Nicholson Shining
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"Je ne me rappelle pas d’un film aussi élaboré qui se soit révélé aussi inefficace.", écrivait Gary Arnold pour le Washington Post.

De nombreuses oeuvres cultes n’ont pas fait l’unanimité au moment de leur sortie en salles. C’est le cas de Psychose d’Alfred Hitchcock, Retour vers le Futur de Robert Zemeckis ou encore Fight Club de David Fincher. Avant d’entrer au panthéon des chefs-d’oeuvre du septième art, ces trois longs-métrages ont d’abord été étrillé par la critique. Aussi curieux que cela puisse paraître aujourd’hui, le même sort a été réservé à Shining, de Stanley Kubrick. Sorti il y a tout juste 40 ans aux États-Unis, le thriller horrifique porté par Jack Nicholson n’a pas été ménagé par la presse. Ni par Stephen King, d’ailleurs. Le célèbre écrivain qui a donné naissance à l’ouvrage qui a inspiré Kubrick taxait son adaptation de "misogyne" et de "froide". Plus étonnant encore, le film a été nommé à deux reprises aux Razzie Awards. Pour son 40e anniversaire, IndieWire a compilé les critiques de presse les plus acerbes sorties en 1980.

Le New Yorker ouvre le bal, avec une critique de Pauline Kael : "S’il est possible d’admirer les effets techniques, le spectateur n’est jamais captivé ou émerveillé par ces derniers. Lorsqu’un flash fait apparaître des cadavres ensanglantés ou lorsqu’un torrent de sang jaillit d’un ascenseur, nous ne sommes pas effrayés, parce que Kubrick, trop absorbé par la technique, nous met à distance."

"La performance de Nicholson, même si elle est délibérément dans l’exagération, ne devrait pas faire autant rire que peur. Il en va de même pour le twist final, tellement illogique. Si Shining n’a rien de trivial, il force à penser le contraire", affirmait de son côté Derek Malcolm du Guardian.

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Particulièrement virulent, Variety n’avait pas hésité à critiquer le jeu d’acteur de Nicholson et celui de sa co-star Shelley Duvall : "Plus le personnage de Nicholson devient fou, plus il a l’air stupide. Shelley Duvall transforme la femme sympathique du roman en une hystérique qui minaude et à moitié retardée mentale." Dave Kehr du Chicago Reader n’y allait pas de main morte non plus : "Kubrick - avec sa symétrie obsessionnelle et sa luminosité - est trop banal pour retenir l’intérêt, tandis que la narration, incroyablement molle, anticipe le suspense."

Gary Arnold du Washington Post avait quant à lui tourné en dérision le tournage interminable et très onéreux du thriller. "Je ne me rappelle pas d’un film aussi élaboré qui se soit révélé aussi inefficace. Shining, qui sort aujourd’hui au cinéma, n’a aucun égal : peu de réalisateurs ont le luxe perfide de passer cinq ans (et 12 millions à 15 millions de dollars) sur un produit fini aussi mal conçu."

"Il y a des moments si incroyables visuellement que seul Kubrick est capable de créer, pourtant le film est trop grandiose pour être l’électrochoc qu’on attend d’un film d’épouvante. Ceux qui s’attendent à trouver du sens dans l’oeuvre de Kubrick ou à simplement avoir peur seront déçus.", notait de son côté Kevin Thomas du Los Angeles Times.

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