La Grande Aventure Lego 2
Warner Bros

Le réalisateur Mike Mitchell se livre sur la fabrication du film.

Après s’être fait la main sur Shrek 4 et Les Trolls, Mike Mitchell a pris les commandes de La Grande Aventure Lego 2, une suite endiablée qui propulse ses héros en briques dans des univers inconnus. Rencontre.


Comment Phil Lord et Chris Miller vous ont-ils donné les clés de leur franchise ?
On était amis avant de commencer à travailler ensemble. Je me souviens que quand je travaillais sur Les Trolls, ils m’avaient déjà donné des idées de vannes. C’est à peu près au même moment qu’ils m’ont pitché leur histoire pour La Grande Aventure Lego 2, et j’ai tout de suite accroché. La grosse surprise a été qu’ils ont fini par me demander de réaliser le film. J’étais stressé parce que j’avais trouvé le premier parfait. Comment faire une suite à la hauteur ? Mais bon, l’offre était impossible à refuser !

Ils étaient du genre à rester toujours sur votre dos ou au contraire à vous donner beaucoup de liberté ?
Un peu des deux, c’est une vraie collaboration. D’un côté j’étais totalement libre de mes mouvements, et en même temps ils étaient très, très impliqués dans le processus de fabrication. Je le résumerais comme ça : je suis un gynéco qui met au monde le magnifique bébé de Chris et Phil (Rires.)

Le premier film Lego avait un point de vue très fort la créativité et la liberté. Comment vous êtes-vous approprié ce message ?
Je n’ai pas eu grand-chose à faire puisqu’on est dans la continuité du premier. On reprend exactement là où l’histoire s’arrêtait : la petite soeur débarque avec des Duplo qui foutent le bordel dans l’univers des Lego et le transforment en désert à la Mad Max. Plusieurs des personnages principaux sont kidnappés et se retrouvent dans l’espace, dans un système solaire inédit. Mais en fait dans la vraie vie, c'est la soeur qui emmène les jouets dans sa chambre. Et elle a encore d’autres façons de jouer que son frère. Elle mélange tout, son cerveau est en ébullition ! Le film est une ode à la créativité sous toutes ses formes.

Vous avez dû mettre au point de nouveaux outils pour gérer les différentes matières qui se mélangent à l’écran ?
Ouais. Par exemple la petite construit sur son lit, avec une énorme couverture qu’on a intégrée au paysage. Le rendu est assez incroyable, mais ça ajoute beaucoup de complexité à notre travail. On a peut-être cinq types d'animation différents au total. Quand on vise l’émotion, l’animation est la plus « propre » possible, les mouvements des visages sont proches de ceux d’un humain. Et parfois on veut totalement s’éloigner de ça et imiter le stop-motion. C’est moins clean, plus saccadé, et on se rapproche du vrai rendu des vraies briques de Lego. C'est un sacré challenge, mais d’un point de vue artistique, je trouve ça fascinant. Évidemment, je n’avais pas imaginé à quel point ce serait difficile !

La Grande Aventure Lego se déroulait à un rythme fou. Vous vous êtes senti obligé d’aller plus loin encore ?
Forcément. Comme c’est une suite, il faut déployer encore plus d’énergie. C’était sûrement ça le plus compliqué d’ailleurs : trouver le bon rythme. Le résultat ressemble à des montagnes russes, surtout en 3D. Mais c'est pour ça que j’adore bosser sur différentes franchises, j’aime être obligé de m'adapter à des univers et des tempos qui n’ont rien à voir.

Le piège avec ce genre de film est de faire une publicité géante pour Lego. Comment l’évite-t-on ?
Avant tout en ayant un scénario béton (NDLR : le script est signé Phil Lord et Chris Miller). Il se trouve que ce sont des Lego, mais finalement ce n'est pas le coeur de l’histoire. Quand j'ai commencé à travailler sur Les Trolls, il était clair que je ne voulais pas faire un film sur un produit ou des jouets. D’ailleurs je prenais tout le temps La Grande Aventure Lego en exemple : quand le film est sorti, personne ne s'est dit qu'ils vendaient des Lego. C'était drôle, irrévérencieux et bourré de second degré. Toy Story avait fait la même chose avec certains jouets très populaires, et personne n’a pensé une seconde qu’il s’agissait d’une publicité géante. La meilleure façon de se protéger de ça, c’est de faire de la qualité et de donner du sens à son histoire.

Comment avez-vous dirigé les acteurs lors des séances de doublage ? Vous étiez sur place avec eux ou vous avez délégué ?
J’étais là tout le temps ! Pour tous mes films, je suis dans la même pièce que l’acteur ou l’actrice. Pas derrière une vitre, hein. Vraiment à côté. On commence toujours l’enregistrement des voix avant même de lancer l’animation, parce qu’on ne sait jamais à quel point un acteur va improviser. J’encourage d’ailleurs l’improvisation, et on a quelques spécialistes au casting, comme Will Arnett qui double Batman ou Chris Pratt qui fait la voix d’Emmet. Je tiens aussi à ce que les acteurs soient présents en même temps autant que possible, pour se donner la réplique. Ça me permet de mieux les diriger et parfois d’orienter une scène vers autre chose que ce qui est écrit sur le scénario. Le doublage fait partie intégrante du film, on n’a pas le droit de se louper là-dessus. 

La Grande Aventure Lego 2, actuellement en salles. Bande-annonce :