Trois ans après Il divo, Paolo Sorrentino  revient avec This must be the place , un road movie non conformiste avec Sean Penn dans un rôle à transformation.En dix ans et cinq longs métrages, Paolo Sorrentino s’est imposé comme le chef de file d’une nouvelle génération de cinéastes italiens indépendants et novateurs. Le festival de Cannes l’a amplement aidé, en sélectionnant quatre de ces films, dont Il divo, prix du jury en 2003.  Dans son dernier, qui emprunte son titre à une chanson des Talking heads, Sorrentino lance sur la route un personnage en quête de lui-même. Typiquement, il oscille entre légèreté et gravité, au risque de choquer.Quelle influence le festival de Cannes a-t-il eu sur la conception de This Must Be the Place ?Le festival a joué un rôle très important. J’ai rencontré Sean Penn en 2008 alors qu’il présidait le jury. Il m’a dit qu’il aurait bien aimé faire un film avec moi, ce qui m’a passablement excité. Chez moi, l’excitation est une condition fondamentale pour concevoir un film. Donc cette rencontre a été décisive.Une fois que Sean Penn a accepté le rôle, l’avez-vous laissé libre ou lui avez-vous donné des instructions très précises?J’avais des idées très précises au sujet de l’apparence et du caractère de Cheyenne. Ensuite, Sean Penn m’a proposé des suggestions pertinentes sur la façon dont le personnage pouvait parler, bouger ou marcher. Cheyenne est quelqu’un qui a honte d’être devenu riche. Sa façon de se mouvoir avec une lenteur que je qualifierais d’exaspérée était indiquée dans le scénario, mais Sean l’a accentuée.De quoi cette lenteur est-elle un symptôme?Il y a deux éléments. Le premier est d’ordre biographique car je voulais faire de lui un ancien héroïnomane et alcoolique repenti. La plupart des gens qui sont passés par là bougent avec une certaine lenteur. D’autre part, je voulais aussi présenter un personnage complètement hors du temps et des modes. Dans ce monde qui bouge très vite, je trouvais plaisant d’avoir quelqu’un de lent.Qu’avez-vous pensé la première fois  que vous avez vu Sean Penn maquillé?C’est arrivé pendant les essais de maquillage et de costume. En l’espace de deux heures, j’ai vu Sean Penn se transformer. C’est ce qui m’a procuré  l’émotion la plus forte de tout le film. J’ai beau avoir une certaine expérience dans ce métier, c’est toujours extraordinaire de voir comment une personne devient une autre. J’ai aussi réalisé ce qu’est l’art d’un acteur. C’est quelque chose qu’on prend pour argent comptant, mais là, j’ai assisté à cette métamorphose. J’ai aussi pu mesurer l’intelligence de la personne que j’avais en face de moi.Interview Gérard Delorme.Retrouvez la suite de l'interview de Paolo Sorrentino dans le numéro d'août du magazine Première, toujours en kiosques !