James Gunn Les Gardiens de la Galaxie
Abaca

Le réalisateur compare cette mauvaise expérience à son divorce, et s’émeut du soutien sans faille de ses acteurs.

James Gunn travaille actuellement en parallèle sur The Suicide Squad, pour la Warner Bros, et sur Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, pour Disney. Le réalisateur avait été viré du projet en juillet 2018 suite à la republication de blagues douteuses sur Twitter, mais finalement, Alan Horn l’a réembauché en mars dernier, si bien qu’il pourra comme prévu conclure sa trilogie (dont l’histoire est pour l’instant tenue secrète). Au sein du célèbre magazine américain, le scénariste et metteur en scène revient pour la première fois en détails sur ces bouleversements. L’interview complète est disponible sur le site de Deadline, en VO. En voici quelques extraits.

"C’était comme un divorce"
"J’ai divorcé, et eu des conversations de ce genre avec mon ex-femme : ‘Essayons de nous entendre du mieux possible, car nous avons chacun tenu une place importante dans la vie de l’autre.’ Mais je détesterais regarder en arrière et me dire que j’ai perdu six ans de ma vie avec elle. Je préfère penser que durant cette période, j’ai mûri, et que nous avons apporté du bon à l’autre. On a eu des problèmes, on n’aurait pas dû se marier, mais ça valait le coup. Je voulais ressentir ça avec Disney. Ne pas me retourner avec de la colère ou de la tristesse. Même si toutes sortes d’émotions sont rattachées à cet événement, évidemment. Je voulais leur dire au revoir, qu’on se sépare à l’amiable. Je suis allé au premier rendez-vous avec Disney dans cet état d’esprit, même si c’était seulement une semaine ou deux après (le licenciement)."

"Disney avait totalement le droit de me virer"
"Je ne blâme personne. Je pense que j’ai parfois mal agi et pris la parole publiquement n’importe comment. Certaines de mes blagues ont ciblé des gens et ont eu des conséquences graves, ce qui n’était pas mon intention. Je n’ai pas fait preuve de compassion, j’ai blessé des personnes en disant cela, et c’est toujours ma responsabilité. Je me sens mal par rapport à ça. Disney avait totalement le droit de me virer. Ce n’était pas une question de liberté d’expression. J’ai dit quelque chose qui ne leur a pas plu et ils pouvaient décider de me licencier. Il n’y a pas de débat. (…)"

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Le jour du licenciement
"Le jour J… Je dirais que c’était le plus intense de toute ma vie. Pourtant j’en ai vécu des difficiles, quand j’ai arrêté l’alcool, plus jeune, ou que des amis à moi se sont suicidés. Mais ce jour-là était incroyablement intense. C’est arrivé et d’un seul coup, c’est comme si j’avais tout perdu. Ca s'est passé tellement vite. J’étais viré, je pensais que ma carrière était finie. (…) Comme tout le monde, je rêve d’être aimé (…) et pour moi, cet amour passe par mon travail. En étant célèbre, j’ai expérimenté un amour que je n’avais jamais vécu, et ça a été un problème dans mes relations amoureuses ou amicales. Je peux aimer quelqu’un, mais j’ai du mal à accepter qu’on m’aime. Comme tout cela était dû à mon travail, quand ça m’a été repris, j’étais vide, il ne me restait rien, je ne savais absolument pas comment réagir. Est-ce que je devais m’isoler loin de tous ? (…) Les premières semaines, je me suis complètement déconnecté des réseaux sociaux. C’était dur et je devais résister, mais ça m’a permis de voir tout cela d’une autre perspective. (…) J’étais très en colère envers moi-même et je refoulais ça. Car j’avais conscience d’avoir mal agi, plusieurs fois dans ma vie, et que tout cela m’avait amené à cet instant. J’ai compris que je devais agir différemment, dans ma vie en général. En même temps, je n’ai pas cherché à savoir qui m’avait fait virer, qui avait ressorti les tweets ou les captures d’écran. Je devais laisser de côté ma rage envers moi-même, sans quoi je n’aurais pas réussi à traverser tout cela."

Le soutien de Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista
"(Le même jour), j’ai reçu des preuves d’amour, des vraies. De ma copine, Jen, de mon producteur, de mes agents, de Chris Pratt, qui m’a appelé et qui flippait, de Zoe Saldana et Karen Gillan, qui ont pleuré. Sylvester Stallone m’a appelé en FaceTime, et puis bien sûr il y a eu les prises de paroles très fortes de Dave Bautista. Tout cet amour venant de mes amis, de ma famille, de mes proches, a débordé. Je me suis senti vraiment aimé pour la première fois, et là j’ai eu l’impression que tout le ‘faux amour’ que j’avais vécu jusqu’ici avait disparu. Donc, d’un côté, c’était le pire jour de ma vie, et d’un autre, c’était le meilleur. Je n’ai certainement pas été parfait depuis dans ma quête spirituelle, mais j’ai été meilleur."

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Alan Horn change d’avis
"Je m’apprêtais à parler en détails de Suicide Squad avec DC, un projet qui me plaisait beaucoup, quand Alan a demandé à me voir pour discuter. Je pense sincèrement que c’est un homme bien. Je crois qu’il m’a repris simplement parce qu’il pensait que c’était la bonne chose à faire. On se connaît un petit peu, ça remonte aux films Scooby-Doo (sur lesquels Gunn était scénariste et Alan Horn, producteur, ndlr). Je l’ai toujours admiré et j’ai été touché par sa compassion. (…) (Quand ils m’ont rappelé), j’étais passé à autre chose, j’écrivais Suicide Squad, je pensais que Les Gardiens 3, c’était fini pour moi. Je crois qu’ils pensaient à me réembaucher depuis quelque temps déjà, mais lors des premières conversations avec Alan, il ne s’agissait pas de savoir comment j’allais revenir. C’était plus : ‘Bon, parlons de tout cela.’"

"Rocket, c’est moi"
"Vous me demandiez ce qui avait été le plus triste quand je pensais avoir perdu Les Gardiens de la Galaxie. Tout le monde chez Marvel vous le dira, c’est quand j’ai cru que j’avais perdu cette relation très étrange et très forte avec Rocket. Rocket, c’est moi, vraiment, même si ça sonne narcissique. Et Groot, c’est comme mon chien. Je l’aime, mais d’une façon totalement différente. Je me sens proche de Rocket, j’ai de la compassion pour lui et je sentais que son histoire n’était pas complète. Son arc a démarré dans le premier film, s’est poursuivi dans la suite, puis encore dans Infinity War et Endgame, et j’espérais vraiment finir cette histoire dans Les Gardiens 3. Ca a été une perte énorme pour moi, de savoir que je ne pourrai pas terminer ça. Même si j'étais un peu réconforté à l’idée qu’ils conservent mon scénario."

"Les gens doivent apprendre de leurs erreurs"
"Il y a des choses très positives qui ressortent de tout cela, et l’une des plus importantes, c’est que ça m’a donné une leçon. Les gens doivent apprendre de leurs erreurs. Si on nous retire la possibilité de se planter, d’en tirer des leçons et de devenir une meilleure personne, je ne sais pas trop ce qui nous reste. J’ai appris beaucoup de choses sur moi au cours de cette période."