La bande à Baader est sans doute l’un des plus remarquables thrillers allemands [critique]
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Arte rediffuse un film très efficace, ce soir.

La Fraction Armée Rouge, un groupe de terroristes communistes allemands, organise des attentats, des vols, des enlèvements et des assassinats à la fin des années 60 et au début des années 1970.

Sorti en 2008, le thriller La bande à Baader, du réalisateur Uli Edel (Moi, Christiane F., 13 ans, droguée et prostituée...), sera rediffusé ce soir sur Arte, et il est déjà visible gratuitement en streaming sur le site de la chaîne - mais attention, avec une interdiction aux moins de12 ans. Première vous le conseille. 

Voici notre critique, signée Véronique Le Bris : 

Si l’Italie avait, avec Buongiorno, notte ou Nos Meilleures Années, commencé à régler ses comptes avec le passé, l’Allemagne restait discrète (et la France, carrément muette à ce sujet). Jusqu’à ce que le sulfureux producteur-scénariste Bernd Eichinger décide de s’attaquer de front au problème. Et quand on se souvient qu’on lui doit le script de La Chute, ce film polémique sur les derniers jours d’Hitler, on est forcément curieux.

Est-ce pour se contenir qu’il a choisi d’adapter un livre-référence de Stefan Aust sur le sujet ? Peut-être, mais le résultat est d’une rare maîtrise, et sans doute l’un des plus remarquables thrillers allemands. Car plutôt que de revenir sur les faits et gestes les plus médiatisés de ce groupe de jeunes rebelles, Bernd Eichinger et son réalisateur et coscénariste Uli Edel veulent comprendre. Et expliquer pourquoi et comment cette génération fut la première à réagir – certes violemment – à son héritage nazi, à la répression policière, tout en s’accordant avec les mouvements de contestation internationaux contre la guerre au Vietnam, notamment.

Ils reprennent donc le mal à la source quand, en juin 1967, une manifestation contre la visite du shah d’Iran tourne au cauchemar, et démontrent comment Ulrike Meinhof, une journaliste connue pour ses prises de position, et Andreas Baader, un blouson noir peu bercé d’idéologie, vont finir par se rencontrer. Pour le pire ! Pas de sentiments dans l’escalade vers une violence aveugle menée essentiellement par des femmes, prêtes à tout pour défendre leur cause. Mais le plus remarquable dans ce film d’action reste que les auteurs parviennent parfaitement à équilibrer leur propos, ne prenant à aucun moment parti pour les uns (l’État) ou pour les autres (les terroristes).