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A quelques heures de la 89ème cérémonie des Oscars, on essaie de répondre à cette angoissante question.

Mine de rien, sur les neuf dernières éditions des Oscars, quatre Françaises ont été en lice pour le trophée de la meilleure actrice : Marion Cotillard par deux fois, la regrettée Emmanuelle Riva et, aujourd’hui, Isabelle Huppert, tout juste auréolée d’un César –ce qui n’aura aucun impact, les votes étant clos depuis quelques jours. Depuis 2013, c’est même une fois sur deux qu’une de nos représentantes a fait partie des cinq heureuses élues, invitées à défiler dans les travées du Dolby Theatre de Los Angeles. Pour retrouver trace d’un tel engouement envers les actrices françaises, il faut remonter aux années 60 où Simone Signoret (deux fois), Leslie Caron et Anouk Aimée avaient été sous les feux des mêmes projecteurs. Bref, tous les voyants sont au vert.

Interview d'Isabelle Huppert

Oui, mais. Le taux de réussite des Françaises aux Oscars (trois récompenses en seize participations jusqu’à présent) est historiquement faible : 19%. Si l’on exclut Claudette Colbert -considérée aujourd’hui comme Américaine- et ses trois nominations couronnées d’une statuette, il tombe même à 15%. Autre argument statistique impitoyable : vingt-cinq ans avaient séparé l’Oscar de Colbert de celui de Simone Signoret à qui Marion Cotillard a succédé à vingt-huit ans de distance. Or, il ne s’est écoulé que neuf ans depuis le sacre de la « Môme »… Fichus chiffres.

Les Français aux Oscars

Alors ? Les statistiques, comme les généralités, sont faites pour être contredites. Après tout, Isabelle Huppert a mené une campagne pré-Oscars de grande qualité, saluée par les professionnels américains. L’actrice française s’est même découverte une fanbase un peu hype à Los Angeles et à New York qui ne jure que par son audace et sa filmographie riche de noms ronflants et d’œuvres entrées dans le patrimoine cinématographique mondial. Cette aura lui suffira-t-elle pour souffler l’Oscar semble-t-il promis à Emma Stone ? Il est à craindre que non. Le rôle d’Huppert dans Elle -que seule une tripotée de cinéphiles américains a vu- est trop âpre et clivant pour les votants. Que son nom soit associé à celui du sulfureux Paul Verhoeven est un autre handicap : le cinéaste hollandais ne s’est jamais montré amène envers Hollywood. D’ailleurs, l’absence de nominations d’Elle dans d’autres catégories tendrait à montrer que la star française n’est là que par et pour elle-même, comme incarnation d’une certaine idée du cinéma généralement snobée par l’Académie. Isabelle Huppert est en somme un bel alibi. Gageons qu’Emma Stone saura lui rendre l’hommage qu’elle mérite.