Bong Joon-ho reçoit la palme d'or
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Parasite, le film de Bong Joon-ho remporte la palme d'or de cette 72ème édition du festival de Cannes. Antonio Banderas, Ladj Ly, Elia Suleiman sont les autres récompensés de la soirée.

C'est donc Parasite qui triomphe ce soir. Et cette palme d'or, méritée, on aurait presque envie de dire attendue, tant le film de Bong Joon-ho a mis tout les festivaliers d'accord, récompense l'un des films les plus ébouriffants de cette édition. Un chef-d'oeuvre politique, une fable bouffonne et kafkaïenne, un film de genre filmé comme un blockbuster qui serait aussi un désossage en règle du capitalisme morbide... Sur la scène cannoise, Bong Joon-ho citait Clouzot et Chabrol. Pas faux : son Parasite est un film total, brillant, jouissif et acide. Une palme oui, mais avec en plus une sacrée gueule. 

Pourtant, derrière cette récompense aussi balèze que naturelle, le reste du palmarès paraît un peu plus... consensuel. C'est sans doute que ce 72ème festival de Cannes fut l'une des éditions les plus riches qu'on ait vu depuis des années. On le savait depuis la conférence de presse de Thierry Frémaux à la mi-avril. Avec ses noms prestigieux (Tarantino, Jarmusch, Malick, Suleiman, Almodovar) et ses sujets fantasmatiques (des zombies, du gore, du Hollywood vintage, du burlesque), cette édition s'annonçait folle. On n'imaginait pas à quel point.  

Le président du jury, Gonzalez Inarritu, a donc dû jongler entre une série de chef-d'oeuvres hallucinants. S'il a réussi à jouer sur tous les tableaux, à saluer quelques évidences (Banderas pour le prix d'interprétation et Céline Sciamma pour le scénario), et à primer des films moins faciles (Les Misérables et Bacurau), il est sans doute passé à côté de la diversité des films.

Quand on regarde les oeuvres récompensées ce soir, on constate, à l'image des discours qui ont émaillé la soirée, que Gonzalez Inarritu et sa bande ont voulu privilégier les "sujets". La radicalisation chez les frères Dardenne, la lutte des classes de Bong Joon-ho, la douleur de l'émigration filmée par Mati Diop... Comme si le cinéaste mexicain avait mis l'accent sur le fond plutôt que sur la forme. C'est en tout cas ce qui pourrait expliquer l'absence de certains films dans ce palmarès. 

Absent Une vie cachée de Terrence Malick par exemple qui est sans doute l'oeuvre la plus folle du cinéaste, un objet de cinéma envoûtant qui continue de nous hanter des jours après sa découverte. 

Absent Once Upon a Time in Hollywood épopée nostalgique dans le Hollywood 69 qui marquait le grand retour de Tarantino, affirmait sa croyance ultime dans le pouvoir thaumaturge du cinéma et le voyait se mesurer une fois de plus à Leone.

Absent The Wild Goose Lake de Diao Yinan, qui, si l'on parle prix de la mise en scène, était un concurrent sans doute plus solide que le film des frères Dardenne. La séquence de fellation ou la danse fluo des mafieux resteront longtemps à l'esprit... 

Il n'empêche. On ne va pas se plaindre ! On évoque les recalés parce qu'on retiendra d'abord et avant tout l'extraordinaire qualité de cette sélection, littéralement historique. Et s'il y a une chose que Alejandro Gonzalez Inarritu n'a pas raté c'est sa palme d'or. Ce film, Parasite, est un coup de boule inoubliable.  

 

PALMARES COMPLET

Palme d'or : Parasite de Bong Joon Ho

La critique de Parasite

Grand prix : Atlantique de Mati Diop

Prix d'interprétation masculine : Antonio Banderas dans Douleur et gloire

Prix du jury ex-aequoLes Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.

L'interview de Ladj Ly

Prix de la mise en scène : Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne pour Le jeune Ahmed

Prix d'interprétation féminine : Emily Beecham dans Little Joe

Prix du scénario : Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale : It Must Be Heaven de Elia Suleiman

Caméra d'or : Nuestras Madres de Cesar Diaz

Palme d'or du court-métrage : La distance entre le ciel et nous de Vassilis Kekatos

Mention spéciale du court-métrage : Monstruo Dios de Agustina San Martín