Les Petits mouchoirs
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Dans la suite des Petits mouchoirs, Guillaume Canet offre un regard sur l’amitié encore plus noir, encore plus amer, encore cynique, donc… encore plus passionnant. Retour sur sa genèse

Une semaine après Les Petits mouchoirs et Rock'n Roll, M6 poursuit son cycle Guillaume Canet en proposant Nous finirons ensemble, la suite de son gros succès de 2010. Nous l'avions rencontré en 2019 pour en parler.

Est-ce que dès l’écriture des Petits mouchoirs, vous aviez en tête l’idée d’une possible suite ?

Guillaume Canet : Non, absolument pas. Car Les petits mouchoirs est né de façon très instinctive. Tout débute avec une septicémie qui me conduit droit à l’hosto où, pendant un mois, personne ne vient me voir ! J’en sors, je vais voir un pote de toujours qui passe, lui aussi un cap difficile dans sa vie. On se prend la tête. Il me demande de me barrer car il ne veut pas de gens dépressifs chez lui ! J’en sors avec un constat particulièrement amer sur l’amitié et j’écris Les Petits mouchoirs… en un mois et demi. Ce film est donc empreint d’une émotion très exacerbée, pas contrôlée et qui va donc très loin dans le pathos. On me l’a reproché et je le comprends très bien. C’est un film clivant par son impudeur. Les gens qui m’aimaient bien ont marché. Plein d’autres se sont demandé pourquoi j’allais les faire chier avec mes problèmes

Les premiers ont été plus nombreux que les seconds. Mais vous avez souvent expliqué que vous n’avez pas vécu le succès des Petits mouchoirs à sa juste valeur…

Le matin de la sortie du film, j’apprends qu’un des potes de notre bande vient de se tuer en moto de la même manière que le personnage de Jean (Dujardin) dans le film. Comment dès lors se réjouir de quoi que ce soit ? Comment apprécier le succès ? Voilà pourquoi, pendant des années, j’ai mis Les Petits mouchoirs de côté. Quand des gens m’expliquaient leur envie de revoir ces personnages, ça me paraissait impensable.

Vous n’étiez pas surpris qu’ils aient envie de retrouver ces personnages aussi peu aimables ou sympathiques ?

Non car, pour moi, Les Petits mouchoirs - comme Nous finirons ensemble – est une satire. Ces personnages reflètent… tous les mauvais côtés de ma personne et de mes potes. Ces imperfections ont parlé à ceux qui ont aimé le film. Mais, longtemps, le pathos que j’y avais mis en toute sincérité m’était insupportable. Je n’avais donc aucune envie de retrouver cette bande. Même si je dois aux Petits mouchoirs l’une des plus grandes satisfactions de ma vie : ce mail où Lawrence Kasdan m’écrit que Les petits mouchoirs l’avait profondément ému et était à ses yeux l’un des dignes héritiers de son film…

Qu’est ce qui vous fait changer d’avis ?

Des années plus tard, je tombe par hasard sur le film à la télé. Et là je me marre, je pleure à la fin… Bref, pour la première fois, je me dis que j’aimerais bien les retrouver. Puis pendant la promo de Rock n’roll, je fais le constat que j’arrive à un âge où, mon entourage et moi-même ne réagissons plus du tout de la même manière qu’avant. Car en 10 ans, on a tous perdu un parent, on s’est remariés ou on a eu des enfants. Les priorités de chacun ne sont donc plus les mêmes. Et comme on a conscience d’avoir moins le temps, on se dit beaucoup plus franchement les choses. J’ai donc eu envie de retrouver les personnages des Petits mouchoirs dans cette situation où ils allaient solder les comptes. Pour savoir si, une fois leurs quatre vérités dites, ils finiront ensemble ou non.

On a le sentiment qu'avec Nous finirons ensemble, vous enfoncez le clou par rapport aux Petits mouchoirs. Que vous allez plus loin encore dans la noirceur avec des personnages impossibles à sauver…

Le film est plus cynique. Puisqu’à l’inverse de ce qui se passait dans Les Petits mouchoirs, on dit en face les vérités au lieu de les taire. Comme une mise au point une bonne fois pour toutes. Et, en effet, l’état des lieux est rude. Mais si je montre des personnages loin d’être parfaits, perdus ou ayant perdu leurs illusions, je pointe aussi la certitude qu’ensemble, ils peuvent être plus forts. Mais avant de le comprendre, enfermés chacun dans leurs problèmes, leurs échanges se révèlent en effet très violents.


Nous finirons ensemble : Guillaume Canet puissance 2 [Critique]