un lieu de liberté avant tout, volontiers baroque, et tant pis si on emmerde le monde. C’est aussi l’idéal du héros de son troisième film, Luigi (Baer), qui a une nuit pour sauver son théâtre de la ruine. Une comédie en forme de dérive nocturne, et sans doute d’autoportrait, où le cinéaste-acteur étale sa verve humoristique avec une énergie communicative, dans un écrin finalement très classique de buddy movie.

Clown triste

Il se révèle moins à l’aise dans l’écriture du rôle de sa partenaire Sabrina Ouazani, stagiaire dont la rigidité caricaturale de bonne élève issue de banlieue va forcément s’assouplir au contact du trublion Luigi. Mais l’entreprise tient quand même la route. Peut-être parce qu’au fond, ce côté bancal est intrinsèque au petit monde lunatique et enfantin de l’impossible Monsieur Bé-Baer. Materné par une collègue responsable (Audrey Tautou), son alter ego Luigi est tellement rivé à l’instant qu’il en devient parfois pathétique, monstrueux d’égoïsme malgré la pureté de ses intentions. Dans ce regard plus cruel que prévu, Baer finit par trouver son clown triste. Aussi maladroit qu’attachant.

Ouvert la nuit de et avec Edouard Baer sort en salles le 11 janvier. Bande-annonce :