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En décortiquant une affaire de meurtre, Kore-Eda aborde des questions complexes avec la même limpidité que dans ses drames familiaux.

Les premières images ne laissent aucun doute : en pleine nuit, un homme défonce le crâne d'un autre avant de l'asperger d'essence et d'y mettre le feu. Misumi (Koji Yakusho) vient de tuer son patron et de lui voler son porte feuille. En tant que récidiviste (il avait tué deux bookmakers dans des conditions similaires), il risque la peine capitale, toujours en vigueur au Japon. Lorsque l'avocat Shigemori (Masaharu Fukuyama) s'empare de l'affaire, le film semble se diriger vers un drame de tribunal, qui opposerait l'accusation, partisane de  l'application de la loi, à la défense, désireuse de requalifier les faits pour plaider la perpétuité plutôt que la mort. Mais les choses se compliquent lorsque l'avocat se rend compte que tous les témoins interrogés mentent, à commencer par l'accusé, qui change sans arrêt de version. Au fil d'une enquête passionnante, les demi-mensonges et les silences éloquents finissent par révéler des parcelles de vérité dont la somme remet en question la culpabilité de l'accusé, le droit de vie ou de mort, la fatalité, la vérité elle-même: à l'évidence, elle n'intéresse pas la justice qui a mis au point une procédure mécanique pour simplifier, généraliser et finalement juger des agissements humains, par nature complexes et particuliers. Avec son écriture toujours claire, sa mise en scène simple et directe, et une direction d'acteurs parfaitement juste, Kore-Eda est fidèle à lui-même, tout en abordant un registre nouveau qu'il enrichit d'une profondeur humaine exceptionnelle.