Simon Rex
Abaca

Après avoir explosé à Cannes avec Red Rocket en 2021, Simon Rex revient dans The Sweet East, premier film du directeur de la photo Sean Price Williams et portrait peu glorieux de l'Amérique à la frontière du conte, à travers le destin d'une jeune fugueuse. Rencontre.

Première : Il y a deux ans, vous faisiez sensation à Cannes avec Red Rocket de Sean Baker. Que s'est-il passé pour vous depuis ?
Simon Rex : 
L'accueil ultra positif de Red Rocket a radicalement changé ma vie professionnelle. Avant, je n'avais pas du tout de boulot, et maintenant je bosse non-stop ! Ca m'a donné un but. Je reçois des tas de propositions. Bon, je sais que ce business fonctionne par vagues, et pour le moment j'ai décidé de surfer dessus.

Comment faites-vous le tri dans les propositions que vous recevez ?
En fonction du réalisateur, du script et parfois du casting. En fait, je ne veux faire que des films que je pourrais recommander à mes amis et ma famille. Parce que j'ai trop longtemps tourné dans des choses absolument pas recommandables (Rires.) Et je ne choisis jamais en fonction de l'argent. On m'a proposé des rôles extrêmement rémunérateurs, mais pour de mauvais films. Je préfère moins gagner et me retrouver dans d'excellents projets. Comme The Sweet East. J'avais rencontré Sean Price Williams à Cannes il y a deux ans, et en un déjeuner je savais que je voulais bosser avec lui. Pur instinct. Et quand il m'a envoyé le scénario, j'ai tout de suite vu pourquoi il fallait que je joue ce personnage.

Un néo-nazi intello qui n'arrête pas de parler.
Ouais ! Il a en commun avec mon personnage de Red Rocket ce côté « je cause tout le temps ». Sauf que là où Mikey était un con autocentré, lui est effectivement plus un intellectuel... mais raciste et homophobe.

Et vous réussissez à le rendre très sympathique malgré tout. Comment ça se passe, techniquement parlant ?
Pffff... Disons que j'ai toujours réussi à m'en sortir dans la vie avec mon charme et mon sens de l'humour, et que j'essaie d'injecter ça dans le rôle. Et puis je ne crois pas que les gens puissent être totalement mauvais. Il y a toujours quelque chose de bon chez quelqu'un, même si cette personne a des croyances absolument horribles. C'est ça, être humain.

Vous n'avez pas peur qu'on vous enferme dans des rôles de tchatcheurs ?
Si, bien sûr. Mais c'est pour ça que j'ai accepté des rôles complètement à l'opposé, où je ne cause pratiquement pas. Vous verrez, j'ai pas mal de films qui vont sortir où je vais à l'encontre de ce qu'on attend de moi. Mais ça ne m'empêche absolument pas de prendre un rôle avec un débit de mitraillette si ça me chante. D'ailleurs, je pars de Cannes demain pour aller tourner Operation Taco Gary's, un long-métrage que je produis également où je joue un complotiste qui croit que le gouvernement contrôle la météo et toutes ces conneries. Une pure comédie, où je dis de la merde à longueur de temps (Rires.)

The Sweet East est un portrait peu flatteur de l'Amérique d'aujourd'hui, remplie de fous et de gens à l'ego démesuré. Vous êtes d'accord avec ce constat ?
Totalement. C'est un point de vue tout à fait juste. Ca fait longtemps que les Etats-Unis sont ainsi, et c'est un pays à la fois génial et complètement dingue. Mais dernièrement, les divisions se sont accentuées et c'est ce que le film réussit à capter, bien qu'il ait été écrit il y a cinq ans. Moi, je regarde tout le monde péter un plomb et j'essaie de ne pas trop m'impliquer...

Pourquoi ?
Parce que j'ai essayé quelques fois de donner mon avis sur les réseaux sociaux, et je me suis rendu compte que je n'allais jamais pouvoir faire changer d'avis de qui que ce soit. Au fond, je ne sais pas vraiment de quoi je parle. Alors peut-être vaut-il mieux la boucler et observer. Vous savez, je suis heureux d'être Américain parce que ça me permet de vivre de mon métier d'entertainer. Et puis je suis habitué à tout le folklore du pays, même si dernièrement les choses sont un peu parties en vrilles et que j'en suis venu à me demander si on n'assistait pas en direct à la chute de cet empire. C'est une drôle d'époque, et une partie de moi aurait envie de se tirer en Espagne, au Portugal ou en Indonésie. Mais au fond, je sais que j'ai besoin de rester là pour faire mon boulot.

The Sweet East n'a pas encore de date de sortie française.