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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

DETROIT ★★★★★
De Kathryn Bigelow

L’essentiel
Kathryn Bigelow raconte la folie raciste des forces de l’ordre dans le Detroit de 1967 : politique, violent, et très, très en colère.

En 1959, Otto Preminger concluait Autopsie d’un meurtre, classique absolu du film de procès, par le plan d’une poubelle, histoire de bien signifier ce qu’il pensait du système judiciaire qu’il venait de passer deux heures à disséquer. Il y a également un procès à la fin de Detroit, un verdict pas satisfaisant, et une poubelle à la sortie du tribunal. Poubelle dans laquelle fonce vomir l’un des protagonistes…
Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIMÉ

KINGSMAN : LE CERCLE D’OR ★★★★☆
De Matthew Vaughn

Le point commun entre tous les films de Matthew Vaughn ? Ils vieillissent mal. Faites le test. Revoyez, par exemple, Kick-Ass avec une personne qui ne l'a jamais vu, et tout votre plaisir viendra des réactions de cette personne ; car dépouillé de ses effets de surprise et donc de son énergie, Kick-Ass -et, partant, la filmo de Vaughn, de Layer Cake à Stardust en passant par X-Men Le Commencement- supporte mal chaque vision supplémentaire. Kingsman premier du nom fonctionnant à la même énergie que Kick-Ass (l'effet de surprise comique, violent et trash appliqué à un genre), et vu le carnage Kick-Ass 2, comment est-ce qu'un Kingsman 2 pourrait faire frapper la foudre au même endroit ? Réponse : en annulant le jeu de la surprise avec le spectateur. 
Sylvestre Picard

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LA PASSION VAN GOGH ★★★★☆
De Dorota Kobiela et Hugh Welchman

“On ne peut s’exprimer que par nos tableaux”. Les auteurs ont pris au mot cette phrase que Van Gogh avait écrite dans sa dernière lettre à son frère Théo et se sont attelés à l’un des projets animés les plus fous de la décennie : chacun des 62 450 plans en prises de vue réelles du film a été peint à l’huile à la façon de Van Gogh par 90 artistes du monde entier ! Une gageure qui aboutit à un résultat splendide, impossible à retranscrire par écrit. Il faut le voir pour le croire. La passion Van Gogh ne se résume heureusement pas qu’à un défi technique assez vain. Il suit l’enquête d’un fils de facteur sur le suicide suspect du peintre dont il remonte la trace au fil de rencontres avec les gens qui l’ont côtoyé sur la fin, à Auvers-sur-Oise. Palpitant comme une enquête de Columbo, traversé de flashbacks en noir et blanc aussi beaux que les passages en couleur, le film concilie beauté et suspense, poésie et documentaire. Pari gagné haut le pinceau.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

L’ATELIER ★★★☆☆
De Laurent Cantet

Neuf ans après Entre les murs, Laurent Cantet filme à nouveau des jeunes suivant un principe de mise en scène approchant : à la vraie-fausse classe de collège succède un vrai-faux atelier d’écriture dans lequel des jeunes castés sauvagement à la Ciotat jouent presque leurs propres rôles. Le résultat est à peu près aussi bluffant de spontanéité et d’énergie, notamment lors des scènes de stage animé par Marina Foïs, excellent en romancière-éducatrice pénétrée de son importance. Le film est un peu plus convenu lorsqu’il s’aventure sur le terrain de la pure fiction et qu’il met en scène les états d’âme du jeune héros, formidablement interprété par Matthieu Lucci, une vraie révélation.
Christophe Narbonne

À L'OUEST DU JOURDAIN ★★★☆☆
De Amos Gitaï

Il reste de l'espoir, mais il faut faire vite. C'est en creux ce que nous dit Amos Gitaï avec son nouveau film documentaire, À L'Ouest du Jourdain, très remarqué lors de la dernière Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Trente-cinq ans après Journal de Campagne, le cinéaste engagé est retourné en Cisjordanie, cette fois pour filmer ceux qui croient encore à la paix entre Israéliens et Palestiniens. De simples citoyens, qui tentent de dépasser les conséquences d'une guerre la plupart du temps silencieuse. Pas d'excès dans la forme : Gitaï adopte un style journalistique classique entre reportage et interviews : là une école palestinienne financée par des rabbins ; ici un tournoi de backgammon où Israéliens et Palestiniens se mélangent. Un film résolument optimiste.
François Léger

TAXI SOFIA ★★★☆☆
De Stephan Komandarev

Les cinéastes de l’ex bloc de l’est donnent régulièrement des nouvelles peu rassurantes de leurs pays. Pour le roumain Cristian Mungiu, le russe Andrzeï Zviaguintsev ou le hongrois Kornél Mundruczó, le présent est désespérant, l’avenir sombre. Même son de cloche de la part du bulgare Stephan Komandarev qui, avec Taxi Sofia, autopsie un pays miné par la corruption et le manque de valeurs morales. Raconté du point de vue de différents chauffeurs de taxi (avec en toile de fond le suicide d’un des leurs), le film, avec sa succession de saynètes édifiantes, évoque fortement Taxi Téhéran de Jafar Panahi, le nihilisme en plus. Pas un grand film mais révélateur de son époque.
Christophe Narbonne

UN CONTE PEUT EN CACHER UN AUTRE ★★★☆☆
De Jakob Schuh et Jan Lachauer

Vous croyez connaître par coeur Cendrillon, Jacques et le Haricot magique, Blanche-Neige et les sept nains, Le Petit Chaperon Rouge et Les Trois Petits Cochons ? Vous vous trompez. Laissez le Loup vous raconter sa version… Adaptation du fantastique album pour enfants signé Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie), Un Conte peut en cacher un autre revisite ces grands classiques et les entremêle de façon inattendue. L'animation est ronde et colorée, directement inspirée des dessins de Quentin Blake, l'illustrateur de Dahl. Avec la particularité de changer de style selon que la scène se déroule dans l'univers du film ou celui du conte (dans ce dernier, les personnages semblent avoir été sculptés dans le bois). Un premier long-métrage stylisé, drôle et malin pour la société anglaise Magic Light Pictures, qui respecte l'oeuvre originale tout en sachant s'en écarter suffisamment pour la mettre au goût du jour. Vos enfants n'ont pas fini de vous en parler.
François Léger

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LEGO NINJAGO : LE FILM ★★☆☆☆
De Charlie Bean, Paul Fisher, Bob Logan

La franchise cinématographique des petites briquettes danoise a ce petit charme en plus qui inspire l’indulgence.  Force de la nostalgie de notre enfance, sans doute.  On n’en voudra donc pas à Dan Hayeman, Kevin Hayeman, Hillary Winston, Paul Fisher, Bob Logan qui se sont mis à 5 pour écrire un scénario qui tiendrait aisément sur une briquette, taille deux.
Nicolas Bellet

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RAHM, LA CLEMENCE ★★☆☆☆
De Ahmed A. Jamal

Rahm, la clémence raconte l’histoire de Sameena, une pakistanaise qui apprend la mise à mort de son frère, accusé de fornication. La jeune femme décide de demander sa libération auprès de Qazi Aha, le nouveau gouverneur de Lahore, qui accepte à la condition de passer une nuit avec elle. Ahmed A. Jamal s’inspire librement de Mesure pour mesure, pièce écrite par William Shakespeare, pour dénoncer le puritanisme hypocrite du Pakistan. Malgré une photographie qui magnifie l’architecture et les décors extérieur de la ville, renforçant la mise en scène et le jeu des acteurs, le réalisateur décrédibilise son récit à cause de rebondissements futiles et d’une conclusion un peu trop simpliste.
Maxime Kasparian

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

COEXISTER ★☆☆☆☆
De Fabrice Eboué

On aime bien Fabrice Eboué, sa nonchalance narquoise, son humour vache. On avait beaucoup aimé Case départ, le film qu’il avait coréalisé avec Thomas Ngijol et Lionel Steketee. On attendait donc sa première réalisation en solo avec l’impatience du fan acquis, persuadé qu’il allait tout casser sur son passage et ridiculiser tous ces comiques-réalisateurs mettant mécaniquement en images des pitchs usés avec la complicité de leurs potes. La déception est au niveau de l’attente.
Un producteur de musique à la ramasse (Eboué, peu convaincant et convaincu au point de se diluer progressivement à l’écran) décide de monter un groupe œcuménique réunissant un rabbin, un imam et un curé. Succès assuré ! Evidemment, chacun d’entre eux a ses petits secrets que la compétition interne et l’exposition médiatique vont étaler au grand jour. Il n’y a pratiquement rien de drôle (en dépit de l’addition des talents comiques) dans Coexister, qui promeut par l’absurde le vivre-ensemble et s’inscrit opportunément dans le sillon de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?. Et de regretter qu’en France, on soit incapable de faire des comédies sociales sur le modèle -certes pas parfait- des anglo-saxons qui parviennent à insuffler un minimum d’humanité et de réalisme dans leurs produits calibrés et mis en scène avec un minimum de savoir-faire.
Christophe Narbonne
 

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