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Prix de la Mise en Scène à Cannes, Baccalauréat confirme le talent de Cristian Mungiu.

Romeo est un docteur honorable, un père aimant et un mari insuffisant. Rien d’anormal. Le jour où sa fille chérie est agressée, son système de valeurs s’écroule : pour aider celle-ci, forcément perturbée, à obtenir son baccalauréat, et ainsi valider la bourse de celle-ci en Angleterre à laquelle ses excellents résultats scolaires lui ont permis de prétendre, Romeo va devoir aller voir les mauvaises personnes (un flic corrompu, un politicien véreux, un proviseur redevable) pour « faciliter » les examens d’Eliza. Cristian Mungiu décortique les mécanismes menant à la chute morale d’un homme en apparence respectable qui a lutté sa vie entière contre les compromissions faciles mais qui remet tout en question brutalement. Le doit-il vraiment ? C’est la problématique, passionnante et supérieure, d’un film qui, tout en condamnant le système, montre la faillibilité humaine dans ce qu’elle a de touchant mais aussi de médiocre.

Une maîtrise impressionnante

Si Baccalauréat force autant l’admiration c’est parce qu’il nous renvoie à notre humanité chahutée par l’état du monde et par les forces invisibles de l’âme. Avec ce nouveau portrait d’une Roumanie déliquescente, rongée par la corruption, les arrangements et la violence, Mungiu étale une maîtrise impressionnante, fondée sur une écriture précise et une mise en scène antispectaculaire mais traversé de quelques fulgurances -une course-poursuite dans des ruelles menaçantes, à la limite du fantastique ; des éclairs de violence inexpliqués qui installent un climat anxiogène de bout en bout. Son Prix de la Mise en scène obtenu à Cannes n’est pour le coup pas usurpé.