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Carne y Arena d'Alejandro González Iñárritu
On se rappelle l'intro de The Revenant : Alejandro González Iñárritu nous plongeait dans une scène de guerre de dix minutes au ras du sol, en apnée, incroyablement intense, où l'on se prenait les flèches des Indiens en pleine poire, comme une scène d'Assassin's Creed en réalité virtuelle. Normal que le film suivant d'Iñárritu veuille aller encore plus loin : Carne y Arena, installation VR mitonnée avec son chef op Emmanuel Lubezki, plongera le spectateur dans la peau des migrants tentant de traverser la frontière des Etats-Unis. "Mon but est d'explorer la condition humaine pour briser la dictature du cadre -dans lequel les choses sont simplement observées- et reconquérir l'espace pour permettre au visiteur de vivre une expérience directe en marchant avec les migrants, dans leur peau et dans leur cœur." Carne y Arena pourrait être une petite révolution, quelque chose comme Les Fils de l'homme version VR.

Okja de Bong Joon ho
Si on met de côté la bataille de Netflix - les problèmes de distribution/chronologie des médias qui entourent la sélection des films de Noah Baumbach et Bong Joon ho -, on peut respirer deux secondes pour s'exciter convenablement sur le nouveau film du réalisateur de The Host, Memories of Murder et Snowpiercer ? L'histoire d'une gamine amie d'un gros monstre que convoitent -évidemment- des industriels mal intentionnés. Armé d'un cast globalisé (Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Byun Hee-bong...), Bong s'aventure dans l’imaginaire spielbergien et promet la grosse bouffée d'air frais de la compète.

Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos
Le plus beau titre de Cannes 2017 ? En tout cas qui évoque immédiatement des images de sacrifices primitifs, païens, pour se concilier les puissances supérieures de ce monde. C'est l'histoire d'un chirurgien (Colin Farrell) marié à une ophtalmo (Nicole Kidman) qui recueille un ado, et qui va le pousser à un deal inimaginable... Farrell a, paraît-il, été révulsé par la simple lecture du script. On se rappelle le final déchirant de The Lobster (qui impliquait de la chirurgie oculaire, rappelez-vous), le précédent Lánthimos, et on a hâte d’être révulsés.

Happy End de Michael Haneke
Faut-il vraiment préciser pourquoi on crève d’envie de voir Happy end ? Parce que les deux derniers films de Michael Haneke ont décroché la Palme d’Or ? Parce que le casting (Trintignant, Huppert, Kassovitz) est le plus excitant de l’année ? Parce que le pitch (un couple de bourgeois calaisien confronté à la crise des migrants) résonne fortement ? Non, décidément, on ne va pas expliquer pourquoi on veut voir Happy end. 

Un beau soleil intérieur de Claire Denis
Cinéaste passionnante, Claire Denis revient à Cannes, quatre ans après son controversé Les Salauds (présenté à Un Certain Regard) qui avait divisé les observateurs. De ce nouveau film, on ne sait pas grand-chose, sinon cette accroche : « Isabelle, divorcée, un enfant, cherche un amour. Enfin, un vrai amour. » L’Isabelle en question étant Juliette Binoche et le grand amour, à chercher entre Xavier Beauvois, Gérard Depardieu, Philippe Katerine ou Bruno Podalydes, il y a de quoi franchement s’impatienter.

Le Redoutable de Michel Hazanavicius
De la même façon que Bob Dylan ne va pas à Oslo quand on lui décerne le Prix Nobel de littérature, Godard ne vient plus à Cannes montrer ses films. Pas grave : Hazanavicius se charge de convoquer son esprit dans Le Redoutable, son nouveau grand détournement, un « à la manière de » dans lequel Louis Garrel s’est fait la tête du génie suisse circa 1968, au moment de sa radicalisation maoïste. OSS 117 dans le Quartier Latin ? The Artist à la Sorbonne ? On peut s’attendre à tout mais le film a déjà remporté le prix de la meilleure réplique du Festival : « Qui s’intéresse à Cannes ? Faut être complètement con pour aller à Cannes cette année avec tout ce qui se passe en ce moment ! »

Wind River de Taylor Sheridan
En trois ans et trois éditions cannoises, Taylor Sheridan est devenu le chouchou US de la Croisette. Notre nouvel ami américain. Scénariste de Sicario (une bombe qui a ravagé la Compète en 2015) puis de Comancheria (montré dans la section Un Certain Regard en 2016), il fait aujourd’hui ses débuts de réalisateur avec Wind River (lui aussi montré à Un Certain Regard), l’histoire d’une enquête sur un meurtre sordide dans une communauté amérindienne du Wyoming, menée par Jeremy Renner et Elizabeth Olsen. « C’est la conclusion de la trilogie que j’ai écrite sur le thème de la Frontière américaine moderne », dixit Sheridan. Considérez-nous comme très excités.

Les Proies de Sofia Coppola
Sofia Coppola enferme trois générations de divas diaphanes (Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning) dans un pensionnat du Sud des Etats-Unis, en plein guerre de Sécession. Au milieu de ce gynécée trône Colin Farrell, soldat nordiste blessé au combat et qui va bientôt être pris au piège de la « Southern hospitality ». Un sujet en or pour Sofia Coppola, remake du génial Les Proies (1971) de Don Siegel, avec Clint Eastwood. Eastwood sera d’ailleurs à Cannes pour une leçon de cinéma. Les astres sont alignés.

Faute d’amour (Loveless) d’Andreï Zviaguintsev
Après son colossal Leviathan, sublime parabole sur la Russie contemporaine, comment ne pas attendre à genou le nouveau film du grand formaliste russe ? Ce drame au titre déjà déchirant regarde l’implosion d’un mariage dont la première victime est l’enfant, que les parents, abîmés dans leurs querelles, semblent avoir totalement oublié, jusqu’au jour où celui-ci disparaît. Comme à son habitude, le cinéaste, qui n’est jamais reparti bredouille du Festival, devrait mêler l’intime et le politique pour explorer les violences de la Russie d’aujourd’hui.

Twin Peaks de David Lynch
OK, c’est une série et, OK encore, les deux premiers épisodes de cette troisième saison inespérée ne seront montrés à Cannes que quatre jours après leur diffusion US sur Showtime. Mais difficile de trouver un objet qui suscite autant le désir que cette résurrection-événement de la série-monolithe ultime, l’alpha et l’oméga de la télé contemporaine, celle sans laquelle rien n’aurait été pareil. Accessoirement, c’est aussi le retour derrière une caméra de David Lynch, dix ans après le crash Inland Empire. « On se reverra dans 25 ans », chuchotait le fantôme de Laura Palmer à l’oreille de l’agent spécial Dale Cooper. Un quart de siècle plus tard… ça y est. On y est. « It is happening again ». 
 

Voici les films (et la série) que la rédaction de Première a le plus envie de découvrir au Festival.

En salles ou sur Netflix, en film ou en série, court ou long, en 2D ou en VR, voici les dix oeuvres qu'on a très envie de découvrir pendant le Festival de Cannes 2017.