Choix n°1 : La Famille Bélier d'Eric Lartigau, avec Louane Emera, Karin Viard, François Damiens...Synopsis : Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.L'avis de Première : "C’est l’histoire d’une jeune fille dont tous les proches sont sourds et qui va s’extraire de son milieu grâce au chant." Pitcher La Famille Bélier revient à vendre une énième comédie française formatée s’appuyant sur un ressort plus ou moins tordu du genre : "Je suis un grand bourgeois et mes quatre filles sont mariées à des types de religions différentes." C’est mal connaître Éric Lartigau, cinéaste formé à l’école de l’absurde (HMais qui a tué Pamela Rose ?) et nourri de screwball comedies (Prête-moi ta main en était l’illustration réussie), dont les obsessions se sont affirmées dans L’Homme qui voulait vivre sa vie, récit d’une réinvention individuelle. Destinée à reprendre la ferme familiale, Paula (Louane Emera, une vraie révélation) va ainsi revoir ses ambitions à la hausse, sous l’impulsion d’un prof de chant caustique, et provoquer un séisme domestique. Il y a du Billy Elliot dans cette histoire d’émancipation sociale et familiale qui laisse une chance à tous les personnages, observés avec une rare justesse pimentée de subtiles touches d’humour. Le cinéma muet s’invite lui aussi dans les scènes entre Karin Viard et François Damiens, qui se sortent avec brio de leurs numéros d’équilibristes. Leur expressivité, liée au handicap de leurs personnages, n’est jamais utilisée comme un artifice mais permet au comique, d’abord, puis à l’émotion, enfin, d’affleurer.Bande-annonce : Choix n°2 : Les Pingouins de Madagascar, de Simon J. Smith et Eric Darnell, avec les voix de Tom McGrath, Benedict Cumberbatch...Synopsis : Les secrets des pingouins les plus follement mystérieux du monde de l’espionnage vont enfin être révélés ! Commandant, Kowalski, Rico et Soldat devront unir leurs forces avec un commando d’élite ultra pointu, le Vent du Nord. Dirigé par Agent Confidentiel (on pourrait vous dire son nom mais bon,… ce ne serait plus confidentiel), ils affronteront le fourbe Dr. Octavius Brine pour l’empêcher de contrôler le monde.Spin-off de la franchise Madagascar.L'avis de Première : La Grande Aventure Lego avait revisité avec beaucoup de brio les standards du film d’animation post-Shrek dopé aux références pop et aux scènes d’action débridées. Ces Pingouins... boxent dans la même catégorie. Le spin-off de Madagascar s’ouvre ainsi sur un hilarant pastiche de documentaire animalier, avec la voix très emphatique de Werner Herzog et son inimitable accent, pour embrayer à un rythme effréné sur un film d’espionnage délirant et virevoltant entre Venise, New York, Rio et Shanghai, à bord d’improbables véhicules, dans les airs comme sous l’eau. La mise en scène virtuose donne à ce voyage des airs de grand huit sous coke, dégainant les gags hilarants en rafale, au risque de la surchauffe. On en ressort un peu étourdi mais avec l’envie de claquer des high five !Bande-annonce :  Choix n°3 : Charlie's Country de Rolf de Heer, avec David Gulpilil...Synopsis : Habitant dans une communauté aborigène éloignée au nord de l’Australie, Charlie est un guerrier qui n’est plus au mieux de sa forme. Au fur et à mesure que le gouvernement renforce son contrôle sur la manière de vivre traditionnelle de la communauté, Charlie se perd entre deux cultures. Sa nouvelle vie moderne lui offre un moyen de survivre, mais c’est une vie sur laquelle il n’a aucun pouvoir. Après la confiscation de son fusil, de sa lance récemment façonnée et de la jeep de son meilleur ami, Charlie en a assez et s’en va tout seul dans la brousse pour suivre l’ancien mode de vie. Cependant, Charlie ne pouvait pas prévoir où son voyage allait l’emmener, ni dans quelle mesure la vie a changé depuis les temps anciens.L'avis de Première : Le "pays de Charlie", l’Australie, appartient désormais à l’homme blanc qui réglemente tout : la consommation d’alcool et de tabac, le port d’armes et le permis de conduire des Aborigènes. Ce constat sans appel, Rolf De Heer en a écrit le scénario avec son acteur fétiche alors que celui-ci purgeait une peine de prison. Il y a donc beaucoup de la réalité de David Gulpilil dans cette fiction aux allures de documentaire. Ni héros ni victime, Charlie est à la fois dépossédé de tout et responsable de ses actes, errant entre deux mondes, l’ancien et le moderne, épuisant le peu d’options qui lui restent. Gulpilil porte toute sa vie sur son visage magnifié par une barbe fournie et d’épais cheveux blancs, toute son énergie dans une silhouette élancée et noueuse. À lui seul, il est le film. De tous les plans (lumière et cadre sont superbes), de toute son âme, il fait de "Charlie’s Country" un poème, un manifeste et un étonnant objet de cinéma.Bande-annonce : Les autres sorties ciné de la semaine sont ici