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Eli Roth a commencé le tournage de son prochain film, The Green Inferno, qui est un hommage aux films de cannibales transalpins vintage comme Cannibal Holocaust ou Le Dernier monde cannibale. Pour ce faire, le réalisateur d’Hostel et son équipe se sont envolés pour le Brésil, à la recherche d’un coin de jungle amazonienne où ils pourront emmener leur casting se faire dévorer (pour de faux) par de cruels autochtones. Et le résultat a dépassé leurs espérances.« On a trouvé un lieu de tournage vraiment spectaculaire. On s’est tellement enfoncés loin dans la jungle amazonienne que personne d’autre n’a pu tourner ici », raconte Roth à Movieline. Un coin effectivement tellement reculé que la tribu n’aurait jamais entendu parlé du cinéma, des films ou des appareils photo… « On leur a demandé la permission de filmer. Les producteurs nous ont dit qu’on devait déjà commencer par leur expliquer ce que c’est qu’un film. On a donc branché une télé à un générateur. Je pensais que les producteurs allaient leur passer E.T. l’extraterrestre ou Le Magicien d’Oz. Mais non, ils leur ont faire voir Cannibal Holocaust pour voir s’ils allaient encaisser. » Résultat ? « Les villageois ont trouvé que c’était la chose la plus drôle qu’ils aient jamais vu. »Cannibal Holocaust est loin d’être un film marrant. Sorti en 1980, réalisé par Ruggero Deodato, il est sans doute le plus connu des films de cannibales héritiers du film d’aventures originel et du mondo movie (on admet que le fondateur du genre est Cannibalis : Au pays de l’exorcisme d’Umberto Lenzi en 1972). Et il a causé une certaine controverse à l’époque de sa sortie : le film était en effet vendu comme un film authentique monté à partir de rushes découverts dans les restes d’une expédition massacrée par des anthropophages. Il s'avère que la pellicule a imprimé massacres, viols et autres horreurs. Souvent interdit en salles, suscitant admiration ou dégoût pur, le film connut une certaine fortune en VHS. Plus près de nous, il allait lancer la mode du found footage avec les beaucoup plus soft -et très rentables- Projet Blair WitchChronicle et autres Paranormal Activity.Quoiqu’on en dise, Cannibal Holocaust diffuse tout de même le bon vieux cliché de la tribu de primitifs animés de pulsions monstrueuses hors des bienfaits de la civilisation. Des clichés que semblent sous-tendre les propos de Roth, surtout quand il décrit ces grands enfants que semblent être les sauvages à ses yeux : « Aucun d’entre eux n’a jamais possédé de camera, ni de photos d’eux-mêmes, et aucun n’avait la moindre idée sur ce que sont des films ou même la télévision. C’est pour ça qu’ils sont si naturels et relax. Ils sont formidables. Ils ne savent même pas ce que [la caméra] leur fait. J’ai un village entier rempli de gamins à mourir de rire, qui ne font même pas gaffe aux caméras. Elles ne les rendent pas nerveux. » Roth serait-il un affreux colonialiste ? Pas du tout, se défend l’intéressé. « On leur a donné un bateau. Ils n’ont aucun contact avec le monde extérieur, et notre deal avec eux était de leur donner un bateau à moteur. On leur a aussi donné du matériel médical et des fournitures scolaires -ils débordaient de joie. Mais le bateau était la seule chose dont ils avaient besoin. Ils nous ont dit que ça allait changer leurs vies. »Sans commentaire. Et joyeux Halloween !