Les assises de la parité. Collectif 5050
Emma Blunden Collectif 5050

« Sur nos plateaux comme dans la vie », tel est le credo du collectif 5050 qui organisait le 14 novembre, ses Assises pour la parité, l’égalité et la diversité. Des mesures contre les violences sexuelles ont aussi été décidées.

Il régnait une ambiance électrique au CNC pour les deuxièmes assises pour la parité, l’égalité et la diversité. Dix jours après la prise de parole d’Adèle Henel et dans la foulée d’une nouvelle accusation contre Roman Polanski, le vœu pour la parité hommes/femmes mais aussi plus largement pour une meilleure représentativité de la population derrière et devant la caméra prenait un caractère d’urgence. Tous l’ont souligné, à commencer par Dominique Boutonnat, le président du CNC qui a expliqué que « nos secteurs ont une vraie responsabilité dans ce domaine ». « La question de la parité nous interroge tous », a-t-il poursuivi devant une audience dont il a regretté qu’elle soit composée en grande majorité de femmes. Il a également fait le bilan du bonus parité – un bonus de 15% accordé aux équipes de films paritaires au niveau des chefs de postes- qui a bénéficié depuis un an à 29 productions.

 

Une charte pour offrir de nouvelles images de la France

La réalisatrice, Rebecca Zlotowski, au nom du collectif 50/50 a rappelé que l’association était un action tank composé de 1500 professionnels, « un lobby pour changer les choses par la pensée ». « Nous répondons à la provocation d’un monde audiovisuel inégal ». Pour offrir de nouvelles images, le collectif a élaboré une charte qui vise à favoriser la diversité de la société française dans toutes, "ses composantes culturelles, ethniques, géographiques et sociales, pour l’égalité des chances et la parité entre les hommes et les femmes". « Sans volontarisme, il n’y aura pas de changement », ont martelé les différents intervenants.

A ce jour, la charte a été paraphée par plusieurs associations représentatives du métier comme la Société des Réalisateurs de Films (SRF), l’Union des Producteurs de Cinéma (UPC), l’Association des Directeurs de Production (ADP), l’Association des Responsables de distribution Artistique (ARDA), la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD). L’absence de l’ARP (Association des réalisateurs Producteurs), à majorité masculine, dont beaucoup de réalisateurs proéminents sont membres, a été remarquée.

Afin de joindre les paroles aux actes, la charte est accompagnée d’une bible, un répertoire de professionnels répondant à ces critères et consultable en ligne.

 

Des mesures contre le harcèlement

Le ministre de la Culture, Franck Riester, a, lui, annoncé des mesures pour prévenir les violences faites aux femmes : la nomination d’un référent sur les tournages et pendant la promotion des films, des formations à la prévention du harcèlement pour les professionnels, la mise en place d’une cellule d’alerte et d’écoute. Sa prise de position très attendue sur les accusations récentes a été très claire. Il a annoncé la fin de l’omerta et est d’abord revenu sur l’affaire qui secoue le Ministre de la Culture, puis semblant faire référence à Roman Polanski mais sans le nommer, il a asséné que « le talent n’est pas une circonstance atténuante ; le génie pas une garantie d’impunité. » Il a aussi salué la prise de parole d’Adèle Haenel. Pour lui, la parité est une partie de la solution : « En ne représentant qu’une moitié de notre société à l’écran, on donne le sentiment à l’autre moitié de ne pas exister. C’est inacceptable. »

La journée s’est conclue par des engagements du côté des chaînes de télévision et des exploitants et distributeurs.