Anatomie d’une chute de Justine Triet signe un doublé historique aux Golden Globes

"Je ne sais pas comment on en est arrivés là…", a déclaré Justine Triet dans un discours plein d'émotions.

Ce n’est pas vraiment une surprise, mais quel accomplissement pour Anatomie d’une chute. Le film de Justine Triet a remporté dimanche le Golden Globe du meilleur film en langue non-anglaise, où il faisait notamment face à La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer. Un succès presque logique, tant la dernière Palme d’Or du Festival de Cannes était présentée comme le grand favori de la catégorie par la presse hollywoodienne.

La réalisatrice n’a pas manqué de rendre hommage à son casting lors de son discours : Milo Machado Graner, Sandra Hüller, Antoine Reinartz, Swann Arlaud et même Snoop, l'incroyable chien du film :

"C’est un film sur la vérité, l’impossibilité de la saisir, sa construction. Je voulais que ce soit l’obsession d’un enfant. Cet enfant est là ce soir. Merci Milo de nous avoir donné bien plus que tes 13 ans. Sandra, merci de n’avoir jamais essayé de faire de ce personnage une héroïne parfaite, merci d’avoir créé une femme complexe qui ne s’excuse jamais de dire ce qu’elle pense. Antoine, merci d’avoir été le procureur le plus méchant de l’année, Swann l’avocat le plus sexy des Alpes françaises, et Snoop d’avoir été toi-même, juste un chien."

Décrocher le Golden Globe du meilleur scénario était moins évident. La concurrence était rude, avec Oppenheimer, Barbie, Killers of the Flower Moon, Pauvres créatures et Past Lives. Mais ce sont bien Justine Triet et Arthur Harari qui ont été récompensés. Et c'est même historique puisque c'est le premier film français à remporter ce prix.

De bon augure pour les Oscars. Anatomie d’une chute n’ayant pas été retenu pour représenter la France (c’est La Passion de Dodin Bouffant qui a été choisi), il misera probablement tout sur cette catégorie. Pour l'Oscar de la meilleure actrice, les chances de Sandra Hüller seront plus minces face aux grandissimes favorites Emma Stone et Lily Gladstone, sacrées cette nuit aux Golden Globes dans les catégories comédie et drame.

Dans son second discours, Justine Triet n’a pas relancé la polémique, laissant parler sa joie et son étonnement face au parcours de son film de procès qui a su conquérir les jurys, les critiques et le public malgré sa forme austère.

"Merci beaucoup ! Quand j’ai démarré ce projet, pardon pour mon anglais, nous étions dans le chaos de la pandémie. Avec mon partenaire de vie, Arthur Harari, nous avons passé nos journées à écrire le scénario d’Anatomie d’une chute, coincés dans notre appartement, et étrangement personne n’est mort. Je me souviens, on n’arrêtait pas de se dire, ‘ok, on s’amuse beaucoup, mais c’est radical et sombre, personne ne va voir ce film. C’est trop long, ils parlent tout le temps, il n’y a pas de musique, un couple qui se dispute, un chien qui vomit… Mais je veux faire ce film, alors faisons un film radical et après on fera une série pour gagner de l’argent’ Je ne sais pas comment on en est arrivés là, mais merci de m’avoir encouragée à faire exactement ce que j’aime."