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Pour fêter 2010, tous les jours jusqu'au 31 décembre, Premiere.fr revient sur l'année cinéma avec ceux qui l'ont faite. On continue avec le cinéaste et producteur Guillermo Del Toro Par François Grelet“Il n'y a pas un seul jeu-vidéo qui puisse s’aligner sur Inception”. Bonjour Guillermo, vous étiez partout en 2010 : dans les tabloïds avec l’arlésienne The Hobbit, dans les librairies avec le Tome 2 de La Lignée, dans l’industrie du jeu vidéo avec le projet Insane, consultant créatif sur Megamind et vous avez également trouvé le temps de produire 4 films, dont le récent les Yeux De Julia. Ca va, pas trop fatigué ? Epuisé, littéralement épuisé. Mais je me mets à déprimer dès que je ne travaille pas donc qu’est ce que vous voulez, il faut bien que je m’occupe un peu. Mais je ne cloisonne rien vous savez. Pour moi, chaque activité fait partie d’un grand tout dans lequel j’apprends humblement mon métier de storyteller. Bon, je dois quand même vous avouer que les possibilités offertes par le jeu vidéo en terme de narration à embranchements m’empêchent littéralement de dormir, tant elle sont vastes et jusqu’à présent inexplorées...J’ai l’impression que tous les gens frustrés par la qualité actuelle des blockbusters ciné se tournent désormais vers le jeu vidéo. Vous confirmez? Non, non, je trouve ça assez improductif d’opposer les deux médiums. Certes les grandes production hollyoodiennes ne sont pas au top actuellement, mais c’est une question de contexte, aussi bien économique que technologique. Hollywood traverse une grave crise financière et dans le même temps personne n’arrive encore à imposer un véritable savoir-faire dans son utilisation CGI. Si vous partez ce constat, très vite vous comprenez que nous vivons juste une période de transition, là où l’industrie vidéoludique semble, de son côté, connaître un véritable un âge d’or. Mais aucun jeu vidéo ne s’aligne sur Inception, et aucun film ne peut proposer une expérience comme celle offerte par Red Dead Redemption, donc...Vous portez quel regard sur l’industrie hollywoodienne ? Vos projets semblent avoir du mal à se monter ces temps ci non?Oh non, si vous faites référence à The Hobbit c’est plus une question de circonstances qu’autre chose. Mais c’est vrai qu’il ne fait pas bon être ambitieux en ce moment, les décideurs sont horriblement frileux, et le téléchargement commence à devenir un véritable problème pour les gens créatifs, ce qui n’était pas le cas avant. C’est à dire ? Et bien désormais pour qu’un film soit greenlighté, il faut qu’il contienne en son sein un argument qui poussera les gens à allez le voir EN SALLES. Sinon tout le monde attendra de le trouver sur les réseaux torrents. Et c’est un truc qu’il faut penser en amont. Est ce que ce script excitera suffisamment les gens pour qu’ils veuillent bien se déplacer, ou est ce qu’ils attendront le divx ? : voila le genre de question auquel je me confronte quotidiennement désormais et que je ne m’étais jamais posé avant. Voila aussi pourquoi il devient de plus en plus compliqué, à moins d’être Chris Nolan, de refuser les conversions 3D et ce genre d’horreurs qui sont de véritables plaies esthétiques. C’est pour ça d’ailleurs que j’ai crée il y a peu mon propre studio à Los Angeles : j’avais besoin de mon havre de paix désormais. Bon Guillermo, passons aux choses sérieuses: Votre Top 5 2010 ?Ah je n’ai pas trop eu le temps de me pencher dessus je vous avoue. Donc comme ça au débotté. Je dirai en premier, The Social Network, en second hum... Enter The Void. En trois je mettrai Winter’s Bone, en quatre Inception... Et en cinq.... C’est affreux comme exercice j’ai peur d’en oublier.... Bon allez, en cinq, Biutiful du grand Alejandro Inaritu. Ah non mais Biutiful, vous n’avez pas le droit de le mettre dans votre liste. Pourquoi donc ? Vous l’avez produit... Ah oui c’est vrai. Mais ça ne l’empêche pas d’être un grand film quand même? Vous n’avez pas aimé, vous? Si beaucoup. J’avais un peu l'impression d’être le seul d’ailleurs. Bah vous voyez on est au moins deux maintenant.