Guide du 7 octobre 2020
Eurozoom / Paname Distribution / UGC Distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’EVENEMENT

LUPIN III - THE FIRST ★★★★☆
De Takashi Yamakazi

L’essentiel
Le célèbre gentleman-cambrioleur animé arrive en force sur nos écrans. Et c’est une bonne nouvelle.

Connu en France sous le nom d’Edgar, le détective cambrioleur grâce à la série animée éponyme des années 80, Lupin III est, rappelons-le pour les profanes, le petit-fils d’Arsène Lupin créé par l’auteur de mangas japonais Monkey Punch il y a plus de cinquante ans. Malin, plaisantin, agile, maître du travestissement, Lupin III a été le héros de plusieurs moyens et longs métrages animés nippons, pour la plupart inédits en France. C’est donc avec un intérêt aiguisé par la rareté que l’on a découvert cette nouvelle aventure signée Takashi Yamakazi, un réalisateur méconnu chez nous dont le précédent anime, Dragon Quest – Your Story, est visible sur Netflix.
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A AIMÉ

L’ENFANT RÊVÉ ★★★☆☆
De Raphaël Jacoulot

Avec Barrage, Avant l’aube et Coup de chaud, Raphaël Jacoulot a montré sa capacité à développer la tension au fil de récits ancrés dans la réalité quotidienne. Elle est de nouveau à l’œuvre avec l’histoire de ce couple, François et Noémie, qui essaie en vain d’avoir un enfant. Un couple soudé jusqu’au jour où François croise la route de Patricia, une femme mariée avec qui il entame une liaison passionnelle secrète qui va donner naissance à cet enfant qu’il désire tant
Thierry Cheze
 

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EN ATTENDANT LE CARNAVAL ★★★☆☆
De Marcelo Gomes

L’information est donnée par un intervenant : Toritama, ville moyenne du Nordeste, produit 20 % des jeans au Brésil. Une activité occupant à plein temps la majorité des 40 000 habitants pour qui le jean représente « l’or bleu », un miracle économique dont chacun entend profiter en montant son usine de fortune. Le titre du documentaire fait référence aux traditionnels jours de carnaval attendus par nos forçats de la couture, qui profitent de cette coupure annuelle pour aller à la plage et se ressourcer... Devenue un épicentre du capitalisme sauvage, Toritama était jadis une ville d’agriculteurs tranquille dont Marcelo Gomes (Il était une fois Veronica) se souvient avec nostalgie. Le contraste entre son humeur chagrine et le dynamisme local nourrit, non sans humour, une réflexion sur l’évolution de nos sociétés.
Christophe Narbonne

MATERNAL ★★★☆☆
De Maura Delpero

Pour son premier film de fiction, Maura Delporo s’aventure dans un couvent argentin – pays où l’avortement demeure illégal – où des héroïnes filles-mères sont accueillies à condition d’en respecter les règles. Une mission impossible pour beaucoup, courant après une liberté devenue pourtant utopique, entre leurs obligations maternelles, leurs relations avec des amants qui ont la main leste et ce quotidien entre quatre murs étouffants. Le grand talent de la cinéaste est de ne jamais verser dans un manichéisme simpliste en développant son récit autour de trois jeunes femmes aux personnalités radicalement différentes, dont sa caméra perce les corps et les âmes pour mieux en saisir les troubles, les colères et les questionnements : qu’est-ce qu’une bonne mère ? Quelles sont les limites de la foi ? Le tout incarné par des comédiennes saisissantes de naturel.
Thierry Cheze

YALDA, LA NUIT DU PARDON ★★★☆☆
De Massoud BakhshiAussi invraisemblable que cela puisse paraître, cette histoire a été inspirée par des faits bien réels. Un programme de téléréalité qui cartonne en Iran en s’appuyant sur un principe aussi simple que pervers : confronter un repris de justice à sa victime ou à un de ses proches pour obtenir son pardon. En l’occurrence ici : Maryam, 22 ans, condamnée à mort pour avoir tué accidentellement son mari sexagénaire et que seule la fille de ce dernier peut gracier. Si toute sa partie en coulisses des émissions télé a un côté déjà vu, Yalda s’impose par la tension que son réalisateur sait faire naître de bout en bout en jouant avec le pouvoir manipulateur des images et, plus largement, avec les multiples composantes de son récit : drame conjugal, poids de la culture iranienne, codes télévisuels, procès en huis-clos… Le tout avec une dextérité qui justifie le Grand Prix du jury glané à Sundance.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

PARENTS D’ÉLÈVES ★★☆☆☆
De Noémie Saglio

Le nouveau Noémie Saglio (Connasse, Princesse des cœurs) démarre comme un film d’angoisse domestique où, tombé amoureux d’une institutrice, un trentenaire se fait passer pour le père du gamin qu’il baby-sitte et découvre les mœurs étranges de ces parents d’élèves qui refilent leurs névroses à leurs gamins. Ce ton (gentiment) irrévérencieux ne survivra pas au besoin affiché de rentrer sagement dans les clous de la comédie familiale. Mais on pardonne beaucoup à ce Parents d’élèves grâce à l’épatante bande d’acteurs qu’il réunit. Rôles principaux (Vincent Dedienne, plus à son aise que dans Terrible jungle, et Camelia Jordana, impeccable) comme secondaires (Alix Poisson, Samir Guesmi, Anne Charrier…), enfants compris. Ce dernier point est suffisamment rare dans les comédies françaises (cf Les Blagues de Toto cet été) pour être applaudi.
Christophe Narbonne

WE ARE SOLDIERS ★★☆☆☆
De Svitlana Smirnoza

Ils sont trois soldats. Trois volontaires ukrainiens partis guerroyer à la frontière avec la Russie et revenus blessés ou amputés. Ex-infirmière, elle aussi volontaire, Svitlana Smirnova a recueilli leurs témoignages sincères qui rendent moins compte de la situation géopolitique que de l’état d’esprit de ceux qui ont perdu beaucoup en route -leurs jambes, leurs illusions mais pas leurs convictions. Les mots sont simples comme leurs envies. Un documentaire sans pathos, frontal, un peu scolaire, qui raconte en creux un conflit ignoré par les grands médias internationaux.
Christophe Narbonne

SISTER ★★☆☆☆
De Svetla Tsotsorkova

C’est l’histoire d’une ado bulgare à l’imagination débordante. Elle passe ses journées à inventer des histoires et à les raconter aux clients de la petite boutique où elle vend des figurines en glaise qu’elle fabrique avec sa grande soeur et sa mère. Un moyen comme un autre de s’évader du quotidien gris et fauché dans lequel elle évolue. Jusqu’au jour où un mensonge plus gros que les autres – elle s’invente une relation clandestine avec un ferrailleur, amant de sa soeur – fait basculer ces enfantillages dans des dommages collatéraux qui vont mettre à mal sa famille. Sister est un film étrange. Diablement attachant avec son héroïne rebelle et butée. Mais terriblement déséquilibré dans son récit, avec une mise en place interminable uniquement centrée sur la jeune fille qui empêche, faute de temps, de développer les personnages secondaires qui l’entourent.
Thierry Cheze

RELIC ★★☆☆☆
De Natalie Erika James

Kay (Emily Mortimer) et sa fille Sam (Bella Heathcote) sont alertées par la police de la disparition d’Edna (Robyn Nevin), la matriarche. Elles se rendent dans la demeure familiale où finit par réapparaître Edna dont le comportement étrange devient de plus en plus inquiétant. Pour son premier film, la jeune Natalie Erika James, 30 ans, s’en sort plutôt bien. Elle instaure une peur insidieuse avec une économie de moyens digne des productions Blumhouse. C’est la limite de Relic qu’on a l’impression d’avoir déjà (beaucoup) vu – nonobstant la comparaison écrasante avec Hérédité d’Ari Aster. Son originalité réside dans son traitement de la vieillesse et de la sénilité dont Natalie Erika James fait une allégorie aussi flippante que touchante jusqu’à un dénouement très réussi.
Christophe Narbonne

ISRAËL, LE VOYAGE INTERDIT – PARTIE I : KIPPOUR ★★☆☆☆
De Jean-Piere Lledo

Jean-Pierre Lledo est un documentariste franco-algérien dont l’œuvre est consacrée à l’histoire de l’Algérie. Né de père catholique et de mère juive, à Tlemcen, il s’est établi dans le pays de sa naissance et a rompu tous liens avec la partie « juive » de sa famille. Jusqu’à boycotter Israël et refuser de se rendre à l’enterrement de son oncle maternel. C’est par cet aveu qu’il débute son exploration en quatre parties (Kippour, Hanouka, Pourim, Pessah) des préconçus qu’il avait sur ce pays et plus largement de l’histoire des juifs dans les pays arabes et des musulmans en Israël. Film-enquête autant que quête autobiographique, Israël, le voyage interdit met en lumière les discriminations, les pogroms subis par les juifs dans les pays arabes. Accompagné de sa fille Naouel et de Ziva Postec (monteuse de Shoah de Claude Lanzmann), il se rend aussi compte avec perplexité que le reproche de discrimination de ses interlocuteurs arabes est démenti par leur propre situation sociale. Puis revient sur le massacre de Deir Yassin en 1948 et son instrumentalisation. Les témoignages recueillis sont laissés dans la longueur, certains sont plus parlants que d’autres. C’est un peu répétitif parfois. La longueur de ce docu (11 heures) en rebutera certains mais passionnera ceux qui s’intéressent aux relations entre Israël et le monde arabo-musulman.
Sophie Benamon

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

UN MONDE AILLEURS ☆☆☆☆☆
De Etienne Faure

Étienne Faure n’est pas un débutant et se signale par des productions à petit budget lorgnant vers le genre (Désordres, Bizarre). Un monde ailleurs est d’autant plus décevant qu’il semble réalisé par un adolescent tardif tourmenté par des désirs basiques et des peurs enfantines. On y suit le périple d’un groupe de jeunes hommes remontant le cours d’une rivière (amazonienne dit le résumé) pour on ne sait quelle raison, l’aventure ne semblant pas être le motif premier. Très vite, l’ambiance se désagrège à mesure que la nature se révèle terrifiante… Faure tente une synthèse improbable entre Délivrance et The Blair Witch Project qu’il semble avoir tourné avec une GoPro en forêt de Fontainebleau. Le résultat est très embarrassant malgré l’implication manifeste des acteurs.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
Mon grand-père et moi, de Tim Hill
Chien Pourri, la vie à Paris, de Davy Durand, Vincent Patar et Stéphane Aubier
Le soleil reviendra, de Cheyenne Carron
Aland, de Thomas Germaine
Les guerriers de l’Himalaya, de Jerzy Porebski
Les sept vies de Madeleine Riffaud, de Jorge Amat
La puissance de l’arbre, de Ernst Zürcher et Zep

Reprises
Le Silence des agneaux, de Jonathan Demme
Au-dessous du volcan, de John Huston
Le Malin, de John Huston