Swann Arlaud César du meilleur acteur
ABACA

Il a reçu le prix du meilleur acteur dans un second rôle pour Grâce à Dieu.

Deux ans après son César surprise (mais mérité) du meilleur acteur pour Petit Paysan, Swann Arlaud a été à nouveau récompensé par ses pairs, vendredi, pour sa prestation marquante dans Grâce à Dieu, de François Ozon

Plutôt que de s’en gargariser, le comédien a profité de sa montée sur scène pour rendre hommage à ses partenaires de jeu (Melvil Poupaud et Denis Menochet, mais aussi Amélie Daure, Josiane Balasko ou François Marthouret), ainsi qu'aux vraies victimes dont le film est inspiré. 

Un discours puissant, loin d’être anodin dans le contexte de l’affaire Polanski. Swann Arlaud a d’ailleurs soutenu le départ d’Adèle Haenel, en salle de presse : "Je trouve le prix de Roman Polanski bizarre, j'ai un peu de mal à comprendre (…) Evidemment que je comprends Adèle, après ses prises de parole, elle ne pouvait pas rester assise sur sa chaise à applaudir. Evidemment qu'elle a eu raison de le faire. On lui aurait reproché de ne pas l'avoir fait".

César 2020 : le malaise Polanski

Voici la retranscription intégrale du discours de Swann Arlaud, ainsi que le replay vidéo : 

"Bonsoir. Bon Denis, secrètement, j’ai rêvé qu’ils nous sortent un ex-aequo. T’es tellement magnifique dans ce film. Puis c’est un film collectif, donc ils auraient dû inventer un César pour trois mais on sait que ça existe pas. 

Amélie, Josiane, Melvil, François, tous les autres, quelle fierté de faire partie de ce film. Vraiment. Par deux fois on a essayé d’empêcher la sortie du film, il y a des huissiers de justice qui sont venus dans les salles de cinéma, aux avants-première, pour prendre des notes, chercher quelque chose à retourner contre nous... c’était assez violent. Mais je me suis dit, si le cinéma a encore ce pouvoir là, de faire trembler, alors on peut être fier un peu quand même. On peut être fier de ce qu’on fait, parfois. 

Je pense surtout à ces trois personnages qu’on interprète, Denis, Melvil et moi. Ils existent, vraiment. Ils s’appellent Alexandre, François, Pierre-Emmanuel. Voilà, ils ont subi des abus sexuels pendant leur enfance et c’est devenu des héros. Pour moi, c’est des héros, ils ont réussi à parler, affronter le regard des autres, le mensonge, le mépris. Ils m’ont donné un grand courage, une grande détermination. Et c’était une immense responsabilité que d’avoir ça à jouer. 

Petite parenthèse, Barbarin a été relaxé, on attend pour Preynat, les artistes ne font pas la justice mais au moins s’ils peuvent dire des choses que le silence tente d’étouffer, c’est déjà ça. Pierre-Emmanuel, tu m’as confié ton histoire. C'est un rôle immense, intime, ta douleur, ta rage, ton espoir, ta force de vie, ta force de lutte, pour tout ça merci. Merci à vous, je vous embrasse, et aux miens."